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Podcast In/Equality 09
La situation économique dans laquelle nous nous trouvons en est une de récession à l’échelle mondiale. Dans tous les pays du monde, sauf peut-être en Chine, le produit intérieur brut (PIB) est appelé à diminuer fortement en 2020 comparativement à 2019. Un rebond est toutefois prévu pour 2021, mais il n’arrivera pas à compenser le déclin qu’a entraîné la pandémie de COVID-19.
Cette chute du PIB s’est accompagnée d’une baisse marquée de l’emploi et d’une hausse tout aussi considérable du taux de chômage, aussi bien au Québec qu’ailleurs au Canada.
Toutefois, malgré une baisse de 12 % au cours du deuxième trimestre de 2020, le PIB canadien a augmenté de 4,5 % en mai et de 5,0 % en juin. De même, le taux d’emploi au Québec en août dernier se situait à 95,7 % de celui observé avant la COVID-19, et la situation est semblable ailleurs au pays.
À une échelle plus fine, les choses se présentent différemment. Chez les travailleurs faiblement rémunérés et les jeunes, les taux d’emploi sont inférieurs de 15,3 % à ceux observés avant la pandémie. Ce sont les femmes, en particulier dans le secteur de l’hébergement et de la restauration, qui ont été le plus lourdement affectées, l’emploi dans ces secteurs ayant diminué de 24,6 %.
La baisse de l’emploi a aussi été très forte chez les jeunes étudiants de 15 à 24 ans. C’est en Ontario qu’elle a été la plus marquée, et c’est parmi les minorités visibles que le taux de chômage demeure le plus élevé. Statistique Canada note qu’en août dernier, les groupes qui éprouvaient encore le plus de difficultés financières étaient constitués de Canadiens d’origine philippine ou latino-américaine.
Notre brève revue statistique des données les plus récentes sur le marché du travail montre que les groupes les plus vulnérables sont les jeunes, les femmes, les personnes à bas salaire, les personnes faiblement scolarisées et les immigrants, et plus particulièrement les travailleurs qui font partie des minorités visibles, ce que confirment les principaux constats faits à l’échelle internationale. Au Canada, ces groupes ont possiblement été soutenus par la Prestation canadienne d’urgence (PCU), la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants (PCUE) et la Subvention salariale d’urgence (SSUC), même si certaines familles ont dû faire face à des difficultés financières.
À l’avenir, et c’est là que cela compte, ce seront très probablement ces mêmes groupes qui ne bénéficieront pas de la relance de l’économie, et on peut prévoir que les inégalités de revenu croîtront fortement au sortir de la COVID-19. Pour quelles raisons ? À cause de la révolution numérique principalement, et aussi à cause de tous les changements qui se produiront dans le monde du travail. La COVID-19 aura eu pour effet d’accélérer l’adoption du télétravail et de nouvelles technologies, la lutte et l’adaptation aux changements climatiques, et la transformation du commerce international.
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On s’attend à ce que l’économie de l’après-COVID-19 soit fort différente de celle d’avant la pandémie. Il semble y avoir un consensus de plus en plus large que d’importants changements se produiront dans la demande de travail et la configuration du marché de l’emploi.
En effet, on s’attend à ce que l’économie de l’après-COVID-19 soit fort différente de celle d’avant la pandémie. Il semble y avoir un consensus de plus en plus large que d’importants changements se produiront dans la demande de travail et la configuration du marché de l’emploi, notamment une progression marquée des emplois axés sur la numérisation, des emplois verts et des emplois qui sont liés à la production de biens autrefois importés. Cependant, une forte proportion de la main-d’œuvre ne disposera pas nécessairement des qualifications ou des compétences requises ou n’habitera pas la région où se créeront ces postes.
À notre avis, une des pistes de solution à ces problèmes consiste à donner aux immigrants et aux minorités visibles l’information, l’éducation et la formation qui est offerte à tous les autres groupes de travailleurs, indépendamment du genre. Bien entendu, investir dans le capital humain ne réglera pas tous les problèmes. Il faudra continuer de lutter contre la discrimination et de corriger les autres failles qui existent sur le marché du travail. Cependant, dans le contexte actuel, nous ne connaissons pas d’autres politiques gouvernementales qui pourraient se révéler aussi efficaces et convenir davantage à la situation de l’après-COVID.
Pour que ces politiques soient efficaces, de nombreuses conditions doivent être remplies :
Les données nous indiquent que les travailleurs les plus vulnérables avant la crise ― notamment les jeunes, les travailleurs peu qualifiés, les immigrants, les membres des minorités visibles et les femmes qui ont de jeunes enfants ― sont également ceux qui sont les plus fortement touchés par les contrecoups économiques de la COVID-19. Si nous voulons réduire les inégalités ou, à tout le moins, éviter qu’elles augmentent, nous devons offrir une aide qui répond aux besoins spécifiques de ces travailleurs. Selon nous, investir dans le capital humain représente une solution judicieuse et stratégique pour relever ce défi.
Cet article fait partie du dossier Combattre les inégalités pendant la reprise post-pandémie.