Que se passera-t-il le 2 novembre? Si on en croit les experts de la prévision des résultats électoraux, George W. Bush a de bonnes chances de remporter une victoire plus convaincante que celle qui l’a mené aÌ€ la Maison Blanche il y a quatre ans. Ce résultat en surprendra sans doute plusieurs dans le reste du monde, ouÌ€ d’aucuns souhaiteraient bien avoir un mot aÌ€ dire dans la sélection du leader du pays le plus puissant de la plané€te.

En septembre, un sondage mené dans 35 pays pour le compte du Financial Times de Londres accordait aÌ€ John Kerry une majorité écrasante de la faveur populaire. En France, par exemple, seuls 5 p. 100 des électeurs appuieraient George Bush. Au Canada, un sondage Ipsos- Reid mené en juillet donnait pré€s de quarante points d’avance aÌ€ Kerry sur son adversaire. En fait, au Canada comme ailleurs, l’opposition au président républicain sor- tant est si forte que plusieurs ont du mal aÌ€ comprendre pourquoi l’élection de 2004 est si aÌ‚prement disputée. Notre article vise donc, dans un premier temps, aÌ€ présenter et expliquer les principaux modé€les de prédiction qui donnent George Bush gagnant et, dans un deuxié€me temps, aÌ€ fournir quelques éléments d’explication de ce niveau d’appui.

Les politologues sont en général assez loquaces pour commenter les événe- ments apré€s coup mais ils le sont moins lorsqu’il s’agit de faire des prédictions précises concernant l’avenir. Malgré tout, depuis une vingtaine d’années, un groupe de prévisionnistes se réunit tous les quatre ans, juste avant la fé‚te du Travail, au congré€s de l’American Political Science Association, pour ren- dre publiques leurs prévisions en vue des présidentielles de novembre. AÌ€ Chicago, cette année, la modestie était de mise, car presque toutes les prévisions présen- tées en 2000 avaient annoncé une vic- toire du candidat démocrate Al Gore.

Qu’en est-il cette fois-ci? Comme en fait foi le tableau ci-dessous, tous les modé€les présentés donnent aÌ€ George Bush une majorité du vote populaire sauf un, qui prédit une égalité virtuelle entre les deux candidats. Comment ces modé€les sont-ils construits? Peut-on se fier aux résultats qu’ils annoncent? La partie est-elle d’ores et déjaÌ€ jouée?

Pour ceux qui sont peu familiers avec l’analyse quantitative des phénomé€nes politiques, la prévision électorale peut apparaiÌ‚tre comme une forme élaborée de boule de cristal. On ne s’y fiera donc pas plus qu’on ne se fiera aÌ€ l’opinion d’un observateur chevronné qui, en se fiant aÌ€ son expérience et aÌ€ son intuition, émettra une prédiction apré€s avoir brandi son doigt mouillé en l’air. Tout observateur politique attentif peut faire des prédictions sur les élections. On consulte les sondages ; on évalue la per- formance économique du gouverne- ment ; on observe les signes plus subjectifs qui donnent le ton aÌ€ une cam- pagne ; on compare avec des épisodes passés ; finalement, on se prononce sur l’éventuel gagnant. En général, ceci n’a rien de scientifique. Les prévision- nistes, par contre, éla- borent des modé€les de prédiction en fonction de mesures numériques précises et de théories solidement appuyées par une multitude d’analyses empiriques.

Les sondages en cours de campagne constituent aussi une forme de prédic- tion. Ainsi, dans les semaines qui ont suivi la convention républicaine, plusieurs sondages ont indiqué que George Bush semblait voguer vers la vic- toire. Mais lequel choisir? Les sondages aident aÌ€ prédire les résultats mais ils révé€lent aussi la mobilité de l’opinion. Peu de sondeurs s’aventurent donc aÌ€ publier des prédictions définitives deux mois avant l’élection. En fait, les son- deurs expliquent souvent les écarts entre les résultats qu’ils obtiennent quelques jours avant un scrutin et le vote lui- mé‚me par des variations significatives de l’humeur des électeurs dans les jours ”” et parfois les heures ”” qui précé€dent le vote. Comment s’y prennent donc les prévisionnistes pour avancer un chiffre précis deux mois ou plus aÌ€ l’avance?

Généralement, s’il n’y a pas de crise majeure, si l’économie va bien et si le président a la confiance des électeurs en début de campagne, on s’attend que le parti sortant sera reporté au pouvoir. Ceci n’est pas unique aux États-Unis et des études dans plusieurs pays ont démontré le lien sans équivoque entre la performance économique et l’appui au président ou au gouvernement. Dans cette optique, ce sont les tendances lourdes, présentes plusieurs mois avant l’élection, qui en déterminent l’issue. Les campagnes électorales serviraient surtout aÌ€ permettre aÌ€ l’électorat de con- verger vers un résultat que des signes avant-coureurs laissent entrevoir plusieurs mois d’avance. Toutefois, les signes avant-coureurs sont rarement aussi nets qu’ils l’étaient, par exemple, lors de la réélection de Ronald Reagan en 1984.

La méthode de prévision est clas- sique. La variable cible est la propor- tion du vote pour le candidat du parti sortant par rapport au vote des deux grands partis. L’échantillon retenu est l’ensemble des élections présidentielles pour lesquelles des mesures sont disponibles sur tous les facteurs retenus dans l’analyse (par exemple, dans le cas de Lewis-Beck et Tien, les 14 élections de 1948 aÌ€ 2000). On iden- tifie les variables pertinentes obser- vables quelques mois avant chaque élection. L’analyse consiste aÌ€ estimer les coefficients qui, une fois combinés aux variables observées, permettront la prédiction la plus proche des résultats connus. Il s’agit ensuite de multiplier chaque mesure effectuée durant l’an- née courante par son coefficient pour obtenir un estimé du résultat électoral.

La clé réside dans le choix des bonnes variables. Les facteurs les plus prisés par les prévisionnistes sont des mesures de performance économique, les sondages sur la popularité du prési- dent publiés durant l’été, l’avantage conféré au candidat sortant, et un fac- teur d’usure qui rend improbable une succession de plus de deux mandats pour un mé‚me parti.

En moyenne, les prévisionnistes accordent un peu plus de 54 p. 100 des voix aÌ€ George Bush, un chiffre qui peut surprendre si on considé€re l’oppo- sition viscérale qu’il inspire aÌ€ une large partie de l’électorat et la pié€tre perfor- mance de l’économie américaine depuis le tout début de son administration.

Toutefois, mé‚me si le taux d’appro- bation de George Bush est aÌ€ la baisse depuis les sommets atteints au lende- main du 11 septembre 2001, une majorité d’Américains lui font encore confiance pour l’enjeu central qu’est la lutte au terrorisme. L’image de Bush est également celle d’un homme fiable et constant, dont on sait en tout temps aÌ€ quoi s’attendre. Mé‚me si plusieurs de ses supporters réprouvent certaines de ses prises de position sur des enjeux sociaux et ne partagent pas nécessairement son optimisme sur les orientations économiques de son administration, les Américains semblent beaucoup plus prompts aÌ€ lui accorder le bénéfice du doute qu’ils ne le sont envers John Kerry.

Sur le plan économique, la plupart des études s’entendent pour dire que les électeurs ont la mémoire courte ”” et c’est particulié€rement le cas des indécis, qui sont généralement moins bien informés que la plupart des autres électeurs. Par conséquent, la croissance modérée que connaissent les États- Unis en 2004 apré€s trois années de vaches maigres devrait, selon les mo- dé€les, suffire aÌ€ satisfaire suffisamment d’électeurs pour faire la différence. Aux yeux des électeurs, il semble importer peu que cette croissance ait été acquise au prix d’un déficit vertigineux, ou qu’un président réputé conservateur ait duÌ‚ augmenter de façon consi- dérable les dépenses publiques (y com- pris, bien suÌ‚r, les dépenses militaires) pour parvenir aÌ€ insuffler un peu de vie aÌ€ une économie moribonde.

Il est intéressant de noter que le seul modé€le de prédiction qui vient tempérer le vent d’optimisme des républicains est celui qui tient compte de la croissance de l’emploi, certes le talon d’Achille de la performance de l’équipe Bush. John Kerry en est parfaitement conscient et c’est un thé€me majeur de ses efforts récents pour reconquérir la position de té‚te. Toutefois, ceux qui ont perdu leur emploi ”” tout nombreux qu’ils soient ”” demeurent une minorité, alors que les réductions d’impoÌ‚ts ont bénéficié aÌ€ un bien plus grand nombre. Dans un con- texte d’optimisme sur les chances de reprise de l’économie américaine, les critiques du candidat Kerry sur la performance économique de Bush sont loin d’avoir l’efficacité souhaitée.

Les modé€les des prévision- nistes nous permettent de projeter l’issue du vote en pas- sant outre aux variations de court terme qui sont typiques de toute campagne électorale, mais ils ne fournissent pas d’explication sa- tisfaisante. Or, la question que se posent plusieurs Canadiens est de cet ordre : pourquoi George Bush s’en tire-t-il si bien? Quelles sont les raisons plus profondes derrié€re sa performance? AÌ€ cette question, on peut répondre en identifiant d’abord quelques ten- dances lourdes, ou de long terme, puis en mettant l’accent sur des facteurs de plus court terme propres au contexte actuel. Mé‚me si les candidats républicains ont obtenu la faveur populaire plus souvent qu’aÌ€ leur tour depuis un demi- sié€cle, les Américains s’identifient davantage au Parti démocrate depuis l’époque du New Deal. L’écart, jadis important, est plutoÌ‚t marginal aujour- d’hui : environ 33 p. 100 des électeurs s’identifient aux démocrates ; un peu moins de 30 p. 100 aux républicains ; les autres se disent « indépendants ». Cette orientation démocrate est com- pensée par une inclination conserva- trice. Environ deux Américains sur cinq se disent conservateurs, un nom- bre comparable se dit « modéré ». Moins d’un cinquié€me de l’électorat s’affiche « libéral ».

Ces deux dimensions se renforcent mutuellement. Une écrasante propor- tion des républicains conservateurs et des démocrates libéraux se rangent der- rié€re le candidat de leur parti. L’appui aÌ€ Bush domine chez les républicains mo- dérés et les indépendants conservateurs et Kerry peut compter sur une solide majorité des démocrates modérés et des indépendants libéraux. Le champ de bataille électoral, plutoÌ‚t circonscrit, est donc surtout formé d’électeurs indépen- dants et modérés, qui sont les plus sus- ceptibles d’é‚tre influencés par la personnalité des candidats et le déroule- ment de la campagne.

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L’électorat américain est de plus en plus polarisé. Avant les réformes raciales des années 1960, le Parti démocrate devait composer avec une puissante aile conservatrice, concentrée dans le Sud et hostile aÌ€ l’émancipation des noirs, tan- dis que les républicains comptaient de leur coÌ‚té un courant libéral significatif surtout concentré dans le Nord-Est. Depuis, les blancs du Sud ont enterré leur hostilité envers le parti de Lincoln et la région est devenue un bastion républicain. Le ralliement des conserva- teurs sudistes au Parti républicain et le mouvement inverse des libéraux vers le Parti démocrate ont cimenté le lien entre les orientations idéologiques et partisanes des Américains.

Le patriotisme et la religion ali- mentent la polarisation. Le sentiment patriotique, assez homogé€ne jusqu’aux années 1980, est main- tenant beaucoup plus marqué chez les républicains. Pour ces patriotes « fondamentalistes », le prosélytisme de la politique étrangé€re néo-conser- vatrice de George Bush a l’heur de plaire alors que l’attitude plus prudente des démocrates en politique étrangé€re est perçue comme molle ou, aÌ€ l’extré‚me, comme antipatriotique.

La montée de la ferveur religieuse contribue aÌ€ polariser l’électorat. Les protestants fon- damentalistes forment le noyau dur du camp républicain et les catholiques pratiquants, autre- fois fidé€les au Parti démocrate, manifestent une sympathie croissante pour le parti de George Bush. Sur ce plan, le fait que John Kerry représente le Massachusetts, bastion des valeurs sociales libérales, cons- titue pour lui un handicap dans l’Amérique « profonde » ouÌ€ les valeurs conservatrices incarnées par Bush sont plus la norme que l’exception.

La polarisation a eu pour effet de réduire le nombre d’électeurs susceptibles d’é‚tre influ- encés par la campagne électorale ”” le «swingvote»””aÌ€moinsde20p.100, contre un peu plus de 30 p. 100 lors des scrutins précédents. Rien ne laisse croire que ces électeurs ne soient acquis aÌ€ l’un ou aÌ€ l’autre des candidats. La chasse aux indécis requiert du doigté. Moins intéressés aÌ€ la politique, ceux-ci sont difficiles aÌ€ rejoindre et sont souvent tiraillés entre des inclinations opposées. La personnalité des candidats et leur aptitude aÌ€ s’occuper des enjeux de l’heure pourraient faire la différence pour ces « late-deciders ». Or, les sondages montrent que la balance ne penche ni pour l’un ni pour l’autre des candidats. Si George Bush est perçu comme plus fiable et constant, on attribue aÌ€ John Kerry plus de compas- sion. Aucun ne dispose d’un avantage décisif au chapitre de l’honné‚teté ou de la compétence. Trois enjeux dominent les préoccupations : l’économie, ouÌ€ John Kerry est perçu comme plus com- pétent ; la lutte au terrorisme, ouÌ€ George Bush a la cote; et la guerre en Iraq, ouÌ€ ni l’un ni l’autre ne s’impose clairement comme l’homme de la situation.

Il est clair que les républicains continueront d’alimenter le doute sur la fermeté de Kerry face au terrorisme et braqueront leurs projecteurs sur les indicateurs économiques qui prennent du mieux. La reprise actuelle est timide et entraiÌ‚ne peu de gains d’emplois, mais le ralentissement économique a été plus couÌ‚teux pour les démunis ”” acquis aux démocrates ”” que pour les électeurs que convoite George Bush.

La marge de manœuvre est mince. John Kerry doit prouver qu’il est capa- ble de faire preuve de fermeté et de con- stance en politique étrangé€re et montrer qu’il mé€nerait aÌ€ bien l’inter- vention en Iraq (qu’il a appuyée) sans perdre l’appui de ceux qui s’y opposent. Sur le tableau de l’économie, il doit attirer l’attention sur les faiblesses de l’administration Bush tout en convain- quant les électeurs que son programme permettra une reprise sans douleur.

La donne est donc assez claire. Si l’actuel président parvient aÌ€ mettre le terrorisme et les enjeux internationaux aÌ€ l’avant-plan, aÌ€ éviter l’escalade en Iraq et aÌ€ opposer la faiblesse perçue de son adversaire aÌ€ sa propre fermeté (comme son pé€re l’avait fait en 1988 face aÌ€ Michael Dukakis), ses chances de l’emporter sont bonnes. Si, au con- traire, le débat porte sur les questions intérieures et que la situation en Iraq s’envenime soudainement, John Kerry pourrait bien arracher la victoire.

L’une des sources majeures de dif- ficulté pour l’aspirant démocrate tient aÌ€ son statut de challenger face aÌ€ un président en exercice, car il est plus facile de semer le doute aÌ€ propos d’un candidat peu connu. La campagne qui a été menée pour ternir le passé mili- taire de John Kerry l’a déstabilisé aÌ€ un stade crucial de la campagne, alors qu’il aurait duÌ‚ bénéficier de l’effet de « rebond » qui suit habituellement les conventions partisanes. AÌ€ l’opposé, George Bush semble immunisé contre les attaques personnelles. Le virulent documentaire de Michael Moore, Farenheit 9/11, qui a attiré des millions de spectateurs, paraiÌ‚t avoir amené bien peu d’électeurs aÌ€ retirer leur appui au président sortant. Quant aÌ€ la contro- verse sur le passé militaire peu glorieux de l’actuel commandant en chef des armées américaines, elle a plus souvent qu’autrement semblé lui passer par- dessus comme de l’eau sur le dos d’un canard.

L’analyse des différents facteurs qui expliquent le maintien d’un fort niveau d’appui aÌ€ George Bush vient con- firmer que les prévisionnistes ne visent pas tout aÌ€ fait au hasard en lui accordant 54 p. 100 du vote des deux grands partis.

Ceci signifie-t-il que le sort en est jeté? Si on peut en prédire l’issue des mois aÌ€ l’avance, ceci veut-il dire que les cam- pagnes électorales sont inutiles? Certes non. Si l’histoire démontre une chose, c’est que les deux grands partis ont tou- jours fait et feront toujours le maximum d’effort pour l’emporter. Les deux candi- dats et leur équipe lutteront avec l’énergie du désespoir jusqu’au 2 novembre. Pour les prévisionnistes, toutefois, ces efforts ont tendance aÌ€ s’annuler et, toutes choses étant égales par ailleurs, la performance objective récente de l’économie et les per- ceptions durables sur la qualité des candi- dats en lice finiront par é‚tre révélées par les mois d’intense campagne.

Cela étant dit, l’avance projetée du président Bush n’est pas énorme et elle est loin d’é‚tre blindée. Malgré le soin que les républicains mettront aÌ€ pro- téger cette avance, nul n’est aÌ€ l’abri de la proverbiale pelure de banane ou de l’événement incontroÌ‚lable qui pourrait renverser la vapeur. Il n’est pas dit non plus que le collé€ge électoral, qui avait joué des tours aux démocrates en 2000, ne se retournera pas cette fois contre le parti au pouvoir. Finalement, mé‚me si l’économie devrait é‚tre une carte maiÌ‚tresse pour Kerry, Bush pour- ra miser sur un début de reprise pour esquiver les attaques. Mais les marchés sont imprévisibles et la perspective d’une hausse prochaine des taux d’in- téré‚t et la possibilité d’une succession de nouvelles décevantes pourraient relancer les chances des démocrates

En bref, les résultats des prévision- nistes suggé€rent que John Kerry a un adversaire coriace en la personne de George Bush, quoi qu’en pensent les Canadiens ou les Européens. Il est manifeste que certaines tendances lourdes favorisent le président sortant, qui a donc de bonnes chances de l’em- porter si sa campagne est au moins aussi bonne que celle de son adver- saire, malgré le virage radical qu’il cherche aÌ€ imposer aÌ€ son pays tant en politique intérieure qu’en politique étrangé€re. L’élection de 2000 montre qu’il est encore possible pour Kerry de faire mentir les prédictions mais, pour cela, il devra dominer clairement durant le dernier droit de la campagne.

Rien n’est donc entié€rement joué. Quel que soit le vainqueur, cependant, il semble possible de faire au moins deux prédictions, compte tenu de la polarisation de l’électorat américain et de l’équilibre des forces en présence. La premié€re est que l’issue de la cam- pagne reflétera bien le caracté€re pro- fondément divisé de la communauté politique américaine. La seconde est que ces divisions prendront du temps aÌ€ se résorber et que la réconciliation des courants opposés de l’opinion améri- caine apparaiÌ‚t plus difficile aÌ€ réaliser ”” voire mé‚me aÌ€ concevoir ”” que jamais.

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