Canadiens et Américains sont d’accord : le libre-échange a profité à nos deux pays, dont la situation serait moins avantageuse s’il n’existait pas. Les deux tiers d’entre eux estiment de surcroît qu’il contribue à la compétitivité mondiale des deux pays, les trois quarts affirmant qu’il joue un rôle important dans la prospérité de toute l’Amérique du Nord.

Telles sont les grandes conclusions d’un sondage mené par SES Research pour la revue Options politiques, qui publiera le 3 octobre un numéro spécial consacré au 20e anniversaire de l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Un numéro proposant des articles de spécialistes canadiens et américains en politique commerciale, de même qu’une étude d’impact économique sur 20 ans de la Banque Royale du Canada.

Ce sondage en ligne a été réalisé les 17 et 18 septembre auprès d’échantillons aléatoires de 1 083 Canadiens et de 1 087 Américains, chaque volet étant considéré comme exact selon une marge d’erreur de trois points de pourcentage, 19 fois sur 20.

Canadiens et Américains ont confiance en l’avenir, nous disent d’abord les résultats de cette enquête. Et malgré les tensions suscitées par la sécurité de leur frontière commune depuis le 11 septembre 2001, une forte majorité d’Américains et près des deux tiers des Canadiens souhaitent accroître la libre circulation des personnes entre leurs deux pays. Trois Américains sur quatre et deux Canadiens sur trois se disent par ailleurs favorables au resserrement des liens économiques entre le Canada et les États-Unis.

Très majoritairement — soit chez deux tiers des Canadiens et près des trois quarts des Américains —, on appuierait aussi une intégration plus poussée des systèmes ferroviaires, routiers et aériens. Perçu comme une réussite, l’ALE inspire partout une forte confiance, c’est-à-dire dans toutes les régions de chaque pays, dans tous les groupes d’âge et à tous les niveaux de scolarité.

Ce qui frappe surtout dans ces résultats, c’est que le soutien accordé à plusieurs aspects du libre-échange est dix fois supérieur au désaccord exprimé sur certains de ses éléments.

Aussi controversé et décrié qu’il ait été il y a 20 ans, l’ALE a donc clairement profité aux deux économies, estiment les répondants, tout en raffermissant leur confiance face aux perspectives d’une intégration économique plus approfondie.

Depuis plusieurs années que SES Research scrute l’opinion publique des deux pays dans le cadre d’une enquête annuelle menée conjointement avec la State University of New York à Buffalo, rarement les Canadiens et les Américains ont exprimé des avis aussi concordants sur un enjeu de politique publique.

Qu’on en juge : 57 p. 100 des Canadiens et 55,6 p. 100 des Américains croient que la situation de leur pays serait moins avantageuse sans le libre-échange, tandis que 25 p. 100 des premiers et seulement 19,1 p. 100 des seconds affirment qu’elle serait meilleure.

Canadiens et Américains s’entendent aussi sur l’importance du libre-échange pour la compétitivité mondiale de leurs deux pays : sur une échelle de 1 à 10 (1 signifiant aucune importance et 10, une extrême importance), 69 p. 100 des premiers et 71 p. 100 des seconds lui attribuent un classement de 7 ou plus. Seulement 2,4 p. 100 des Américains et 3,2 p. 100 des Canadiens le jugent sans importance.

Sur une même échelle de 1 à 10 (sans importance à extrêmement important), 73 p. 100 des Canadiens et 77 p. 100 des Américains attribuent au libre-échange un classement de 7 ou plus pour sa capacité d’assurer la prospérité future de l’Amérique du Nord. Seulement 2,7 p. 100 des Américains et 1,6 p. 100 des Canadiens le jugent sans importance à cet égard.

Surtout, le degré d’importance est étonnamment élevé. En moyenne, Canadiens et Américains étaient tous deux dix fois plus susceptibles de juger le libre-échange extrêmement important en termes de compétitivité internationale et de prospérité économique, par rapport à ceux qui le jugeaient sans aucune importance dans ces deux domaines.

Par ailleurs, 64 p. 100 des Canadiens se disent d’accord (36,6 p. 100) ou plutôt d’accord (27,1 p. 100) pour améliorer la libre circulation des personnes entre leurs deux pays. Et malgré les questions de sécurité soulevées par les attentats du 11 septembre, 58 p. 100 des Américains se disent d’accord (28,1 p. 100) ou plutôt d’accord (29,8 p. 100) pour améliorer la libre circulation des personnes.

Quand on a interrogé les Canadiens sur l’approfondissement de l’intégration économique, 67 p.100 d’entre eux se sont dits d’accord (35,2 p. 100) ou plutôt d’accord (31,6 p. 100) avec le renforcement des liens entre leurs deux pays. Seulement 12 p. 100 se sont dits en désaccord ou plutôt en désaccord.

Pour ce qui est enfin des transports, une grande majorité de Canadiens (72 p. 100) et d’Américains (67 p. 100) se sont dits favorables à une meilleure intégration des infrastructures de transport ferroviaire, routier et aérien reliant les deux pays. Seulement 8 p. 100 des premiers et 7 p. 100 des seconds s’y opposaient.

L’ensemble de ces résultats laisse peu de place au doute. Même si certains Canadiens s’inquiétaient à l’époque des répercussions de l’ALE, la décision qui l’a fait naître et les avantages que nous en avons tirés suscitent 20 ans plus tard un vaste consensus. Par une majorité convaincante, Canadiens et Américains se félicitent conjointement de la réussite du libre-échange, estiment que leur situation serait moins avantageuse sans lui, considèrent qu’il joue un rôle important dans la compétitivité mondiale de leur pays et soutiennent l’approfondissement de l’intégration économique entre le Canada et les États-Unis.

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