Revoici notre numéro annuel consacré au budget fédéral, qui a semblé, en cette année, livrer le double message d’un exercice à visées transformatrices mais d’ambition « modeste », selon le mot du ministre des Finances Jim Flaherty, qui en résume ainsi la portée dans son entretien annuel avec Options politiques : « Je crois que le budget est l’un et l’autre, au sens où il est globalement transformationnel. »
Par rapport aux attentes, la réduction de 6,9 p. 100 des dépenses de fonctionnement a effectivement été modeste, totalisant 5,2 milliards de dollars sur cinq ans et seulement 1,9 p. 100 de toutes les dépenses publiques. La plupart des 19 000 emplois supprimés dans la fonction publique le seront ainsi par attrition. Pour ce qui est des décisions majeures, comme la hausse de l’âge d’admissibilité à la Sécurité de la vieillesse, passant de 65 à 67 ans, Stephen Harper les avaient évoquées en janvier dans son discours de Davos, et le marché politique les avait déjà prises en compte.
Kevin Lynch en connaît un rayon en matière de budgets. Aujourd’hui vice-président du conseil à BMO Groupe financier, cet ancien greffier du Conseil privé et sous-ministre des Finances estime que, dans l’actuelle conjoncture mondiale, toute « planification financière doit reposer sur une vision à long terme », et être axée, entre autres, sur les défis du vieillissement démographique, de la compétitivité internationale, de la révolution de l’information et des répercussions de la crise de 2008.
Bruce Carson a aussi assisté à l’élaboration de budgets du temps où il était conseiller principal du premier ministre Stephen Harper. Il examine les pressions financières et politiques auxquelles est soumis tout ministre des Finances, en s’appuyant sur trois exemples : le budget de 2006 consécutif à l’élection d’un gouvernement conservateur minoritaire, celui de 2009 déposé dans la foulée de la crise financière mondiale, et l’actuel budget, qui contient à la fois des compressions et un pronostic de surplus pour 2015.
Pour Jack Mintz, l’un des meilleurs économistes du pays, le relèvement de 65 à 67 ans de l’âge d’admissibilité à la Sécurité de la vieillesse est une « réforme marquante » qui pourrait entraîner un vaste réexamen des prestations versées dans notre société vieillissante.
Quant au président du Conseil du Trésor Tony Clement, qui a dirigé l’examen des dépenses gouvernementales, il affirme que le « gouvernement a scruté chaque programme et chaque service pour en assurer la rentabilité et l’efficacité ».
Nobina Robinson, qui faisait partie du groupe d’experts chargé de l’examen du soutien fédéral à la recherche développement, présidé par Tom Jenkins d’Open Text, analyse les mesures visant l’application des recommandations contenues dans le rapport du groupe, en octobre 2011. Le gouvernement a réagi rapidement et s’attaque au problème chronique du sous-investissement du secteur privé dans la R-D.
Ancien directeur des communications du premier ministre Paul Martin, Scott Reid décortique la stratégie de communications ayant entouré le budget, caractérisée par « une étrange combinaison de messages contradictoires, entre austérité et croissance, qui ont été confirmés plutôt qu’unifiés lors du dévoilement du budget ».
À propos de stimulants financiers, Al Chatterjee, ancien directeur économique chez Bell Canada, convient avec le ministre Flaherty que l’économie canadienne n’a pas besoin d’autres mesures de relance, car celles-ci doivent uniquement servir « aux fins de stabilisation macroéconomique à court terme ».
Thomas Courchene et Tyler Meredith, respectivement chercheur principal invité et directeur de recherche à l’IRPP, examinent l’incidence du budget sur les provinces, premières concernées par les questions fédérales-provinciales, pour ce qui est surtout des transferts en santé et de la péréquation.
Sur la scène politique, nous proposons deux analyses, une de l’intérieur et une de l’extérieur, du congrès à la direction du Nouveau Parti démocratique. Ancien directeur national du parti qui appuyait Brian Topp, Robin Sears examine les défis qui attendent Thomas Mulcair à la succession de Jack Layton. Puis, le militant libéral Andrew Balfour témoigne de ce qu’il a observé dans la salle du congrès à Toronto.
Par ailleurs, Margaret Clarke et ses collègues Herb Emery, Ron Kneebone et David Nicholas de l’Université de Calgary proposent d’accorder un revenu annuel de base aux personnes souffrant de troubles neurologiques du développement, par exemple les autistes.
Sous notre rubrique occasionnelle Le Nord, l’ancien responsable des Finances du Nunavut, Anthony Speca, examine comment les Territoires du Nord pourraient conclure avec Ottawa une meilleure entente de partage des ressources, s’inspirant éventuellement de l’accord entre le Groenland et le Danemark.
Et de l’Université Laval, Jocelyn Maclure se demande si le mouvement censément progressiste des étudiants contre la hausse des droits de scolarité ne fait pas fausse route. Il propose une réflexion nuancée sur l’accessibilité aux études, l’éducation universitaire et le financement des universités.
Enfin, Victor Rabinovitch, ancien haut fonctionnaire à Ottawa, rend hommage à Pierre Juneau, figure majeure de la radiotélévision et de la culture canadiennes, récemment disparu à l’âge de 89 ans. Entre autres prestigieuses fonctions, il a été le premier président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes, et le président de la Société Radio-Canada. C’est bien sûr en son honneur que l’industrie du disque remet ses prix Juno.