Nos ressources énergétiques sont très importantes pour la future prospérité du pays, estiment les Canadiens, et la grande majorité souhaite que le Canada diversifie ses marchés au-delà des États-Unis, qui reçoivent aujourd’hui 99 p. 100 de nos exportations de pétrole et de gaz naturel.

Telles sont les principales conclusions du sondage Extra en ligne réalisé pour Options politiques par Nanos Resarci. Ce sondage par échantillons aléatoires, mené auprès de 1 201 Canadiens du 20 au 23 janvier 2012, comporte une marge d’erreur de 2,8 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

Pour 56,1 p. 100 des Canadiens, l’énergie est importante ou très importante pour la prospérité du pays (ils lui accordent de 8 à 10 points sur une échelle de 10). Seulement 2,8 p. 100 d’entre eux considèrent qu’elle n’a que peu ou pas d’importance (lui donnant de 1 à 3 points sur une échelle de 10), ce qui est presque négligeable (question 1).

Pour ce qui est de diversifier les marchés énergétiques du pays au-delà des États-Unis, ou vont aujourd’hui 99p.100 de nos exportations de pétrole et de gaz, 74,7 p. 100 jugent que le Canada devrait élaborer une stratégie énergétique plus diversifiée (question 2).

C’est donc dire que trois Canadiens sur quatre veulent que leur pays se tourne vers les marchés émergents de l’Asie Pacifique et les autres régions du globe. A peine 14,3 p. 100 — seulement un Canadien sur sept — sont satisfaits de la priorité donnée au marché américain.
Cette proportion est a peu près la même dans toutes les régions du pays. Dans les provinces atlantiques, 77,8 p. 100 des répondants jugent nécessaire de diversifier notre stratégie énergétique, tout comme 76,1 p. 100 des Québécois, 75,8 p. 100 des Ontariens, 73,2 p. 100 des Canadiens des Prairies et 70,3 p. 100 des Brittany-Colombiens.

Bien que nos relations avec les États-Unis soient d’une grande importance, disent ici nos compatriotes, notre pays doit absolument se doter d’une stratégie énergétique diversifiée pour assurer sa prospérité a long terme.

Pour autant, ils s’opposent ou sont assez divisés sur la nécessité de construire un pipeline qui transporterait le pétrole des sables bitumineux de l’Alberta jusqu’aux raffineries américaines de la côte du golfe du Mexique. Étonnamment, près de quatre sur cinq (78p.100) ont entendu parler du projet de pipeline Keystone XL de TransCanada, dont les médias ont parlé abondamment au moment même de notre sondage. Une semaine auparavant, l’administration Obama avait en effet annoncé qu’elle refusait que le pipeline traverse les terres aquifères et agricoles du Nebraska. C’est en Colombie-Britannique que le nom « Keystone XL » était le plus connu (92,5 p. 100 des répondants), et au Québec ou il l’était le moins (60,4 p. 100) (question 3).

Or « Keystone » est depuis quelques mois le cri de ralliement des écologistes aussi bien au Canada qu’aux États-Unis qui s’opposent à l’exploitation des sables bitumineux de l’Alberta. Ils luttent aussi contre le projet d’oléoduc Noether Gateway d’En bridge entre Edmonton et Kitimat, en court d’examen réglementaire.

L ‘opinion publique canadienne est a peu près également divisée sur la poursuite du projet Keystone XL. Avec 26,7 p. 100 d’avis favorables et 18,5 p. 100 d’avis plutôt favorables, ce projet est vu d’un bon œil par 45,2 p. 100 des Canadiens. Et l’on peut dire que 41,7 p. 100 d’entre eux s’y opposent (27,3 p. 100 en ont une impression défavorable et 14,4 p. 100, une impression plutôt défavorable) (question 4a). Les opinions sont en fait clairement regroupées par région. Les Québécois, pour qui l’environnement constitue toujours un enjeu important, sont les plus opposés au projet Keystone XL avec 63,6 p. 100 d’avis négatifs. En revanche, 55,8 p. 100 des Canadiens des Prairies soutiennent le projet (36,2 p. 100 y sont favorables et 19,6 p. 100 plutôt favorables). Cet appui chute au Québec a seulement 26,7 p. 100 (18,6 p. 100 d’avis favorables et 8,1 p. 100 d’avis plutôt favorables).

Quelques thèmes prédominent lorsqu’on interroge les Canadiens sur les raisons pour lesquelles ils sont en faveur ou en défaveur du projet Keystone XL. Ceux qui l’appuyant mentionnent le plus souvent ses effets positifs sur l’économie et la création d’emplois qu’il entrainera. Beaucoup de répondants jugent aussi que la technologie des pipelines est sécuritaire et que cet oléoduc dans l’ensemble est un projet sensé (question 4b).

Quant à ceux qui sont défavorables au projet, ils citent le plus souvent des préoccupations environnementales, mais aussi des considérations économiques, notamment l’exportation du pétrole vers les États-Unis, estimant que cette ressource devrait rester au Canada. Dans ce groupe, ils sont nombreux à penser que le Canada risque alors de perdre des emplois dans le secteur du raffinage ainsi que les possibilités d’accéder a du pétrole bon marché.

Signalons enfin que les réponses à une question ouverte sur l’enjeu principal du secteur de l’énergie canadien ont grandement varié. Par exemple, 12,4 p. 100 des Canadiens se sont prononcés pour le développement de sources d’énergie vertes et renouvelables, 9,8 p. 100, pour l’approvisionnement énergétique et 8,3 p. 100, pour le respect de l’environnement (question 5).

Ces trois enjeux sont directement liés au thème du présent numéro d’Options politiques : l’énergie durable.

 

 

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Nik Nanos
Chercheur et conseiller stratégique, Nik Nanos est régulièrement appelé à conseiller des dirigeants sur un large éventail de sujets, notamment les fusions d'entreprises, les campagnes de sensibilisation du public, la gestion de la réputation et les questions réglementaires. Il dirige l'équipe de Nanos, qui conduit des recherches au Canada et aux États-Unis, est fellow au Woodrow Wilson International Center for Scholars de Washington, D.C., et chercheur et professeur agrégé à  la State University of New York de Buffalo. Il est aussi analyste principal pour l'indice Bloomberg-Nanos de la confiance des consommateurs canadiens, dont les résultats sont transmis hebdomadairement aux clients de Bloomberg. Chaque semaine, il présente The Nanos Number à  l'émission Power & Politics de la CBC, qui suit l'évoution politique, économique et sociale. Il siège au comité de rédaction du Journal of Professional Communication de l'Université McMaster.
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Mitra Thompson is an analyst with Nanos Research.

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