Bienvenue à ce numéro consacré à l’énergie durable. L’exploitation et le transport écologiquement viables des ressources énergétiques du Canada figureront sans doute parmi les grands débats de politique publique de 2012 et des années à venir. Tout comme l’enjeu de la diversification de notre énergie par-delà le marché américain, auquel 99 p. 100 de nos exportations de pétrole et de gaz sont actuellement destinés. Or la seule voie vers les nouveaux marchés d’Asie passe par le Pacifique.
Pour lancer la discussion, nous publions un entretien avec le ministre de l’Environnement Peter Kent. Il y réitère l’engagement du Canada pris à Copenhague de réduire d’ici à 2020 ses émissions de gaz à effet de serre de 17 p. 100 par rapport à leur niveau de 2005. Il estime qu’à cet horizon sera mis en œuvre un « programme climatique post-Kyoto ». Et sous notre rubrique Verbatim, la nouvelle première ministre de l’Alberta Alison Redford prévient que sa province est de retour parmi les leaders de la fédération canadienne : « Nous réussirons ou échouerons ensemble », déclare-t-elle dans ce remarquable discours prononcé à Toronto.
Notre collaboratrice Velma McColl préconise une approche équilibrée pour ce qui est de l’exploitation de l’énergie canadienne. « Nous ne pouvons concevoir des systèmes énergétiques sans égard aux impératifs du changement climatique ou aux enjeux économiques », écrit-elle. Il y va de notre avenir énergétique, de notre compétitivité et de la durabilité de notre environnement.
Lors de la rencontre Equinox Summit: Energy 2030 organisée en juin dernier par la Waterloo Global Science Initiative, 40 éminents experts ont imaginé à quoi ressemblera le monde de l’énergie en 2030. Wilson da Silva, rédacteur en chef de Cosmos, première revue scientifique australienne, rend compte en exclusivité des travaux du sommet.
Pour ce qui est des aspects politiques de l’énergie, Robin Sears dénonce les propos excessifs d’opposants au projet de pipeline Keystone XL comme ceux de certains de ses défenseurs, plaidant pour une voie qui rassemblera tous les Canadiens.
Don Barry s’intéresse au même projet mais du point de vue des États-Unis, où l’administration Obama et les groupes d’intérêt lui ont carrément mis les bâtons dans les roues. « Il reste à voir si Ottawa et les provinces tireront ici toutes les leçons de l’expérience du pipeline Keystone », écrit-il.
Kevin Lynch et Kathy Sendall exhortent le Canada à se doter d’une stratégie énergétique nationale. Car, outre de lourds investissements, « d’immenses infrastructures de transport d’énergie seront nécessaires pour rejoindre et servir les nouveaux consommateurs mondiaux ».
John Manley observe qu’il est temps pour le Canada de renouveler son engagement en matière d’économie d’énergie, et il détaille par secteur la consommation canadienne.
David Emerson explique pour sa part comment « conjurer la malédiction des ressources d’énergie naturelles », y compris les cycles d’expansion et de ralentissement et le syndrome hollandais.
Pour Daniel Gagnier, nous devons entre autres « investir davantage dans les technologies propres et innovantes, diversifier nos marchés pour renforcer notre autonomie énergétique et établir un prix pour le carbone », cela tout en respectant la répartition constitutionnelle des pouvoirs.