
Le Québec doit se préparer à accueillir un nombre potentiellement élevé de réfugiés haïtiens en provenance des États-Unis, et ce, dans un contexte économique et institutionnel déjà tendu.
En février 2025, l’administration Trump a annoncé qu’elle réduisait à 12 mois la prolongation du statut de protection temporaire accordée aux Haïtiens vivant aux États-Unis. Cette prolongation, accordée par son prédécesseur Joe Biden en juin 2024, était initialement prévue pour 18 mois. Si cette décision n’est pas annulée, jusqu’à 520 694 personnes perdront donc leur statut le 4 août 2025.
Si, comme entre 2017 et 2019, 7,5 % de ces personnes choisissent de demander l’asile au Canada, cela représenterait environ 39 000 individus — dont une majorité viendrait au Québec. Cette situation poserait un défi majeur pour une province qui prévoit accueillir un maximum de 51 500 migrants en 2025, dont seulement 7 200 réfugiés.
L’histoire qui se répète
Rappelons qu’en 2017, Donald Trump avait refusé de renouveler le statut de protection temporaire pour quelque 46 000 Haïtiens. Ce changement avait provoqué une augmentation marquée des demandes d’asile au Canada, et particulièrement au Québec. Selon Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, environ la moitié des 6 500 Haïtiens arrivés au pays de façon documentée entre 2017 et 2019 étaient déjà établis aux États-Unis.
L’attaque du Québec contre le parrainage des réfugiés
Depuis, la situation en Haïti n’a fait qu’empirer. Le nombre de bénéficiaires d’un statut de protection a explosé. En 2023, j’ai d’ailleurs plaidé pour que le Canada intervienne militairement afin d’appuyer les forces policières haïtiennes et la population dans la reprise du contrôle de l’État, tombé entre les mains des gangs. Mais au lieu de se stabiliser, le pays a sombré davantage.
Aucune perspective de retour en Haïti
Au début du mois d’avril, des gangs ont attaqué une prison à Mirebalais, permettant à au moins 529 détenus de s’évader. Deux religieuses, les sœurs Evanette Onezaire et Jeanne Voltaire de la Congrégation des Petites Sœurs de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus, ont été assassinées de manière barbare. La communauté internationale est restée largement indifférente.

Cela fait plusieurs années que l’État haïtien a échoué. Aucun scénario crédible ne laisse entrevoir une reprise du contrôle sur les gangs à court ou moyen terme. Le climat demeure trop dangereux pour envisager un retour en Haïti des personnes bénéficiant d’un statut de protection temporaire aux États-Unis. Et il ne faut pas s’attendre à ce que les tribunaux américains freinent les intentions du président Trump.
Une capacité d’accueil fragilisée
Présentement, les programmes de sécurité sociale au Québec sont à la fois surchargés et sous-financés, la cote de crédit a été abaissée, et la province accumule toujours les déficits. Par ailleurs, notre principal partenaire commercial vient d’entamer une guerre commerciale contre nous, rendant presque inévitable une récession cette année.
Il faut réfléchir sérieusement à un plan d’action, et vite, car le Québec n’a pas actuellement la capacité de répondre à ces enjeux.