
LâOrganisation Mondiale de la SantĂ© (lâOMS) vient dâannoncer que la vague de cas de microcĂ©phalie liĂ©e au Zika est une urgence de portĂ©e mondiale. Ce virus attire lâattention de la communautĂ© internationale parce que lâAmĂ©rique enregistre en ce moment des milliers de cas de microcĂ©phalie chez les nouveau-nĂ©s.
Est-ce que ce virus pourrait se manifester au Canada? LâOMS dit que ce nâest pas possible pour lâinstant, parce que les espĂšces de moustiques vecteurs du virus, Aedes aegypti et albopictus, nâexistent pas au Canada. NĂ©anmoins, les Canadiens ne peuvent pas diminuer leur vigilance. En voici les raisons.
Pour commencer, les Canadiens ne sont pas entiĂšrement Ă lâabri du danger. Les moustiques qui propagent le virus pourraient migrer jusquâau Canada. Aedes albopictus est une espĂšce envahissante et le changement climatique pourrait leur donner lâoccasion de migrer vers le Nord. Des chercheurs examinent aussi la possibilitĂ© quâun moustique originaire du Canada, Aedes culex puisse transmettre le Zika.
Ă cela sâajoute la question du tourisme. Le gouvernement fĂ©dĂ©ral recommande aux Canadiens de faire preuve dâune grande prudence lorsquâils voyagent dans certains pays en AmĂ©rique Latine. De plus, plusieurs docteurs conseillent aux femmes enceintes dâĂ©viter de voyager dans les pays touchĂ©s par le virus. Ă moins de contrĂŽler la situation aussitĂŽt que possible, elle pourrait perdurer indĂ©finiment.
La vĂ©ritĂ© est quâil y a beaucoup de choses Ă apprendre au sujet du Zika. Les moustiques semblent ĂȘtre les vecteurs principaux de propagation le virus. NĂ©anmoins, il y aussi deux cas connus de transmission sexuelle au SĂ©nĂ©gal en 2008 et Ă Dallas en 2016. En fait, le virus peut ĂȘtre trouvĂ© dans le sang, le sperme et le lait maternel mĂȘme aprĂšs quâun individu ait retrouvĂ© la santĂ©.
En tant que membre de la communauté internationale, la réponse du gouvernement Canadien aura une influence sur la rapidité de la propagation du virus, ainsi que sur notre réputation sur la scÚne internationale.
Il faut commencer par apprendre de nos erreurs, notamment vis-Ă -vis de la crise du virus Ăbola. Le Canada a choisi de fermer ses frontiĂšres aux pays touchĂ©s par lâĂbola de maniĂšre illĂ©gale. Cette dĂ©cision fut prise malgrĂ© un manque de preuves scientifiques justifiant cette action. La dĂ©cision a sĂ»rement eu peu dâeffets sur le nombre de cas dâĂbola au Canada, mais a eu un effet nĂ©gatif sur la distribution dâaide humanitaire aux pays qui en avaient besoin. La dĂ©cision a Ă©tĂ© critiquĂ©e par lâOMS, a affaibli les lois internationales qui empĂȘchent la propagation de maladies, et a terni la rĂ©putation du Canada dans le domaine de la santĂ© mondiale.
Cette fois-ci, le gouvernement canadien doit rĂ©agir diffĂ©remment concernant le Zika. Nous devons respecter nos obligations lĂ©gales internationales et soutenir lâOMS.
Il y a au moins trois mesures que le Canada peut prendre pour empĂȘcher la propagation du virus.
Dâabord, lâextrĂȘme manque de connaissances sur cette nouvelle maladie est un des obstacles principaux pour ralentir la propagation du Zika. Le Canada, de par ses ressources techniques et humaines uniques, peut contribuer Ă cette cause, comme le cas du vaccin contre lâĂbola lâa illustrĂ©. Nous devrions mettre Ă bon escient nos capacitĂ©s de recherche encore une fois pendant cette crise.
DeuxiĂšmement, plusieurs des pays touchĂ©s par le Zika en ce moment sont parmi les pays les plus pauvres du monde. Malheureusement, ces pays ont des capacitĂ©s peu dĂ©veloppĂ©es de surveillance, de recherche en laboratoire et de rĂ©ponses aux crises, alors que le Canada est trĂšs fort dans ces domaines. Notre expertise pourrait ĂȘtre mise au service de ces pays dĂšs que possible pour les aider Ă mieux combattre le virus. De plus, nos ressources devraient renforcer ces capacitĂ©s Ă long terme.
Enfin, le Canada doit soutenir la seule organisation qui a lâautoritĂ© et la volontĂ© de mener les efforts contre le Zika â lâOMS. Auparavant, notre gouvernement a encouragĂ© une politique de croissance zĂ©ro au financement de lâOMS, câest-Ă -dire de contribuer au budget de lâOMS en suivant seulement le taux dâinflation. Par consĂ©quent, le budget de lâOMS concernant ses capacitĂ©s Ă rĂ©pondre aux Ă©pidĂ©mies a Ă©tĂ© sĂ©vĂšrement rĂ©duit alors que le monde continue Ă demander Ă lâOMS de consacrer de plus en plus de ressources aux maladies non-transmissibles.
Le Canada est en partie responsable de la situation actuelle de lâOMS, et il doit aider lâOMS Ă sâen sortir. Il est indispensable que le Canada soutienne les initiatives de lâOMS pour que les efforts Ă rĂ©duire la propagation du Zika rĂ©ussissent, surtout en ce qui concerne une Ă©pidĂ©mie mondiale qui nous touche tous.
Le Canada doit jouer un rĂŽle majeur dans la lutte contre le Zika. Nous devons nous assurer que notre pays contribue aux efforts en santĂ© mondiale â sinon les effets du virus pourraient nous atteindre.