Le Québec est fréquemment décrit de manière « exceptionnelle » en comparaison avec les autres provinces canadiennes. Son modèle socioéconomique et son penchant social-démocrate sont souvent cités en exemple pour caractériser cet exceptionnalisme. Mais le système partisan québécois, qui s’ancre traditionnellement autour de la question nationale, représente aussi une différence importante dans le paysage politique du pays.
La récente élection provinciale pourrait aussi être une autre démonstration de l’exceptionnalisme québécois alors que trois des cinq partis majeurs peuvent être caractérisé comme populistes.
Le populisme des partis peut être évalué sur deux aspects principaux : mettre le « bon » peuple de l’avant avec un style de communication populaire et être antiélitiste. Québec solidaire peut clairement être déterminé comme un parti populiste de gauche. Le Parti conservateur du Québec, pour sa part, coche aussi les caractéristiques traditionnelles d’un parti populiste. Pour ce qui est de la Coalition avenir Québec, un parti de centre-droit qui se veut un parti attrape-tout, il avait tendance à utiliser un style de communication populaire, mais est devenu durant les derniers temps plus antiélitiste en mettant la soi-disant volonté du peuple au-dessus de l’avis des intellectuels et même des experts.
Les partis et politiciens populistes semblent également être de plus en plus présents sur la scène politique ailleurs au Canada, ainsi qu’à l’international. On peut identifier deux aspects du populisme : l’offre (les partis et les politiciens) et la demande (les attitudes des citoyens). L’offre populiste au Québec se distingue de celle des autres provinces, non seulement par le nombre de partis majeurs qui cochent les cases du populisme mais aussi par la diversité idéologique de ces partis.
Par contre, qu’en est-il de la demande populiste au Québec ? Est-ce que les Québécois sont plus populistes que les autres Canadiens ?
Pour répondre à cette question, nous avons analysé les données d’un sondage original composé de 27 720 répondants distribués à travers le Canada, contactés du 21 septembre au 12 décembre 2021. La variable des attitudes populistes est une moyenne calculée à partir de quatre variables et standardisée sur une échelle de 0 à 1. Les résultats présentés dans la figure 1 montrent que les Québécois sont en moyenne moins populistes que les autres provinces. Par contre, il est important de noter que la moyenne québécoise (0,638) des attitudes populistes n’est pas si éloignée, considérant que la variable est sur une échelle de 0 à 1, de celle de la Saskatchewan, qui a la moyenne la plus élevée (0,736).
Ces résultats démontrent que malgré des différences statistiques entre certaines provinces, les moyennes provinciales sont, tout compte fait, assez similaires. Ces données correspondent aussi avec des recherches précédentes qui démontrent que les Canadiens sont généralement assez populistes. Les Québécois seraient alors les moins populistes dans un pays dont les citoyens ont en moyenne des attitudes populistes assez fortes.
La distribution des attitudes populistes parmi les répondants québécois, présentée dans la figure 2, renforcent la notion que les Québécois sont aussi assez populistes, même s’ils le sont moins en comparé du reste du pays. On peut alors conclure que l’offre populiste des partis au Québec s’arrime assez bien avec la demande des citoyens québécois.
L’offre populiste au Québec est, pour le moment, vraisemblablement différente en comparaison avec les contextes partisans ailleurs au Canada; se distinguant par le nombre de partis importants qui peuvent être classés comme étant populistes ainsi que par la diversité idéologique de ces partis. Par contre, la demande populiste au Québec ne semble pas très exceptionnelle, malgré le fait que le Québec manifeste la moyenne la plus faible en attitudes populistes parmi les provinces.
Donc, le Québec n’est peut-être pas si exceptionnel que ça en termes de populisme dans le contexte canadien, mais il est certainement différent. En somme, c’est quand même assez particulier d’être les moins populistes et d’avoir la plus grande offre populiste.