J’ai été enchantée de l’invitation de Hugh Segal à vous adresser la parole lors de ce dîner pour souligner le 30 anniversaire de l’Institut de recherche en politiques publiques. J’ai rencontré Hugh pour la première fois il y a plus de 20 ans, quand il m’a interviewée au moment d’engager le premier agent général de l’Ontario en France. Comme chef de Cabinet du premier ministre Davis, je suis certaine que cette tâche-là n’a pas été l’une des plus lourdes qu’il ait eu à assumer; il a de toute évidence donné un avis qui a amené M. Davis à oser faire ce qu’on peut sans doute considérer comme un grand pas de l’imagination en me nommant à ce poste. Et je crois pouvoir dire que, n’eut été de cet événe- ment, je ne serais pas Gouverneure générale aujourd’hui.

Cette fonction de représentation des intérêts de la plus grande province canadienne en France a été très formatrice pour moi. Je dois beaucoup à M. Davis pour l’occasion qu’il m’a offerte de comprendre ce qu’était la politique publique et comment elle pouvait affecter la vie de nos citoyens au Canada. J’ai constaté qu’on s’attendait à ce que je donne des avis non-par- tisans sur nos politiques, en tant que membre de la fonction publique. J’ai alors appris qu’un système opérant de façon équilibrée et, tout aussi important, de façon désintéressée face à l’engagement public était un élément fonda- mental de ce qui fait du Canada un pays mer- veilleux.

La création des politiques n’intervient pas dans le vide. Elle a lieu parce que nous sommes une nation distincte. Northrop Frye a dit un jour : « Nous participons à la société par l’inter- médiaire de notre imagination ou de la qualité de notre vision sociale. Nos visions de ce que notre société est, pourrait être ou devrait être, sont toutes des éléments de métaphore, car la métaphore est l’unité de base de toute imagina- tion. Dans ce domaine, la pensée logique fait rarement mieux que de rationaliser ces visions métaphoriques. »

Je dois déclarer, d’entrée de jeu, que je crois que les Canadiens ont un génie pour la chose publique. Notre engagement envers les intérêts les plus larges, le bien commun, est un fonde- ment essentiel de ce que signifie être un Canadien. Cela fait partie de notre culture.

Le rôle des politiques publiques est main- tenant extrêmement important, car on nous demande, en tant que Canadiens, de défendre les valeurs auxquelles nous croyons et de prendre les mesures nécessaires à notre protection et à celle de nos voisins. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les Canadiens se sentent inquiets, dans de telles circonstances.

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