« Bienvenue en 1980 ! », lançait Pierre Elliott Trudeau le soir du 18 février 1980. Options politiques paraiÌ‚tra pour la premié€re fois, quelques semaines plus tard, une toute nouvelle revue pour un « nouveau-vieux » gouvernement.

Comme la gestation chez les homo sapiens, le Parti libéral aura mis neuf mois aÌ€ renaiÌ‚tre de ses cendres et aÌ€ reprendre le pouvoir aux conservateurs, apré€s que l’infortuné Joe Clark eut commis un hara-kiri budgétaire. Pour tenter de faire oublier ses six mois de tergiversations avant de se décider aÌ€ affronter le Parlement, Clark s’était montré hyper-déterminé aÌ€ faire adopter une taxe sur les carburants, oubliant lui-mé‚me que l’appui des partis d’opposition est indispensable aÌ€ tout gou- vernement minoritaire.

Plus ça change, plus c’est pareil, dites-vous? Vingt-cinq ans plus tard, un autre gouvernement minoritaire trébuchera- t-il bientoÌ‚t sur son premier budget? Il semble bien que non ! D’ailleurs, c’est suÌ‚rement en se rappelant la réaction du pays aÌ€ la décision du ministre des Finances John Crosbie d’aug- menter le prix du gallon d’essence (vous vous souvenez des gallons?) que Paul Martin a préféré les mesures incitatives plutoÌ‚t qu’une forte hausse des taxes sur l’essence pour remplir ses engagements environnementaux.

Évidemment, du changement, il y en a eu. Le Canada d’aujourd’hui est tré€s différent de ce qu’il était en cette fin d’hiver 1980 du lancement d’Options politiques. D’ailleurs, le retour au pouvoir des libéraux fut largement interprété comme une simple petite anomalie dans le virage aÌ€ droite généralisé qui s’amorçait aÌ€ l’époque dans le monde anglo- saxon. Les Britanniques avaient élu Margaret Thatcher le 4 mai 1979, soit 18 jours seulement avant que Joe Clark n’envoie Pierre Elliott Trudeau préparer sa renaissance. Et 10 mois apré€s le fameux mot de bienvenue de ce dernier, Ronald Reagan devenait président des États-Unis.

La révolution Reagan-Thatcher aurait supposément injecté une forte dose de conservatisme aÌ€ la vie politique, y compris en nos contrées. Mais est-ce vraiment le cas? AÌ€ bien des égards, il n’en est rien. La famille conservatrice compte plusieurs branches, avec chacune ses propres caractéristiques. Dans le cas des reagano-thatchériens censés avoir proliféré depuis 25 ans, le marché est tout et la taille de l’État, cruciale. Or, selon les dernié€res données de l’OCDE, les revenus fiscaux du Canada représentaient 33,9 p. 100 de son PIB en 2002 con- tre 30,9 en 1980 avec une pointe de 36,7 p. 100 en 1998. En fait de révolution, on a déjaÌ€ vu mieux !

Mais aÌ€ d’autres égards, c’est vrai, les choses ont immensé- ment changé. Le Programme énergétique national (PEN) de Pierre Elliott Trudeau, par exemple, serait impensable de nos jours. Lancé tout juste huit jours apré€s l’élection de Ronald Reagan, le PEN constituait une intrusion massive dans l’économie du pays. Et on le faisait en toute connaissance de cause : « Ces décisions concernent le secteur énergétique. Elles toucheront durablement presque toutes les sphé€res d’activité, les ressources de chaque citoyen ainsi que la structure économique et sociale de la nation », écrivait le ministre Marc Lalonde. Suivant le raisonnement d’Ottawa, cette seconde crise du pétrole constituait une aubaine pour l’Alberta et les pétrolié€res majoritairement américaines qui profitaient du gaz et du pétrole canadiens. Mais cette fois, l’aubaine bénéficierait aÌ€ l’ensemble des Canadiens. Merci Ottawa ! (« Il s’agit d’une série de décisions nationales prises par le gouvernement du Canada » peut-on lire au tout début du document du ministre Lalonde, comme pour insister sur le leadership d’Ottawa.) L’idée pouvait alors sembler judicieuse, mais elle a suscité en Alberta une amertume si durable ”” encore ressentie de nos jours ”” qu’aucun gouvernement fédéral n’osera plus jamais envisager pareille ingérence.

Il est vrai aussi que, mé‚me aÌ€ l’époque, des considérations budgétaires tempéraient parfois l’ardeur interven- tionniste d’Ottawa. Par exemple, la flam- bée des cours du gaz et du pétrole mit la formule de péréquation aÌ€ si rude épreuve qu’on décida, en 1982, alors mé‚me que M. Trudeau inscrivait ce principe dans la constitution, d’exclure de la formule l’or noir albertain. Encore aujourd’hui on observe les conséquences de cette déci- sion d’il y a 20 ans dans la bataille opposant Ottawa aÌ€ la Nouvelle-Écosse et aÌ€ Terre-Neuve-et-Labrador (bientoÌ‚t aÌ€ la Saskatchewan) qui réclament une baisse du taux de récupération fiscale de leurs propres revenus énergétiques. Avec suc- cé€s d’ailleurs.

Outre sa vibrante déclaration de principes sur les valeurs nationales, le document du PEN (dont j’ai en main un exemplaire tout écorné) comprend de forts intéressants tableaux anticipant une hausse constante du cours du pé- trole brut : de 16,75 $ en aouÌ‚t 1980 aÌ€ 66,75 $ en juillet 1990 (soit 90,78 $ en dollars actuels). Depuis, nous avons appris la modestie en matié€re de pronos- tics. La tendance, on le sait maintenant, n’est pas toujours aÌ€ la hausse.

Jugées normales en 1980, d’autres formes d’intervention directe semblent aujourd’hui tout aussi extravagantes. Rappelons que le gouvernement de ce juste pays a longtemps exploité une compagnie aérienne et une société de chemin de fer. Le regretté Jack Pickersgill raconte dans ses mémoires qu’il arrivait au ministre des Transports de se mé‚ler personnellement des trajets et horaires de vol, ce qui semble aberrant mais qui était tenu pour acquis au début des années 1980 ; et ce qu’on tient pour acquis aÌ€ une époque donnée est évidem- ment ce qui la caractérise le mieux. Entre-temps, le gouvernement Mulroney a bradé Air Canada et entre- pris le démanté€lement de Pétro-Canada. Depuis, le transporteur a fait pié€tre fi- gure, mais pas plus que la moyenne des compagnies aériennes. Mé‚me la Suisse gestionnaire a mis son transporteur en faillite. Les gens prennent l’avion en plus grand nombre, les prix sont plus bas que jamais et la solution désormais tenue pour acquise aux problé€mes de l’industrie aéronautique réside dans l’ar- rivée de nouveaux concurrents. Le mi- nistre des Transports reste en fonction (bien que certains doutent de son uti- lité), mais ses interventions directes se font rares. Pour le faire sortir de sa réserve, sans doute faudrait-il qu’un transporteur de premier plan reste lit- téralement cloué au sol.

De 1980 aÌ€ ce jour, c’est probable- ment l’Accord de libre échange Canada–États-Unis (ALE) qui a le plus marqué le paysage économique. Certes, les économistes en parlaient déjaÌ€ dans les années 1950. En fait, on en parle depuis avant mé‚me la toute premié€re entente du genre conclue dans les années 1850. Dans l’un des premiers numéros d’Options politiques, mon con- fré€re de McGill, Irving Brecher, publiait en sa faveur un plaidoyer admirable.

Mais, en 1980, tré€s peu d’observa- teurs auraient prédit qu’on allait en moins de 10 ans s’entendre sur un projet d’accord, le négocier, le faire approuver lors d’un scrutin fédéral et déléguer notre premier ministre aÌ€ la cérémonie de si- gnature. Aujourd’hui, l’ALE est pour ainsi dire un non-enjeu. Comme Tom Kent le signale ailleurs dans ce numéro, il n’a certes pas résolu tous les problé€mes ”” le conflit du bois d’œuvre, ravivé en 1980, fait toujours rage ””, mais person- ne ne préconise sérieusement de le révo- quer. Selon les estimations les plus prudentes, il a permis des gains de pro- ductivité de l’ordre de 6 p. 100 dans le secteur manufacturier. Comme le soulignait Daniel Trefler, de l’Université de Toronto, on chercherait sans doute en vain des décisions ayant entraiÌ‚né une croissance aussi forte et aussi stable.

Mais, au plan des mentalités, c’est probablement du coÌ‚té des déficits budgétaires que s’est opéré le plus grand changement. Les simples citoyens s’en sont peut-é‚tre toujours inquiété, mais dans les années 1970 et mé‚me dans la décennie suivante, la majorité des économistes voyait ces craintes comme un signe d’inculture politique. Ils avaient tort.

En 1979-1980, le déficit fédéral s’é- levait aÌ€ 14,6 milliards de dollars. C’est peu par rapport aÌ€ ce qui allait suivre, mais cela représente tout de mé‚me 40 milliards en dollars actuels, ou 4,6 p. 100 du PIB de l’époque. Il bondira aÌ€ 8,3 p. 100 dans les trois années suivantes (l’équivalent de 100 milliards actuels !), soit un record dont Michael Wilson et Don Mazankowski n’ont pu s’approcher mé‚me pendant la sombre période du tournant des années 1990 (leur pire résultat se chiffrant aÌ€ 5,6 p. 100).

Malgré cela, les théories keyné- siennes pures et dures avaient toujours la cote au début des années 1980. C’est ainsi que, en avril 1983, un Marc Lalonde devenu ministre des Finances présentait un document budgétaire intitulé Le déficit fédéral en perspective. Avec un déficit dépassant 7 p. 100 du PIB c’était cer- tainement une perspective vertigineuse ! Mais le ministre estimait tout de mé‚me que le ralentissement de l’économie jus- tifiait cette fuite en avant : « Le gouverne- ment fédéral a donc eu toute possibilité pour financer son déficit sans pousser les taux d’intéré‚t aÌ€ la hausse…Le déficit devra [cependant é‚tre réduit dé€s que la situation économique le permettra. » Dé€s qu’elle le permettra en effet.

Je me rappelle certaines conférences de l’époque ouÌ€ des spécialistes réputés arguaient que, en évitant les trop lourds déficits, l’inflation aÌ€ deux chiffres qui avait cours aÌ€ ce moment-laÌ€ éroderait la valeur réelle de la dette. En fait, c’était mé‚me, disaient-ils, une politique d’austérité, parce qu’on réduisait la dette. Vers la mé‚me période ouÌ€ Marc Lalonde présentait ses « perspectives », deux économistes de Queen’s University, Neil Bruce et le regretté Doug Purvis, publiaient pour le Conseil économique de l’Ontario (qui serait bientoÌ‚t aboli) une célé€bre étude inti- tulée « Some Unpleasant Keynesian Arithmetic » montrant l’effet aÌ€ long terme d’une baisse des taux d’inflation combinée aÌ€ une progression des taux d’intéré‚ts réels plus rapide que le rythme de croissance économique. Cette étude et une autre aÌ€ paraiÌ‚tre, « The Medium Term is the Message », ont contribué aÌ€ faire changer d’avis bon nombre d’éco- nomistes canadiens jusque-laÌ€ favorables aÌ€ une politique budgétaire déficitaire.

Les économistes aiment croire qu’ils ont une certaine influence politique. Et en délaissant leur vision décontractée du problé€me de la dette, sans doute ont-ils légé€rement influé sur la décision de Jean Chrétien et de son ministre des Finances Paul Martin de renverser le rapport dette-PIB. Mais je soupçonne qu’il faut en créditer (ou en blaÌ‚mer, selon les avis) un autre facteur. Aussi cocasses que semblent aujourd’hui les pronostics du PEN sur le cours du pétrole, les tableaux figurant année apré€s année dans les budgets conservateurs n’en étaient pas moins ridicules quand ils prévoyaient d’atteindre en deux ans le rapport dette-PIB idéal. Le mé‚me tableau s’est retrouvé dans trois ou qua- tre budgets consécutifs avec pour seul changement l’année de référence. Les conservateurs eux-mé‚mes finirent par en é‚tre gé‚nés et cessé€rent de le repro- duire. L’incapacité du gouvernement, non seulement de réduire le déficit mais d’en empé‚cher l’explosion, a finalement convaincu les pontes d’Ottawa de prendre des mesures draconiennes. Un tournant auquel auront aussi contribué la crise du peso, le désastreux indice de Moody’s et l’absence d’une opposition digne de ce nom apré€s l’élection de 1993. AÌ€ ce jour, le Canada a successive- ment bouclé huit budgets équilibrés.

Paradoxalement, le triomphe d’un principe budgétaire réputé conservateur comporte aussi de gros inconvénients. Car mé‚me les conservateurs reconnais- sent que les gouvernements sont seuls aÌ€ pouvoir accomplir certaines choses, dont toutes ne peuvent é‚tre financées par les impoÌ‚ts courants. Si le Canada possédait un porte-avions, par exemple, ou les capacités logistiques qui lui auraient permis de réduire de quelques semaines aÌ€ quelques jours l’envoi de se- cours d’urgence aux victimes du tsuna- mi, il est aÌ€ souhaiter qu’il s’agirait d’équipements conçus pour durer ; peut-é‚tre pas aussi longtemps que nos vénérables Sea Kings mais, disons, deux ou trois décennies. Il n’y aurait rien de mal aÌ€ emprunter pour faire ce genre d’investissement aÌ€ long terme. Et il n’ex- iste aucune raison valable pour faire payer seulement par les parents des investissements dont profiteront égale- ment leurs enfants et petits-enfants. Mais depuis les années 1990, notre poli- tique de tolérance zéro en matié€re de déficit nous interdit de tels choix budgé- taires. Et le prix qu’aura aÌ€ payer le min- istre des Finances qui mettra fin aÌ€ cette série de budgets équilibrés semble grandir chaque année. Entre élimina- tion et spirale des déficits, on choisira évidemment la premié€re solution. Mais peut-é‚tre les Canadiens et leurs dirigeants politiques en savent-ils aujourd’hui suffisamment sur la ques- tion de la dette pour assouplir leur approche des finances publiques.

Mais au-delaÌ€ de notre conversion au fondamentalisme antidéficit, la révolution conservatrice reste aÌ€ faire au Canada. Par exemple, les propositions gauchistes ne manquent pas sur l’emploi des surplus fédéraux. Mais nous, qui pré- conisons de les retourner en réductions d’impoÌ‚t aÌ€ leurs propriétaires légitimes, sommes peu entendus. Pour l’heure, tout indique que le gouvernement utili- sera plutoÌ‚t sa mince marge de manœu- vre pour lancer un programme national de garde d’enfants qui, selon toute apparence, serait l’équivalent social du PEN : imposant, géré depuis Ottawa et inclinant vers une structure syndiquée et réglementée, sinon fonctionnarisée. Les tenants du thatchérisme auraient préféré recevoir du gouvernement de l’argent comptant, voire des bons d’échange, pour acheter les services de garde de leur choix ”” ou aucun service du tout. Question de laisser au libre-marché le loisir de provoquer son légendaire chaos créateur. « Que mille fleurs s’épanouis- sent » : tel devrait é‚tre le principe directeur de ce programme, et non pas : « Services identiques et institution- nalisés pour tous apré€s une période d’at- tente indéfinie ». Le mé‚me principe devrait d’ailleurs valoir pour nos sys- té€mes d’éducation et de santé.

S’il y avait eu une véritable révolu- tion conservatrice, nous aurions déjaÌ€ pri- vatisé de grandes parties du secteur public. Au lieu de quoi nous tournons autour du pot quand il est question de concurrence en matié€re de soins de santé. Lors de la dernié€re élection fédérale, n’a- t-on pas diabolisé le Parti conservateur simplement parce qu’il a suggéré que le payeur unique de notre systé€me aÌ€ payeur unique puisse choisir ses fournisseurs?

Indiscutablement, nous avons en un quart de sié€cle modifié en pro- fondeur notre perception de l’endette- ment, des déficits et du commerce avec les États-Unis. Mais aujourd’hui comme hier, de nombreux Canadiens sinon la plupart songent encore aÌ€ lancer un nouveau programme public chaque fois qu’on découvre un nou- veau problé€me. Et les ré€gles du jeu inci- tent toujours nos gouvernements aÌ€ multiplier dépenses et programmes s’ils désirent é‚tre vus comme étant sensibles aux besoins de la population. Par automatisme, c’est généralement en premier recours et non en dernier ressort que nous nous tournons aujour- d’hui encore vers le gouvernement.

Y a-t-il eu révolution conservatrice dans d’autres domaines qu’économiques? Quelques lignes ne suf- firont pas aÌ€ faire le tour de la ques- tion. AÌ€ moins que la réponse la plus courte et la plus évidente ne soit celle-ci : « Pas vraiment. »

Le mariage homosexuel provoque certaines tensions et les sondages révé€- lent le peu d’enthousiasme des Canadiens sur la question, mé‚me s’ils n’invoqueraient pas la clause nonobs- tant (une innovation des années 1980) pour renverser une décision judiciaire en sa faveur. Mais quel chemin parcou- ru en 25 ans ! La majorité des opposants au mariage homosexuel approuverait en effet une forme ou l’autre d’union civile et accorderait des avantages so- ciaux aux conjoints de mé‚me sexe. En 1980, cela les aurait suÌ‚rement indignés. Certains protestent contre la souplesse de nos lois sur le divorce, l’avortement et la peine capitale, mais ils pré‚chent plus ou moins dans le désert. En matié€re de prostitution, on parle désor- mais de « travailleuses et travailleurs du sexe ». On entend régulié€rement des jurons aÌ€ la radio comme au petit écran, et la grossié€reté sous toutes ses formes s’exprime aÌ€ la télévision par caÌ‚ble, sans mé‚me prétexter la licence artistique.

Les conservateurs ne sont pas unanimes sur les questions sociales. Les libertaires proÌ‚nent une liberté maximale, bien qu’ils n’apprécient pas toujours qu’on l’exerce de façon aussi publique ou impudente. Les conservateurs sociaux voudraient, eux, que les lois témoignent de valeurs plus traditionnelles. Mais au total, nous n’en avons pas moins été submergés au fil des 25 dernié€res années par un authentique « tsunami culturel ».

Un parcours étonnant, en somme, mais qui a tré€s peu incliné aÌ€ droite. Bien que les conservateurs aient encore quelques raisons d’espérer. Quant aÌ€ l’ensemble des Canadiens, ils peuvent é‚tre rassurés car, quoi qu’il advienne, Options politiques sera laÌ€ pour en témoigner… (Article traduit de l’anglais) 

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