Le développement d’outils technologiques de traduction doit se continuer dans le respect des obligations constitutionnelles et législatives canadiennes en matière de droits linguistiques. Le nouvel outil de traduction automatique à l’intention des fonctionnaires fédéraux ne doit pas servir à réduire le personnel œuvrant dans des organismes ou des entités qui s’occupent de la traduction. Il faut le considérer plutôt comme un moyen de promouvoir la dualité linguistique au sein de la fonction publique fédérale, puis, dans la société canadienne.

L’expérience récente de l’usage des outils technologiques nous oblige à repenser leur développement. Comme toute nouvelle technologie, il faut une période de rodage et maintes corrections informatiques pour avoir un outil performant et respectueux des besoins de la société.  Toutefois, les ratés ne doivent pas nous empêcher de continuer la recherche et le développement dans ce secteur.

En ayant des logiciels de traduction efficaces et adaptés à nos besoins, nous augmentons la visibilité de la dualité linguistique au Canada. Nous permettons ainsi aux citoyens de choisir entre l’une ou l’autre langue officielle. Ce choix est offert déjà dans plusieurs services – pensons aux guichets automatiques, aux sites Web des services gouvernementaux ainsi qu’à ceux de la très grande majorité des magasins de détail au Canada, ou encore aux correcteurs linguistiques de logiciels que nous utilisons quotidiennement.

Toutefois, le développement de ces outils technologiques ne doit pas porter ombrage à la qualité d’usage de l’une de nos langues officielles. Si nous massacrons la langue française en publiant des textes traduits par un logiciel, la crainte de voir disparaître des postes de traducteurs au gouvernement fédéral est justifiée. Il faut implanter cette technologie graduellement, par étapes, et dans le respect de la qualité de la langue.

Un fonctionnaire qui peut communiquer dans la langue officielle de son choix et un récepteur qui peut lire le message dans la langue qu’il a choisie, c’est une grande victoire pour la dualité linguistique canadienne et le respect de la langue de travail. Le récepteur a la possibilité de lire le texte original tout en tenant compte de la traduction offerte, et de répondre dans la langue de son choix. Sans doute, certaines mesures doivent être précisées, mais il serait vain d’empêcher cette évolution technologique. Aujourd’hui, nous lisons des textes journalistiques composés principalement par des outils technologiques, nous faisons des déclarations de revenus entièrement automatisés et nous rédigeons des textes pour des médias écrits ou électroniques. Cette progression technologique ne s’arrêtera pas, et il est préférable d’être proactif que de limiter la mise en œuvre de ces moyens de communication.

Bien souvent, l’outil technologique de traduction est employé pour communiquer en français des informations ou des textes conçus en anglais, et ce sont alors les francophones qui réagissent au manque de respect du génie de la langue française. Mais le même problème se produira en sens inverse, et la langue anglaise souffrira alors des faiblesses de l’outil technologique de traduction.

En perfectionnant ces outils, l’ensemble des Canadiens en bénéficieront, car nous pourrons recevoir dans la langue officielle de notre choix des messages rédigés dans l’autre langue. En même temps, nous mettons ainsi en valeur les deux langues officielles et augmentons la visibilité de la dualité linguistique canadienne.

Photo: kenary820 / Shutterstock.com

 


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Gilles LeVasseur
Gilles LeVasseur est professeur de gestion et de droit à l’Université d’Ottawa. Il a travaillé auparavant, pendant plus de 25 ans, comme haut fonctionnaire au gouvernement du Canada dans les domaines du droit, de la santé et de la gouvernance. Ayant publié plusieurs ouvrages en gestion et en droit, il écrit régulièrement sur les politiques et pratiques gouvernementales.

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