À l’heure actuelle, le gouvernement fédéral travaille d’arrache-pied pour finaliser un budget fédéral qui déterminera la voie à suivre pour notre pays. C’est pourquoi des femmes d’influence de diverses régions et de divers secteurs, ainsi que des communautés autochtones, noires, racialisées et LGBTABI+, ont écrit récemment à la ministre des Finances Chrystia Freeland pour lui rappeler que le rétablissement de la nature est essentiel à notre bien-être.
Depuis plus d’un an, la pandémie de la COVID-19 fait des ravages qui affecter notre santé et notre bien-être, notre économie et nos communautés. Les femmes à faible revenu et les travailleuses, en particulier dans les communautés autochtones, noires et autres groupes racialisés, ont été les plus touchées non seulement par les pertes d’emploi de cette « récession féminine », mais aussi par le stress physique et mental engendré par les mesures de confinement et les fermetures d’écoles, la hausse de la violence familiale et les lourdes exigences imposées aux travailleuses et aux travailleurs de première ligne.
La pandémie a mis en évidence les valeurs de notre société ― et la nécessité urgente de mettre en place et d’investir dans des systèmes de soutien essentiels qui garantiront à tous un avenir sain et plus équitable. La nature, comme elle l’est depuis des temps immémoriaux, est notre système de soutien le plus fondamental et le plus essentiel pour traverser cette pandémie.
Dans la lettre ouverte à la ministre Freeland, des femmes d’influence d’un bout à l’autre du pays se sont réunies pour demander au gouvernement fédéral d’investir dans la nature dans l’intérêt de notre avenir commun. La liste d’éminentes signataires comprend notamment l’auteure Margaret Atwood, la cheffe de la direction d’Indigo inc. Heather Reisman, l’ancienne ambassadrice aux affaires circumpolaires Mary Simon, la présidente élue de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement Melissa Lem, et Jennifer Beeman, directrice générale de l’Action cancer du sein du Québec.
À l’arrivée du printemps, les gens se réjouissent à l’idée de disposer de plus de moyens pour sortir en toute sécurité et de pouvoir renouer avec les autres et la terre. Si nous nous émerveillons de la capacité persistante de la nature à se renouveler, nous sommes profondément préoccupés par le fait que nos systèmes de soutien naturels ― des forêts aux zones humides en passant par les océans et la faune qu’ils abritent ― s’épuisent dangereusement. Plus de 600 espèces sauvages risquent de disparaître.
Partout au Canada, la nature est en crise et, par conséquent, nous le sommes aussi.
Comme pour la pandémie, les femmes autochtones, noires et racialisées et leurs communautés sont touchées de manière disproportionnée par les dommages environnementaux et les perturbations climatiques, et leur accès à des zones naturelles sûres et florissantes est aussi plus limité.
Les systèmes de connaissances autochtones et la science occidentale nous disent que le manque d’attention portée à l’interface entre les humains et le monde naturel nous expose à un risque immense. La destruction des habitats naturels et l’augmentation des émissions de carbone se combinent pour accroître la probabilité de futures épidémies virales, de chaos climatique et d’effondrement continu des systèmes naturels qui soutiennent toute vie en nous fournissant de l’air pur, de l’eau potable et de la nourriture saine, de même qu’un lien culturel. La nature est également à l’origine d’activités économiques et d’emplois pour les femmes et leurs communautés d’un océan à l’autre.
Mais il y a de l’espoir. Nous avons été encouragés par l’engagement public du gouvernement fédéral à protéger 25 % des terres et des océans d’ici 2025 et à prendre l’initiative au niveau mondial pour assurer la protection de 30 % de la planète d’ici 2030, tout en atteignant la carboneutralité en 2050.
Nous croyons fermement que le respect des droits des Autochtones et leur soutien authentique à la conservation doivent être au cœur de ces efforts. En effet, les femmes autochtones mènent des initiatives pour défendre, restaurer et protéger les écosystèmes de leurs territoires, et leurs efforts profitent à tous.
Les signataires de la lettre ouverte demandent à la ministre Freeland de garantir que les investissements visant à accroître la protection de nos terres, de nos eaux douces et des océans sont une priorité dans le prochain budget fédéral, comme l’ont été les engagements historiques du Canada à l’égard de la nature et du climat.
Nous soutenons la demande de la Coalition du budget vert pour un investissement d’au moins 4,8 milliards de dollars sur cinq ans, y compris un soutien accru aux programmes d’aires protégées et de conservation autochtones ainsi que de gardiens autochtones. Sans cet engagement, la promesse du Canada de devenir un leader mondial en matière de protection de la nature et de lutte contre les changements climatiques ne sera qu’une promesse en l’air. Nous priverons alors les générations futures et toutes les espèces de l’avenir sain auquel elles ont droit.
Des investissements fédéraux crédibles pour la nature renforceront notre crédibilité au prochain sommet des dirigeants sur le climat qu’organise le président Joe Biden et donneront au Canada l’occasion de prouver son engagement sincère à protéger la nature au niveau mondial, ce qui constitue la première ligne de défense contre les changements climatiques.
Les humains font partie intégrante de la nature, tout comme les peuples autochtones l’avaient compris il y a des millénaires. Nous n’en sommes pas les maîtres : notre économie et nos communautés dépendent de la prospérité de la nature. Nous pressons donc le gouvernement fédéral de veiller à investir dans la protection et la restauration des terres et des eaux qui nous abritent tous.