Réponse à Et si on investissait pour réduire la pauvreté ?

L’article du professeur Alain Noël soulève une question importante concernant la méthodologie en lien avec la dernière édition du rapport Welfare in Canada de Maytree. Il remarque que le rapport surestime les revenus des prestataires d’aide sociale au Québec. Nous avons reconnu cet enjeu dans le rapport et nous sommes déjà en train de le résoudre pour la prochaine édition qui sera publiée cet été.

Chaque année, Welfare in Canada présente le revenu total de quatre à cinq ménages types qui reçoivent l’aide sociale dans chacune des treize provinces et territoires. Cette analyse est une continuation de près de quatre décennies de données publiées précédemment par le Conseil national du bien-être social et l’Institut Caledon. Il est essentiel que la méthodologie demeure la même pour assurer la comparabilité dans le temps.

Dans notre dernier rapport, nous avons calculé une augmentation significative des revenus de deux ménages types au Québec grâce à une politique plus généreuse du gouvernement provincial envers les nouveaux prestataires de l’aide sociale aptes à l’emploi. Mais comme le souligne le professeur Noël, ces ménages types représentent un nombre limité de prestataires.

Notre méthodologie se concentre sur l’expérience des nouveaux prestataires du programme au premier jour de l’année en question et suppose qu’ils reçoivent le montant de prestation le plus élevé disponible. Cette année, dans la section Québec, nous avons décidé d’ajouter deux nouveaux ménages types qui reçoivent les montants de prestations les plus bas. La présentation d’une gamme de revenus élargie reflétera mieux la diversité des expériences des prestataires d’aide sociale au Québec.

Cependant, le rapport Welfare in Canada ne reflétera jamais à lui seul la diversité d’expérience de tous les prestataires de l’aide sociale au Canada, en particulier au Québec, où il y a plusieurs programmes d’aide sociale, qui comptent eux-mêmes plusieurs volets. Nous encourageons d’autres chercheurs à entreprendre des analyses qui ne sont pas couvertes par le rapport pour enrichir notre compréhension commune des programmes d’aide sociale au Canada.

Finalement, nous voulons rejoindre le professeur Noël sur son argument principal : les individus s’en sortent mieux avec l’aide sociale lorsque nous investissons davantage en eux, et non pas moins. Comme le démontre chaque année Welfare in Canada, les programmes d’aide sociale au Canada ne satisfont pas les besoins des presque deux millions de personnes qui en dépendent.

Jennefer Laidley, Maytree fellow et chercheuse principale et co-auteure, Welfare in Canada