Les élections fédérales de janvier 2006 marquent un événement historique pour le Canada. En effet, depuis 100 ans, le Parti libéral n’a cédé le pouvoir qu’aÌ€ six reprises, soit en 1911, 1926, 1930, 1957, 1979 et 1984. Et encore, deux de ces occasions, 1926 et 1979, n’ont constitué que des éclipses temporaires. Il serait étonnant que ce soit encore le cas avec le gouvernement Harper qui se voit accorder un mandat d’une durée de quelque deux années, en raison des circonstances : une population qui n’est suÌ‚rement pas disposée aÌ€ retourner aux urnes aÌ€ bré€ve échéance et une Opposition qui ne l’est gué€re non plus, tout particulié€rement les libéraux qui doivent se rebaÌ‚tir et se donner un nouveau chef.
Un autre trait de ces élections qui les distingue de la plu- part des autres, c’est la prise du pouvoir par un parti qu’on donnait pour battu au moment du déclenchement de la campagne électorale. Il est rare qu’on assiste aÌ€ un revire- ment aussi spectaculaire de l’électorat. Une conséquence de ce phénomé€ne se manifeste dans la composition de ce nouveau gouvernement. Dans la mesure ou le Parti conservateur n’apparaissait pas comme gagnant au moment de la cloÌ‚ture de la période de mise en candidature, il n’a suÌ‚rement pas attiré les personnalités et les candidatures de talent autant qu’un parti ministériel le fait habituellement. Cela est parti- culié€rement vrai au Québec. On peut imaginer que plusieurs électeurs auraient été disposés aÌ€ voter conservateur s’ils avaient pu accorder leur vote aÌ€ un candidat prestigieux. C’est laÌ€ sans doute un élément d’explication de la remontée libérale durant les derniers jours de la campagne. Il faut le souligner. Comme telle, la victoire conservatrice, pour his- torique qu’elle soit, n’est pas spectaculaire et place le nou- veau gouvernement dans une situation précaire.
La population canadienne n’a pas voulu se débarrasser tout aÌ€ fait des libéraux, comme on le croyait aÌ€ quelques semaines de la fin de la campagne. En dépit de tous les scandales qui ont accablé ce parti, en dépit de son arro- gance et de sa prétention aÌ€ é‚tre le seul véritable parti capable de gouverner le Canada en permanence, les libéraux se sont révélés increvables. Ils ont pu s’assurer la fidélité d’une bonne partie de l’électorat, notamment dans les trois plus grandes villes, dans une grande partie de l’Ontario, dans la population anglophone du Québec et dans l’ensemble des provinces atlan- tiques.
La crainte des politiques conserva- trices, la qualité de certains candidats libéraux, du moins leur empathie avec l’électorat, un certain cynisme quant aux scandales et la préférence pour la conception libérale du fédéralisme, centrée sur la prépondérance d’un gou- vernement « national » fort, tous ces éléments ont contribué aÌ€ la résilience du Parti libéral sur la scé€ne canadienne. Il est donc fort possible que les libéraux se ressaisissent aÌ€ plus ou moins bré€ve échéance et se présentent aÌ€ nouveau devant l’électorat, forts d’un nouveau chef qui aura reçu beaucoup de publi- cité, avec une vigueur renouvelée qui lui permettrait d’exploiter les erreurs d’un Parti conservateur entre-temps affaiblit et de reprendre le pouvoir, comme il l’a toujours fait dans le passé.
Les conservateurs, de leur coÌ‚té, n’auront pas la taÌ‚che facile. D’abord ils se présentent avec une équipe qui possé€de peu d’expérience gouvernementale. Ils devront faire face, en plusieurs occasions, aÌ€ l’inertie ou aÌ€ la mauvaise volonté d’une fonc- tion publique habituée aÌ€ travailler avec les libéraux depuis tant d’années. En Chambre, ils feront face aÌ€ une re- doutable opposition. Les trois partis qui détiennent ce qu’on appelle la ba- lance du pouvoir représentent aÌ€ bien des égards l’antinomie idéologique du programme conservateur. La seule exception est celle du Bloc québécois, mais seulement en ce qui concerne l’assouplissement du fédéralisme.
Stephen Harper devra donc se rap- procher du centre autant que cela lui sera possible sans trahir carrément son programme. En d’autres termes, il lui faudra revenir, pour une bonne part, aÌ€ l’orientation de l’ancien Parti progres- siste-conservateur. Ses collé€gues issus de l’aile droite du parti, de la faction Réforme-Alliance, le lui permettront- ils? Il faut le souhaiter si l’on espé€re que ce gouvernement parvienne aÌ€ se faire accréditer. Si le centre démographique du Canada se déplace vers l’ouest, il faut tenir compte du fait que la majorité de la population est toujours en Ontario. « The West wants in », selon la célé€bre formule de Preston Manning. Mais la dure réalité démographique ne permet pas aÌ€ l’Ouest de s’imposer avec autant de force que l’Est l’a fait jusqu’ici.
Il faut aussi aÌ€ tout prix que Harper maintienne sa percée au Québec et s’applique aÌ€ y construire une organisa- tion. Il en va de mé‚me pour les provinces atlantiques.
Une des raisons majeures des déboires conservateurs au cours du sié€- cle dernier tient aÌ€ l’incapacité de ce parti de s’implanter au Québec. Cela a été duÌ‚ pendant longtemps aÌ€ sa doctrine impérialiste, surtout au chapitre de la Défense. Plus récemment, les conserva- teurs ont été victimes des manœuvres d’habiles politiciens libéraux, alors mé‚me que les prises de position de leurs chefs, Robert Stanfield et Joe Clark en particulier, avaient tout pour s’attirer de fortes sympathies dans la province franco- phone. Seul le Québécois Brian Mulroney a admirable- ment réussi, mieux qu’au- cun leader conservateur ne l’avait fait depuis le XIXe sié€- cle, aÌ€ rapprocher les Tories du Canada anglais, notam- ment ceux de l’Ouest, de l’électorat du Québec. Cette synthé€se s’est échouée sur la faillite des accords du lac Meech et sur la répudiation massive qui s’en suivi au Canada anglais. Harper parviendra-t-il aÌ€ la reconstituer? C’est laÌ€ pour lui un défi majeur.
Enfin, le nouveau premier mi- nistre devra aussi rebaÌ‚tir la relation canado-américaine. Encore ici, il s’agit d’opérer un amalgame subtil entre les nécessités de notre appartenance nord- américaine et le nationalisme incon- tournable des Canadiens.
VoilaÌ€ donc deux préoccupations majeures du nouveau gouvernement. Maintenir aÌ€ la fois l’unité nationale du pays et ses bonnes relations avec son voisin du Sud. L’analyse qui suit s’en tiendra aÌ€ ces deux éléments de la con- joncture nouvelle.
En un seul petit discours prononcé aÌ€ Québec, le 19 décembre 2005, Stephen Harper s’est mérité dix sié€ges et un accroissement considérable du vote populaire au Québec. Pour bien com- prendre ce phénomé€ne aÌ€ la fois si sim- ple et si lourd de conséquences, il faut revenir aÌ€ quelques vérités fondamen- tales qui parviennent difficilement aÌ€ s’imposer dans l’ensemble du Canada.
Les Québécois sont profondément fédéralistes, aÌ€ une forte majorité. Ils sont probablement mé‚me les plus fédéralistes de tous les Canadiens, dans la mesure ouÌ€ le fédéralisme signifie le partage du pou- voir entre deux niveaux de gouverne- ment. Quand ils ont été tentés par la sécession, c’est essentiellement en rai- son de ce qu’ils ont perçu comme la fail- lite du fédéralisme canadien. Les deux arguments massue de la campagne référendaire pour le OUI en 1995 étaient les suivants : le Québec a été isolé au moment du rapatriement de la Constitution en 1981 et 1982 ; le Québec a été rejeté par une majorité de Canadiens dans la faillite des accords du lac Meech en 1990. Sans doute y avait-il laÌ€ une énorme simplification, mais ces deux affirmations contenaient leur part de vérité.
Pour peu qu’on s’adresse aux revendications traditionnelles du Québec, entre autres la reconnaissance de la spécificité, le respect de l’au- tonomie provinciale, la limitation du pouvoir de dépenser d’Ottawa, il se trouve toujours une bonne majorité de Québécois pour accepter ce que René Lévesque a appelé « le beau risque ». Brian Mulroney a bien compris cela et a failli passer aÌ€ l’histoire comme l’archi- tecte d’un grand compromis canadien. Jean Chrétien ne l’a pas compris et cela lui a valu la pié€tre distinction d’é‚tre le seul leader politique issu du Québec aÌ€ ne jamais obtenir une majorité de sié€ges dans sa province natale. Au lieu de s’adresser directement aux arguments du référendum et s’engager aÌ€ restaurer le fédéralisme en s’adressant aux griefs québécois, il a tenté de se gagner l’adhésion des Québécois avec des com- mandites tout en tenant une ligne dure pour entraver la possibilité d’un autre référendum.
Les Canadiens des autres provinces ne semblent pas avoir appréhendé la gravité du scandale des commandites. Il ne s’agissait pas de corruption politique comme on en trouve un peu partout et dans tous les partis politiques. Il s’agissait de cor- ruption dans le contexte de l’unité nationale du pays. On a cru pouvoir « vendre » le Canada aux Québécois de langue française. AÌ€ tort ou aÌ€ raison, beaucoup de Québécois ont vu dans ce scandale la reprise d’une tendance his- torique, comme si le pouvoir fédéral n’avait constamment obtenu sa légitimité que par le moyen de prébendes. Dépités par ce phénomé€ne, les Québécois ont été fort nombreux aÌ€ accorder leur appui au Bloc québécois. Mé‚me apré€s la percée conservatrice, le parti souverainiste aÌ€ Ottawa conserve une forte majorité de sié€ges, une plu- ralité imposante du vote et des gains notoires aupré€s des électeurs issus de l’immigration.
Or voilaÌ€ que Stephen Harper tente le tout pour le tout pour remon- ter la pente au Québec. Il s’engage aÌ€ s’adresser au problé€me du déséquilibre fiscal, aÌ€ limiter le pouvoir de dépenser du gouvernement fédéral et aÌ€ accorder au Québec un certain statut dans des organisations internationales traitant de questions qui sont du ressort des compétences provinciales. Cela a suffi pour que le Parti conservateur s’éta- blisse comme le premier parti fédéra- liste au Québec, mé‚me s’il n’offrait pas une brochette de candidats tré€s impressionnante.
Pourquoi cela s’est-il manifesté surtout dans la région de Québec? Peut- é‚tre parce que la ville de Québec s’est longtemps présentée comme la premié€re ville du Canada, le lieu de la fondation de la Confédération, une seconde capitale en quelque sorte. Les gouverneurs généraux ont fait de la Citadelle de Québec leur seconde résidence officielle. Québec a souvent été le théaÌ‚tre de grandes conférences canadiennes. Les habitants de cette ville ont toujours été moins nationalistes que ceux de Montréal. Cela était déjaÌ€ vrai au moment de la rébellion des Patriotes en 1837. Ce l’était encore au temps de Wilfrid Laurier, puis aÌ€ l’époque d’Ernest Lapointe, aÌ€ celle de Louis Saint-Laurent, tous trois représentants de la Vieille Capitale aux Communes. L’Université Laval a été longtemps plus ouverte au reste du Canada que l’Université de Montréal. Ce n’est plus vrai depuis plusieurs années. Mais il y a lieu de croire que, dans cette ville presque exclusivement franco- phone, on se sent moins menacé par la domination de la majorité canadienne que dans la métropole.
De toute façon, on peut noter un accroissement du vote conserva- teur un peu partout dans la province. Le Montréal anglophone, cependant, n’a pas emboiÌ‚té le pas, en dépit de l’in- vitation du quotidien The Gazette. Cela peut s’expliquer par l’absence de can- didats de prestige et par la popularité des candidats libéraux qui y sont bien implantés. Mais peut-é‚tre aussi n’a- t-on pas bien saisi que l’unité nationale du Canada ne sera réalisée qu’au prix d’une certaine décentralisa- tion des pouvoirs et du respect de la différence québécoise.
Dans le Montréal anglophone, comme dans l’Ontario urbain, en grande part, on semble croire que l’unité nationale s’incarne dans une conception toute jacobine d’un Canada, nation homogé€ne, indivisible et unique, aÌ€ l’instar de la nation améri- caine. Sans doute, la diversité ethnique est-elle présente dans ce type de nation, mais il n’y a gué€re place pour deux véri- tables niveaux de souveraineté, selon une interprétation qui a souvent pré- valu dans le passé et qui prévaut encore au Québec. AÌ€ cet égard, contrairement aÌ€ ce que pourraient croire beaucoup de Canadiens, il s’en trouve plusieurs au Québec pour se réjouir de ce qu’un Canadien de langue anglaise prenne enfin la té‚te du gouvernement et ne se présente pas, comme des leaders québé- cois l’ont fait si souvent dans le passé, en interpré€te par excellence des aspira- tions et intéré‚ts de la province fran- cophone. Il est vrai que les Québécois sont aÌ€ mille lieues de la mentalité qui prévaut en Alberta. Mais le compromis canadien consiste peut-é‚tre bien davan- tage dans le respect des différences que dans un vain désir de partager une mé‚me vision du monde.
VoilaÌ€ donc le pari de Stephen Harper. Persuader le reste du Canada que les exigences du Québec sont acceptables et ne correspondent gué€re plus qu’aÌ€ un véritable partage de pou- voirs et au respect de la spécificité québécoise. S’il réussit, il a de fortes chances d’opérer un véritable réaligne- ment politique au Québec et aussi dans le reste du Canada qui aura ainsi cons- taté aÌ€ quel point une politique décen- tralisatrice peut constituer un antidote au mouvement souverainiste québé- cois. S’il ne réussit pas, son passage au pouvoir risque fort de ne constituer gué€re plus qu’un faux espoir pour le Québec et aÌ€ un retour en force du mouvement souverainiste.
Un Canada moins obsédé par son unité nationale est aussi susceptible de constituer un meilleur partenaire pour les EÌtats-Unis.
On peut déceler assez fréquem- ment dans l’histoire du Canada une corrélation entre la souplesse fédérale-provinciale et de meilleures relations avec notre voisin du Sud. Diefenbaker et Trudeau ont tous les deux, chacun aÌ€ leur façon, proÌ‚né aÌ€ la fois une grande nation canadienne symétrique et une politique de distan- ciation aÌ€ l’égard des EÌtats-Unis. En fait, le nationalisme s’adresse presque invariablement en mé‚me temps aux tendances centrifuges aÌ€ l’intérieur et aux menaces extérieures. Pearson et Mulroney, pour leur part, ont été aussi bien disposés aÌ€ l’égard des provinces canadiennes que pleins d’égards aÌ€ l’en- droit des EÌtats-Unis sans pour cela renoncer aÌ€ se démarquer aÌ€ l’occasion. La diplomatie et le sens du compromis ont joué au niveau des relations cana- do-américaines aussi bien qu’au niveau des relations fédérales-provinciales.
Stephen Harper semble bien se rat- tacher aÌ€ ce dernier courant. D’ailleurs, depuis 1968, le Parti conservateur (autant sous sa forme présente que sous l’ancienne enveloppe progressiste-conservatrice) se présente invariablement comme l’organe des bonnes relations avec les EÌtats- Unis, aÌ€ l’encontre d’un Parti libéral jugé souvent trop nationaliste. Mé‚me Paul Martin, qui devait restaurer le climat des relations entre les deux pays, s’est vite lais- sé aller aÌ€ des déclarations intempestives aÌ€ l’égard du grand voisin, y voyant sans doute un moyen de gagner des appuis aupré€s de la population.
Le chef conservateur, pour sa part, en bon représentant de l’Alberta, n’a pas manqué une occasion pour s’op- poser aÌ€ des politiques libérales soi- disant antiaméricaines. Il a reproché au gouvernement Chrétien son manque de collaboration au moment de l’inva- sion américaine en Irak. AÌ€ l’instar du gouvernement Bush, il s’est opposé aÌ€ la ratification du protocole de Kyoto. Et il a adopté des positions conservatrices en matié€re de punition des jeunes con- trevenants, de soutien aux services de garde, de légalisation des drogues douces, de mariage homosexuel et de droit aÌ€ l’avortement.
Il faut cependant s’empresser tout de suite d’atténuer la portée de ces orientations alignées sur les EÌtats-Unis. D’abord, parce que les relations canado- américaines se situent bien au-delaÌ€ du niveau politique. Les liens qui unissent depuis longtemps les deux pays ont un caracté€re structurel permanent et ne peu- vent é‚tre modifiés de façon substantielle par les changements de gouvernement. Les intéré‚ts commerciaux, énergétiques, militaires, culturels et humains sont telle- ment étendus qu’aucun gouvernement n’a pu ni voulu les affecter sensiblement. En conséquence, les différends qui ne manquent pas de surgir dans le cadre de ces relations intenses sont aussi fondés sur des intéré‚ts qui ne changent pas avec l’apparition d’une nouvelle équipe gou- vernementale dans un pays ou dans l’autre. On peut donc prévoir que les con- servateurs défendront ces intéré‚ts (notamment en ce qui a trait au com- merce) avec la mé‚me vigueur que leurs prédécesseurs, comme l’illustre bien l’af- fectation du libéral David Emerson au portefeuille du Commerce extérieur.
Ajoutons aÌ€ cela le fait que le nou- veau premier ministre, en raison de sa situation minoritaire au Parlement, ne pourra se permettre de s’avancer trop loin dans ses politiques de droite, sous peine de provoquer une collision frontale avec les forces de l’Opposition et, ne l’oublions pas, avec une majorité de l’opinion publique canadienne. De plus, celui qui devient premier ministre en février 2006 est un homme changé. De son propre aveu, Stephen Harper a « évolué » dans ses prises de position. Il ne parle plus d’envoyer des soldats canadiens en Irak. Maturation poli- tique oblige, il se rapproche du centre. Avant mé‚me de prendre le pouvoir, il a voulu, sans que cela soit vraiment nécessaire, contredire l’ambassadeur des EÌtats-Unis qui rappelait discré€te- ment la position américaine eu égard aÌ€ la navigation dans l’Arctique.
Il y a donc fort aÌ€ parier que les rela- tions entre les EÌtats-Unis et le Canada ne changeront pas profondément. Ce qui peut changer cependant, et ce n’est pas sans importance, c’est le climat de ces relations. Stephen Harper et George Bush entretiendront fort probablement des relations cordiales et feront valoir davantage aÌ€ la face du monde la force du partenariat américano-canadien. Les EÌtats-Unis et le Canada peuvent é‚tre considérés aÌ€ plus d’un titre comme les deux pays les plus intégrés l’un aÌ€ l’autre dans l’ensemble des nations industrialisées. Un gouvernement canadien moins nationaliste et plus modeste face aÌ€ un gouvernement américain qui a perdu beaucoup de son arrogance pourrait créer une nouvelle atmosphé€re dans le contexte continen- tal au point, peut-é‚tre, de faciliter une résolution plus rapide des conflits.
Moins de nationalisme dans les relations fédérales-provinciales, plus de souplesse dans les relations avec les EÌtats-Unis. Sans doute cela ne se produira ni automatiquement ni sans difficultés et oppositions. Si les conservateurs parviennent aÌ€ rallier l’Est et l’Ouest, le Québec et l’ensem- ble du Canada aÌ€ cette nouvelle orien- tation, ils pourront peut-é‚tre ouvrir une nouvelle é€re dans l’histoire poli- tique de notre pays. S’ils n’y parvien- nent pas, si le poids des anciens antagonismes entrave ces change- ments, les libéraux seront bientoÌ‚t pré‚ts aÌ€ se présenter aÌ€ nouveau comme le parti naturel du gouvernement et le passage des conservateurs au pouvoir n’aura été qu’une autre parenthé€se.