«Bonjour, ici Frank McKenna, premier ministre du Nouveau-Brunswick. Comment puis-je vous aider à investir dans ma province? » Voilà en substance le message du gouvernement libéral de Frank McKenna aux investisseurs potentiels utilisant la ligne téléphonique sans frais 1 800 McKenna ! Nous sommes en 1987 et Frank McKenna vient de ramener les libéraux au pouvoir après 17 années de règne du progressiste-conservateur Richard Hatfield. Miné par des scandales personnels et usé politiquement, ce dernier a subi une défaite humiliante aux mains des troupes de Frank McKenna, qui ont remporté tous les 58 sièges de l’Assemblée législative le soir des élections. Une seule autre fois dans l’histoire politique canadienne un parti avait réussi à mettre la main sur l’ensemble des sièges d’une assemblée législative : c’était en 1935 à l’Île-du-PrinceÉdouard, où le libéral Wallace Lea avait gagné tous les sièges.

Le rouleau compresseur ne s’est pas arrêté là. Dès le lendemain de l’assermentation du gouvernement McKenna, trois sous-ministres ont été congédiés sur le champ et ont dû‚ quitter leur bureau subito presto. Une demi-douzaine ont perdu leur poste parce qu’ils étaient considérés comme trop près de l’ancien gouvernement Hatfield. Ces congédiements sommaires ont coûté aux contribuables un peu plus d’un demi-million de dollars en compensations versées aux sousministres concernés. Un proche collaborateur du premier ministre McKenna a avoué candidement que plus de têtes auraient roulé n’eût été les coûts à assumer.

Un autre geste symbolique de Frank McKenna dans les tout premiers jours de son mandat a été la mise en vente de l’avion utilisé par le gouvernement précédent. Lorsqu’il était chef de l’opposition officielle, il avait vive-ment dénoncé les « abus » concernant l’usage de l’appareil par le premier ministre Hatfield et son entourage. En se débarrassant de l’avion gouvernemental, Frank McKenna a fait d’une pierre deux coups : non seulement le NouveauBrunswick devait entreprendre une cure minceur et vivre selon ses moyens, il fallait aussi que son gouvernement et lui-même prêchent par l’exemple. C’est ainsi que, lors d’un de ses premiers déplacements officiels à l’extérieur de la province, McKenna a pris soin d’inviter la presse pour le voir monter à bord d’un avion commercial. Toutefois, après la vente de l’appareil, le gouvernement McKenna a dû‚ recourir occasionnellement à la location d’appareils privés pour les déplacements de ses membres. Un jour, un avion nolisé transportant le premier ministre a connu des ennuis mécaniques avec le train d’atterrissage. Après avoir tourné un long moment au-dessus de l’aéroport de Fredericton, l’appareil a pu se poser sur le ventre sans subir trop de dommages. Le premier ministre en a été quitte pour une bonne frousse, et son gouvernement a fait l’acquisition d’un nouvel avion peu après.

Avocat de profession, énergique et excellent communicateur, Frank McKenna entend diriger le NouveauBrunswick avec une approche qui s’apparente au monde des affaires. Sa première priorité est la création d’emplois et la mise en ordre des finances publiques de la province. Fini le temps des mandats spéciaux pour boucler les fins d’années budgétaires comme sous la gouverne de Richard Hatfield. Au nom de la rationalisation et d’une meilleure utilisation des fonds publics, il fait adopter par l’Assemblée législative une des premières lois au pays obligeant le gouvernement à déposer un budget équilibré. Il force ensuite certaines municipalités à se fusionner. Plusieurs premiers ministres provinciaux au pays suivront son exemple. C’est ainsi que l’Ontario de Mike Harris légiférera pour regrouper les villes adjacentes de Toronto dans une seule grande ville. Le Québec optera aussi pour les fusions dans les agglomérations de Montréal et de Québec, mais le gouvernement Charest y mettra le holà en permettant plus tard les défusions municipales.

Le gouvernement McKenna innove en matière de communication. Il crée en 1989 une société de la Couronne, Service Nouveau-Brunswick, qui servira d’inspiration pour d’autres provinces — dont le Québec — ainsi que pour le gouvernement fédéral, qui établira de son côté Service Canada. Service Nouveau-Brunswick est une structure de guichet unique offrant une gamme de services gouvernementaux dans un même lieu. Puis, en 1994, c’est la mise sur pied d’un secrétariat de l’autoroute électronique. La compagnie téléphonique NBTel sera la première en Amérique du Nord à se doter d’un réseau de fibre optique. Le gouvernement McKenna sait capitaliser sur ces infrastructures à la fine pointe de la technologie pour créer des emplois dans le secteur des centres téléphoniques.

Avocat de profession, énergique et excellent communicateur, Frank McKenna entend diriger le Nouveau-Brunswick avec une approche qui s’apparente au monde des affaires. Sa première priorité est la création d’emplois et la mise en ordre des finances publiques de la province.

Par ailleurs, Frank McKenna n’hésite pas à parcourir le Canada et les États-Unis afin de convaincre de grandes entreprises multinationales de s’installer dans sa province pour bénéficier d’une main-d’œuvre bilingue et d’un environnement favorable aux affaires. L’approche agressive du premier ministre en vue d’attirer des investisseurs dans sa province provoquera l’ire de certains de ses collègues des autres provinces.

Le premier ministre modernise aussi le réseau routier de la province en formant un partenariat avec le secteur privé pour faire construire une autoroute à quatre voies, qui s’étendra graduellement de la frontière de la Nouvelle-Écosse à celle du Québec. Le financement de cette importante infrastructure devait provenir de l’installation de postes de péage. Mais le chef libéral quittera la vie politique avant que l’autoroute ne soit terminée et que les péages ne soient en place. C’est son successeur Camille Thériault qui devra affronter la tempête politique déclenchée par les opposants aux péages. La campagne électorale de 1999 fera une grande place à cet enjeu, les progressistesconservateurs dirigés par le nouveau jeune chef Bernard Lord promettant d’abolir les péages s’ils sont portés au pouvoir. En effet, le Parti progressisteconservateur remportera la plus grande victoire de son histoire et fera démanteler les péages.

Bien installé au pouvoir face à un Parti progressiste-conservateur moribond, Frank McKenna est entraîné dans les eaux troubles de l’Accord du lac Meech. Le premier ministre Hatfield avait donné son consentement à l’entente conclue en 1987. Toutefois, il ne l’a pas fait ratifier par l’Assemblée législative dans le délai prévu de trois ans, soit avant le 23 juin 1990. Les représentants des communautés minoritaires francophones à l’extérieur du Québec demandent alors de rouvrir l’Accord afin d’y inclure des dispositions assurant mieux la protection de leurs droits. L’instance nationale, la Fédération des francophones hors Québec (FFHQ), présidée par l’Acadien Yvon Fontaine, et la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB), dirigée par Michel Doucet, font pression sur le gouvernement fédéral et les autorités du Québec et du NouveauBrunswick pour que l’Accord soit bonifié. Frank McKenna est chef de l’opposition officielle lorsqu’il est approché par Michel Doucet, qui est aussi professeur de droit constitutionnel à l’Université de Moncton. Le futur premier ministre est entouré de deux Acadiens de confiance, qui occuperont par la suite des postes importants dans son administration. Il s’agit de Fernand Landry, qui deviendra sous-ministre du son cabinet, et de son épouse Aldéa Landry, qui sera vicepremière ministre et ministre des Affaires intergouvernementales dans le premier gouvernement McKenna.

Convaincu par les arguments de la SANB et conforté dans son opinion par ces deux proches conseillers, Frank McKenna s’engage à renégocier l’Accord du lac Meech s’il est élu ; mais sans le savoir, le futur premier ministre deviendra pour plusieurs le fossoyeur de Meech. À peine un mois et demi après son élection, Frank McKenna participe à une conférence des premiers ministres à Toronto où il déclare à des journalistes que « les francophones du Nouveau-Brunswick sont très hostiles envers l’entente du lac Meech ». La réplique de Robert Bourassa est immédiate. S’étant rendu quelques semaines plus tôt à Moncton pour convaincre la SANB et la FFHQ de persuader Frank McKenna de ratifier l’Accord, le premier ministre du Québec affirme que les Acadiens lui auraient dit « qu’ils voulaient améliorer l’accord mais qu’ils ne feraient rien pour le compromettre ».

Si la position de la SANB est ambiguë quant à la ratification de l’entente par le Nouveau-Brunswick, celle de la FFHQ semble claire. Selon un reportage de L’Acadie nouvelle, le président de la FFHQ Yvon Fontaine est « d’avis que l’accord ne devrait pas être signé sans qu’il y soit inclus des garanties formelles pour l’avenir des francophones du Canada ». Les deux organismes diront ensuite d’avoir précisé à Frank McKenna qu’ils ne voulaient pas de scénario extrémiste, c’est-à-dire un refus catégorique du Nouveau-Brunswick de signer l’entente. Toutefois, dans un communiqué de presse conjoint, la FFHQ et la SANB « encouragent vivement le premier ministre McKenna à poursuivre l’engagement qu’il s’est donné d’entamer la discussion pour améliorer les droits des francophones et des Acadiens ». On peut donc conclure que Frank McKenna est amené à entrouvrir l’Accord à la demande de ces deux organismes. Clyde Wells à Terre-Neuve-et-Labrador de même que Elijah Harper au Manitoba s’engouffrent alors dans la brèche pour torpiller Meech, signant ainsi sa fin.

Cap donc sur l’Accord de Charlottetown : cette fois-ci, c’est Robert Bourassa, en voulant souffler le chaud et le froid sur le fédéral et les autres provinces, qui a l’idée de demander à la population du Québec de donner son accord à l’entente par voie de référendum. Ottawa est alors obligé d’adopter sa loi sur les référendums pour que le reste de la population canadienne puisse être consultée. La stratégie de Robert Bourassa sera un fiasco, le Québec et une majorité de provinces anglophones rejetant l’Accord de Charlottetown en octobre 1992.

Quelque 20 ans auparavant donc, Robert Bourassa, après avoir dit oui lors de la conférence constitutionnelle de Victoria, était retourné au Québec pour céder aux différentes pressions, dont celles de cryptosouverainistes de son entourage immédiat, tel Claude Morin, alors sous-ministre des Affaires intergouvernementales et par la suite ministre du même portefeuille dans le premier gouvernement souverainiste de René Lévesque. Claude Ryan, à l’époque directeur du quotidien Le Devoir avant de prendre la tête du Parti libéral du Québec, avait, dans la page éditoriale, vivement condamné l’entente de Victoria parce qu’elle allait à l’encontre du Québec en ce qui concernait la question de la politique sociale. Dans son éditorial du 25 juin 1971 intitulé « Le non d’un gouvernement et d’un peuple », il avait félicité le premier ministre et s’était réjoui de sa volte-face. Robert Bourassa, après avoir ainsi sabordé la Charte de Victoria en 1971 qui accordait au Québec une de ses demandes historiques, à savoir un droit de veto pour tout changement à la Constitution, aura rendu quasi impossible toute réforme constitutionnelle en ajoutant à la formule d’amendement de 1982 l’obligation de faire ratifier l’Accord de Charlottetown par un référendum.

Après quatre ans au pouvoir sans aucune opposition officielle à l’Assemblée législative, Frank McKenna déclenche des élections en 1991 afin d’obtenir un deuxième mandat de la population. Le Parti progressisteconservateur ne s’est pas encore remis de sa cuisante défaite de 1987 et ne peut empêcher une autre victoire décisive des libéraux. Toutefois, le soir des élections, la population anglophone de la province réserve une surprise désagréable au premier ministre en élisant huit membres du parti antibilinguisme Confederation of Regions Party (CoR), qui devient l’opposition officielle à l’Assemblée législative.

Fondée en 1989, l’aile provinciale de ce parti fédéral s’oppose vivement au bilinguisme officiel institué en 1969 par le gouvernement de Louis Robichaud, le premier Acadien à être élu premier ministre du NouveauBrunswick. La population acadienne est sous le choc, et on peut comprendre qu’elle exige davantage protections constitutionnelles. CoR a l’intention, s’il est porté pouvoir, d’abolir la Loi sur les langues officielles de 1969 et de redonner au Nouveau-Brunswick son statut de province unilingue anglophone. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre les efforts répétés des leaders acadiens et francophones auprès du gouvernement McKenna pour qu’il négocie avec Ottawa, cette fois-ci sur une base bilatérale, des changements à la Constitution touchant spécifiquement le Nouveau-Brunswick, et non l’ensemble des provinces.

En 1993, l’enchâssement dans la Constitution canadienne des principes de la Loi reconnaissant l’égalité des deux communautés linguistiques officielles au Nouveau-Brunswick (la loi 88) permettra au gouvernement de Frank McKenna, après les échecs de Meech et de Charlottetown, de répondre favorablement aux demandes de la communauté acadienne en vue d’une meilleure reconnaissance et d’une meilleure protection de ses droits. Au printemps de cette même année, le gouvernement de Brian Mulroney, affaibli par des scandales et deux échecs constitutionnels consécutifs, est en pleine implosion. Son bras droit pour le Québec, Lucien Bouchard, a quitté le navire en perdition quelques années plus tôt pour fonder le Bloc québécois en 1990. C’est donc quelques mois avant la défaite historique des conservateurs fédéraux aux élections de l’automne 1993 que la communauté acadienne aura réussi à convaincre le gouvernement de Frank McKenna et celui de Brian Mulroney de consolider ses droits dans la Constitution canadienne.

Aux élections de 1995, Frank McKenna conduit ses troupes à une troisième victoire consécutive avec une confortable majorité. Le CoR, miné par des conflits et des rivalités internes, ne réussit même pas à faire élire un seul de ses candidats, et il sera officiellement dissout en 2002. Certains de ses membres retourneront au Parti progressiste-conservateur qui, à ce moment-là, commence tout juste à renaître de ses cendres. Ce seront les dernières élections de Frank McKenna. Lorsqu’il a été élu pour la première fois en 1987, il s’était dit prêt à servir sa province pour une période maximale de 10 ans. Il avait bel et bien l’intention de tenir sa promesse. C’est ainsi qu’il annonce le 13 octobre 1997, 10 ans exactement après la fulgurante victoire du Parti libéral, sa démission comme premier ministre et député pour retourner à la pratique du droit.

À bien des égards, le Parti libéral de Frank McKenna a été différent de celui dirigé par Louis Robichaud. C’était un secret de polichinelle qu’il n’y avait pas d’atomes crochus entre les deux hommes. Lorsqu’il était arrivé au pouvoir en 1960, Louis Robichaud avait procédé à une vaste et profonde réforme de l’appareil gouvernemental. Le programme Chances égales pour tous avait permis la modernisation du NouveauBrunswick tout en assurant un meilleur partage de la richesse. Mais le premier ministre a dû‚ subir les attaques sans merci de l’empire Irving, dont les intérêts n’étaient pas servis par les réformes libérales. Le gouvernement de Louis Robichaud s’était situé davantage au centre gauche de l’axe politique.

Pour sa part, Frank McKenna, très près du monde des affaires et de la grande entreprise, a voulu diriger sa province comme un p.-d.g. Sous sa direction, le Parti libéral est passé nettement à la droite de l’échiquier politique. Ses successeurs à la direction — Camille Thériault, brièvement premier ministre avant de connaître une cuisante défaite aux mains des troupes de Bernard Lord en 1999, et Shawn Graham, le seul premier ministre dans l’histoire de la province ayant obtenu un seul mandat — ont tous deux maintenu le cap à droite. Aujourd’hui, le Parti libéral est à la recherche d’un nouveau chef. Parmi les candidats en lice se trouve un jeune avocat acadien de 29 ans, Brian Gallant. S’il est élu, le parti continuera sa tradition de faire confiance à de jeunes leaders pour le diriger. On verra alors si celui-ci ramènera le Parti libéral davantage vers le centre gauche.

En 1987, il s’était dit prêt à servir sa province pour une période maximale de 10 ans. Il avait bel et bien l’intention de tenir sa promesse. C’est ainsi qu’il annonce le 13 octobre 1997, 10 ans exactement après la fulgurante victoire du Parti libéral, sa démission comme premier ministre et député pour retourner à la pratique du droit.

Le « p’tit gars d’Apohaqui », après un interlude comme ambassadeur du Canada à Washington sous le gouvernement libéral de Paul Martin, est maintenant la coqueluche de Bay Street. Philanthrope, il côtoie des personnalités comme Bill Clinton, avec qui il mène des actions humanitaires pour les plus démunis de la planète. Son passage comme premier ministre du NouveauBrunswick aura permis à la province de sortir de l’ombre et de donner une fierté à sa population. Grâce aux efforts de Frank McKenna pour positionner sa province dans le peloton de tête des endroits à investir en Amérique du Nord, le Nouveau-Brunswick sera de plus en plus perçu comme une province dynamique et innovante.

La déroute des libéraux fédéraux, depuis le départ de Jean Chrétien et la succession de chefs malheureux à la tête d’un parti en chute libre, relance le moulin à rumeurs d’un retour de Frank McKenna à la vie politique pour prendre les rênes de la formation qui a été le plus longtemps au pouvoir depuis les débuts de la confédération canadienne en 1867. Courtisé de toutes parts, il a résisté jusqu’à présent aux appels pressants de ceux qui voient en lui le prochain sauveur du Parti libéral. Il semble bien que Frank McKenna, aujourd’hui dans la soixantaine, ait définitivement renoncé à jouer un rôle sur la scène politique nationale. Il est intéressant de constater que depuis la formation de la confédération canadienne — à l’exception de sir John Sparrow David Thompson, brièvement premier ministre de la Nouvelle-Écosse avant de devenir le cinquième premier ministre du Canada —, aucun ancien premier ministre d’une province ne soit parvenu à prendre le pouvoir à Ottawa. Le dernier à avoir tenté sa chance est l’ancien premier ministre progressisteconservateur de la Nouvelle-Écosse, Robert Stanfield. Élu chef de son parti en 1967, il avait dû‚ affronter aux élections de 1968 le nouveau chef du Parti libéral du Canada, un certain Pierre Elliott Trudeau, et avait été emporté par la vague de la trudeaumanie déferlant sur le Canada.

Frank McKenna est le produit de la culture politique du NouveauBrunswick, une petite province qui, au cours des cinq dernières décennies, a porté au pouvoir de jeunes leaders. Louis Robichaud, Richard Hatfield, Frank McKenna, Bernard Lord, Shawn Graham ont tous été élus lorsqu’ils étaient dans la trentaine ou au début de la quarantaine. Le Nouveau-Brunswick, à l’origine une province unilingue anglophone fondée par les Loyalistes, est devenu l’unique province officiellement bilingue au Canada. C’est une province qui a connu une véritable révolution tranquille sous la direction de Louis Robichaud ; elle a consolidé sa paix linguistique sous le leadership de Richard Hatfield puis de Bernard Lord ; elle est entrée dans l’ère des technologies de l’information sous la gouverne de Frank McKenna ; et elle a vu deux de ses anciens premiers ministres, Frank McKenna et Bernard Lord, courtisés par leurs partis respectifs pour faire leur entrée sur la scène nationale. Les progressistes-conservateurs, après leur déroute de 1993, voyaient en Bernard Lord le jeune chef parfaitement bilingue qui pourrait les ramener au pouvoir. Beaucoup de libéraux auraient aimé que Frank McKenna prenne les rênes de leur formation politique pour qu’ils puissent renouer avec la victoire et le pouvoir. Pour toutes ces raisons, le Nouveau-Brunswick mérite que l’un de ses anciens premiers ministres soit classé parmi les cinq premiers ministres provinciaux qui ont marqué le plus le Canada au cours des 40 dernières années.

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Roger Ouellette est professeur titulaire au Département de science politique à l’Université de Moncton.

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