C’est pour moi un honneur et un plaisir de me retrouver ici a  cette tribune. Je suis particuliérement fier d’étre ici a un moment ou notre parti se bat pour définir les prémisses d’un nouvel agenda politique pour le Québec. Il y a quelques jours, un sondage nous apprenait que 63 p. 100 des Québécois de 45 ans et moins refusaient d’étre étiquetés comme fédéralistes ou souverainistes. Les Québécois sont rendus ailleurs. Des enjeux nouveaux sont devant nous et requiérent des débats nouveaux et des solutions nouvelles. L’ADQ, c’est justement l’expression populaire de cette volonté de passer a autre chose, d’ouvrir de nouveaux horizons sur de nouveaux enjeux.

Au moment ou le Québec entre dans une phase de vieillissement de la population, la pression devient considérable sur nos services publics, notamment en santé. Les exemples de cette pression ne manquent pas : urgences qui débordent, listes d’attente pour les chirurgies, pour les soins a domicile, pour les soins de longue durée. La triste nouvelle, et le Ministre Legault l’a avoué récemment, c’est que ce ne sont la  que les signes avant coureurs du choc démographique québécois.

Pour bien mesurer la dimension du défi, rappelons qu’un Québécois utilise plus de la moitié des soins de santé qu’il va consommer dans sa vie entiere, dans la toute derniere année de son existence. Au Québec, le pourcentage de la population agée de plus de 65 ans va doubler, passant de 12 p. 100 a 24 p. 100 entre 1996 et 2025. Juste en santé, le manque a gagner sera, selon le Ministre, de 14 milliards $ d’ici 2020. C’est un gouffre fi-nancier.

En paralléle, la population active devient proportionnellement moins nombreuse en regard des besoins sociaux que nous devons supporter. La pyramide des agees s’est inversée. Nous n’avons plus les moyens de gaspiller, de tabletter, d’empiler les structures étatiques et de pelleter les dettes par en

Récemment quelqu’un me posait la question dans une assemblée publique : est-ce que les changements majeurs que propose l’ADQ ne reposent pas sur un constat d’échec de la Révolution tranquille? Pas du tout. Au contraire. En observant la vie de tous les jours a Montréal comme partout au Québec, on voit a quel point la Révolution tranquille a été un succés. Nos jeunes sont scolarisés, nous avons des gens d’affaires prospéres, des cadres compétents, des multinationales québécoises. Nous sommes bien loin de 1960, cette époque ou tout devait se faire en s’appuyant sur l’Etat, puisqu’il n’y avait pas d’autres voies.

Les Québécois ont su moderniser leurs institutions politiques, s’assurer d’un plus grand controÌ‚le de leur économie, stimuler une vie culturelle riche, originale, puis la projeter a l’échelle internationale, et intégrer les apports d’une population diversifiée a la vie communautaire et institutionnelle.

Face a ces grandes réalisations, j’éprouve un sentiment de fierté et de gratitude. Nous sommes toutes et tous les héritiers de cette vision courageuse.

Mais cet héritage ne vient pas seul. Il est accompagné par des obligations. Nous avons la responsabilité et l’obligation de le faire fructifier, plutot que de le laisser se dilapider par aveuglement ou par incurie.

C’est en réfléchissant a cette obligation que j’en suis venu a inviter mes concitoyens a passer a une étape nouvelle dans le cheminement historique du Québec. C’est ce que j’appelle le changement responsable.

C’est justement parce que nous avons réussi, parce que la planéte a continué de tourner, et que des défis nouveaux, importants, se présentent aÌ nous, que je crois qu’il est devenu urgent de changer les choses. Si, au début des années 1960, il a bien fallu utiliser l’Etat comme levier de développement, une fois cette œuvre accomplie, il faut avoir la sagesse de passer a la prochaine étape et de redonner l’initiative de choisir aux individus, aux citoyens. Redistributeur, accompagnateur, l’Etat a toujours un role a jouer, mais autrement.

Il faut cesser de croire que toutes les bonnes décisions ne peuvent é‚tre prises a l’extérieur des tours a bureaux de Québec. Notre peuple est éduqué. Il est capable de faire des choix. Il peut décider ce qui est bon pour sa famille, pour sa région, pour l’école de son quartier.

Un gouvernement de l’ADQ souhaite s’appuyer sur des valeurs semblables dans tous les domaines, en santé, en éducation, de mé‚me que dans la réforme de la fonction publique. Plus de pouvoirs pour les citoyens et plus de choix pour les utilisateurs de services publics; la fin des monopoles d’Etat. Plus de liberté dans l’offre de services publics et plus d’autonomie aux directeurs d’établissements en santé et en éducation; la fin de la bureaucratie étouffante. Plus de liberté pour tous; la fin du nivellement par le bas.

Il n’est pas responsable d’ajouter sans fin des milliards dans la santé, sans revoir ni repenser les modéles, jusqu’a ce que plus de la moitié des dépenses publiques du Québec y soient engloutie.

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Il n’est pas responsable de suggérer d’augmenter encore plus les impots ou de laisser accroitre la dette. Saviez-vous que depuis l’atteinte du déficit zéro en 1998, la dette est passe  de 98 a 107 milliards. Etonnant non?

Il n’est pas responsable non plus de laisser sortir de nos écoles prés de 40 p. 100 de nos jeunes sans aucun diploÌ‚me. De laisser nos cerveaux quitter le Québec et de mettre la priorité sur les chicanes de drapeaux. De continuer a engraisser des structures étatiques et a créer de nouveaux monopoles d’Etat alors que nous vivons déja au-dessus de nos moyens.

Je vous résume cela : arréter d’hypothéquer la prochaine génération pour essayer d’acheter la prochaine élection. C’est cela le changement que propose l’ADQ et j’appelle cela le changement responsable.

A quoi le Québec ressemblerait-il si nous nous engagions maintenant dans la voie du changement responsable?

Tout d’abord, les utilisateurs de services publics c’est-a-dire a peu prés tout le monde auraient plus de choix. C’est l’introduction d’une saine concurrence qui permettra de traiter les citoyens comme des clients et non comme des numéros. Pour les parents, cela représenterait une liberté accrue dans le choix du mode de garde et de l’école de leurs enfants, plutot que de se faire proposer un modéle unique et monolithique. En misant sur l’autonomie du citoyen, on lui redonne ce pouvoir de choisir et d’étre le client, tout en maintenant le financement public et l’accessibilité. L’ Etat joue son role autrement.

Deuxiémement, le changement responsable accroiÌ‚trait l’autonomie des infirmiéres, des médecins, des enseignants et de tous les autres serviteurs du public. En leur redonnant le droit d’initiative et en récompensant mieux leurs efforts, le changement responsable libérerait le talent et le pouvoir d’initiative des cadres et professionnels des réseaux. Cela aménerait la pleine utilisation des ressources dans le systéme de santé. C’est en redonnant aux gens, dans chaque milieu professionnel, l’autonomie nécessaire pour relever les défis auxquels ils sont confrontés qu’on pourra enfin balayer la morosité ambiante et restaurer le plaisir associé au service public. L’Etat joue son role, autrement.

Pour les contribuables, la suppression des monopoles et la création de marchés concurrentiels dans les services publics représenteraient une productivité améliorée et réduiraient le cout des services publics. C’est ainsi qu’on peut ouvrir la porte a une baisse du fardeau fiscal et a une hausse du revenu disponible.

Le changement responsable, c’est gouverner le Québec, gérer nos finances publiques, nos ressources naturelles, notre environnement en pensant au long terme, a l’avenir de nos enfants. Le changement responsable, c’est aussi unir les Québécois de toutes origines derriére un objectif fort de prospérité économique. Cela veut dire un Etat moins lourd, une fiscalité d’autant moins étouffante, une réglementation allégée et a ce chapitre, je répéte devant vous que je vais mettre en application les recommandations du rapport Lemaire sur la simplification de la réglementation aux entreprises.

Pour continuer de grandir, une société comme la notre ne peut se permettre de tergiverser bien longtemps. D’ailleurs, avant que le vent de la Révolution tranquille ne se léve le Québec n’a-t-il pas connu une période d’immobilisme qui s’est étirée, étirée, étirée? Ne répétons pas la méme erreur.

Le bilan s’impose, et nous ne devons pas reculer devant les remises en question. Il faut maintenant aller plus loin, faire grandir le Québec encore. Il faut donc redéployer l’EÌtat du Québec, locomotive de la période antérieure, pour lui permettre de rester en phase avec l’évolution de l’ensemble de la société et celle du milieu international.

Il n’y a pas d’alarme plus retentissante sur la nécessité de faire des changements, que l’exode des cerveaux. Quand des médecins, des ingénieurs, des informaticiens, des jeunes Québécois prennent la décision que leur avenir est ailleurs, que notre Québec n’offre pas les opportunités d’épanouissement, il faut entendre ce signal. J’ai la conviction qu’un Québec qui libére le talent, ou on décloisonne les possibilités, ou la fiscalité est concurrentielle, ou les opportunités se multiplient, va complétement changer la dynamique. Les Québécois qui nous ont quitté ont tous un coin du cœur bien accroché a l’atmosphére du centre ville, a la Place-des-Arts, la rue St-Denis ou la rue St-Laurent, a voir jouer les Canadiens et les Alouettes. Non seulement je ré‚ve d’arré‚ter le mouvement de ces jeunes qui quittent le Québec, mais j’ai la certitude que la décision d’aller vers un changement responsable, de mettre le cap sur la prospérité et de créer des opportunités économiques nouvelles va étre entendu et va faire dire a ceux qui nous ont quittés « Retournons chez nous, c’est la que ca se passe ».

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