On dit souvent qu’on juge une démocratie aÌ€ la façon dont elle traite ses minorités. Au moment ouÌ€ dans la plupart des sociétés occidentales les minorités sont de plus en plus nombreuses et les majorités de plus en plus difficiles aÌ€ trouver, on peut se demander si le vrai défi aÌ€ relever n’est pas celui de la gestion de la diversité plutoÌ‚t que celui du traitement des minorités.

L’embrasement des banlieues françaises l’automne dernier a donné aÌ€ ce problé€me un relief particulier et il n’est pas inutile d’y revenir pour voir ce que ces événements nous enseignent sur les ambitions et les limites du modé€le français d’intégration.

Force est de constater que le problé€me se pose ailleurs mais pas toujours dans les mé‚mes termes, ni avec la mé‚me acuité. L’Allemagne, par exemple, est, elle aussi, confron- tée aÌ€ ce type de défi et il y a peut-é‚tre laÌ€ d’autres enseigne- ments aÌ€ méditer.

Se peut-il que le Canada ait tendance aÌ€ se proposer trop facilement comme modé€le? Le multiculturalisme est-il la bonne réponse pour tout le monde? Les Canadiens eux- mé‚mes risquent-ils un jour de remettre en question un sys- té€me qui met l’accent sur ce qui nous distingue plutoÌ‚t que sur ce qui nous unit?

Mais revenons d’abord aÌ€ la crise des banlieues françaises. Les violences sans précédent auxquelles on a assisté n’étaient pas organisées par des bandes criminelles ou téléguidées par des leaders islamistes. Elles étaient spon- tanées et elles étaient le plus souvent perpétrées par des mineurs aÌ‚gés d’aÌ€ peine 15 ans. Ils avaient l’ambition de faire mieux, c’est-aÌ€-dire pire, que les jeunes de la banlieue voisine et ils étaient ravis de l’attention médiatique qu’ils rece- vaient. Les explications sociologiques ne manquent pas. Ces jeunes sont en échec scolaire, sont déjaÌ€ choÌ‚meurs, sont mal- logés et ont souvent des parents dépassés par leurs propres problé€mes. Ils ne connaissent pas d’autres moyens que la violence pour s’exprimer et toute cette violence exprime d’abord leur désespérance, leur conviction de n’avoir aucun avenir, aucune chance de réaliser leurs ré‚ves. Comment en est-on arrivé laÌ€?

Il faut déjaÌ€ comprendre que la France a intégré avec suc- cé€s des millions de gens venus d’ailleurs. On doit mé‚me dire qu’elle les a assimilés. Les valeurs sacrées de la République, Liberté-Égalité-Fraternité, sont devenues les leurs et cette idée que les nouveaux venus peuvent et doivent s’assimiler reste profondément ancrée dans l’esprit et le cœur des Français. Les plus fervents défenseurs du modé€le d’intégra- tion français sont d’ailleurs souvent des descendants de mineurs polonais ou de réfugiés espagnols.

Lorsque les travailleurs immigrés ont débarqué en masse aÌ€ partir des années 1950 et 1960, venant essen- tiellement d’Afrique du Nord, on n’a pas cherché, eux, aÌ€ les assimiler. Ils étaient intégrés pour le travail mais marginalisés pour tout le reste. Parqués dans des immeubles tout en hauteur aÌ€ la périphérie des grandes villes, ils étaient laÌ€ parce qu’on avait besoin d’eux mais personne ne se sou- ciait particulié€rement de leur intégra- tion. Leurs petits-enfants vivent aujourd’hui dans une situation qui n’est gué€re plus facile, voire mé‚me plus difficile. Ils n’ont pas d’autre pays que la France, ils sont allés aÌ€ l’école de la République et voudraient s’imagi- ner un avenir semblable aÌ€ celui des autres jeunes Français mais ils se heur- tent aÌ€ un mur invisible, celui de la dis- crimination. Leurs parents s’y étaient résignés, eux non.

Au cours des années 1980, les gou- vernements successifs ont com- pris qu’il fallait faire quelque chose. On a reconstruit et humanisé des quartiers, établi des zones d’éduca- tion prioritaires et créé des zones franches pour générer une certaine activité économique, mais l’impact de toutes ces mesures n’a jamais été aÌ€ la hauteur des attentes et des besoins. Depuis les violences de l’automne dernier, le gouvernement a introduit un nouveau train de mesures axées cette fois sur la formation profession- nelle et l’emploi.

Il est évident que la situation de ces jeunes issus de l’immigration maghrébine ou africaine n’a rien aÌ€ voir avec celle des mineurs polonais ou celle des réfugiés espagnols, mais la France reste prisonnié€re de son dis- cours. Au nom du principe d’égalité, on refuse de compiler les statistiques qui permettraient de prendre la mesure exacte des problé€mes dans certaines communautés. Au nom du mé‚me principe, on nie des différences dont il faudrait pourtant tenir compte si on veut trouver des solutions adaptées. On commence aÌ€ reconnaiÌ‚tre qu’un traitement égal pour tous peut é‚tre injuste, mais l’idée qu’on doive, mé‚me pour un temps, favoriser certains au détriment d’autres reste tré€s difficile aÌ€ faire accepter parce que contraire au dogme républicain.

Pour les jeunes des banlieues, c’est le décalage entre ce discours et la réalité qu’ils vivent qui devient insupportable. Le risque pour la France, c’est de voir ces jeunes renoncer au ré‚ve d’intégra- tion pour aller chercher ailleurs, notamment dans les milieux islamistes, une forme de reconnaissance et un autre sentiment d’appartenance.

En Allemagne, la situation est dif- férente aÌ€ bien des égards. Tout d’abord, il faut rappeler que les plus grandes migrations vers l’Allemagne ont été celles des Allemands venus d’Europe centrale et orientale. AÌ€ la fin de la guerre, l’Allemagne de l’Ouest a accueilli les millions d’Allemands qui vivaient en Bohé‚me et dans les provinces de l’Est devenues territoire polonais. Si on ajoute aÌ€ ce nombre les Allemands qui fuyaient le régime com- muniste en RDA, on peut considérer que c’est plus de 15 millions d’Allemands qui sont « rentrés » en Allemagne de l’Ouest. AÌ€ partir de 1989, avec la fin des régimes communistes en Europe centrale, 2 millions d’Allemands sont encore venus s’ajouter aÌ€ l’Alle- magne réunifiée. Et la source n’est pas tarie. On estime qu’il reste toujours 2,5 millions d’Allemands en Russie, en Ukraine et au Kazakhstan. Sur l’ancienne base militaire canadienne de Lahr vivent aujourd’hui des Russes d’origine allemande qui pour la plupart ne parlaient plus l’allemand depuis longtemps. Leurs ancé‚tres vivaient sur les bords de la Volga depuis l’époque de Catherine II !

Sa main-d’œuvre étrangé€re, l’Allemagne de l’Ouest l’a recrutée, aÌ€ partir des années 1950, essentielle- ment en Turquie. La présence de ces « travailleurs invités » devait é‚tre tem- poraire. Aucune stratégie d’intégra- tion n’était donc envisagée. AÌ€ ce refus d’intégrer correspondait aussi un refus de s’intégrer. Encore aujour- d’hui, les familles turques envoient leurs filles en Turquie pour faire au moins une partie de leurs études se- condaires, histoire d’entretenir la tra- dition et de faciliter les mariages au sein de la communauté.

Cela dit, leur situation en Allemagne peut difficilement é‚tre comparée aÌ€ celle des maghrébins en France. D’une part, il n’y a pas de con- tentieux historique, la Turquie n’ayant jamais été une colonie allemande. D’autre part, les Turcs immigrés ne vivent pas regroupés dans les banlieues des grandes villes. Si leur concentra- tion est plus forte dans certains quartiers, ils vivent néanmoins au milieu des Allemands. Pour autant, leur intégration reste limitée.

La communauté turque ainsi que les réfugiés de la guerre dans les Balkans (qui sont plus nombreux en Allemagne que dans tous les autres pays d’Europe) ne se heurtent pas aÌ€ un discours républicain décalé par rapport aÌ€ leur réalité mais plutoÌ‚t aÌ€ une culture et une tradition forte- ment ancrées dans le droit du sang plutoÌ‚t que dans le droit du sol. EÌ‚tre Allemand, ce n’est pas vivre sur un territoire donné, c’est appartenir aÌ€ une nation. Le retour de millions d’Allemands depuis 1945 n’a pu que contribuer aÌ€ enraciner encore un peu plus cette idée qu’on naiÌ‚t Allemand, qu’on reste Allemand, qu’on ne le devient pas.

Malgré tout, les choses évoluent. Une réforme de la loi de la nationalité adoptée en 2000 a introduit des assou- plissements essentiels qui ouvrent l’accé€s aÌ€ la citoyenneté et une loi sur l’immigration adoptée en 2005 vient de reconnaiÌ‚tre enfin une réalité qui existe depuis longtemps mais que beaucoup s’enté‚taient encore aÌ€ nier, aÌ€ savoir que l’Allemagne est devenu et doit devenir un pays d’immigration.

Deux exemples illustrent tré€s bien la difficulté qu’aÌ€ l’Allemagne de mé‚me « penser » l’immigration. Il y a quelques années, sous la pression des entreprises allemandes, le gouvernement a décidé d’offrir 5 000 permis de travail aÌ€ des spécialistes en informatique, recrutés essentiellement en Inde. Leur séjour en Allemagne ne pouvait pas dépasser 5 ans et ils n’étaient pas autorisés aÌ€ ame- ner leur famille. Inutile de dire que nombre d’entre eux ont trouvé rapide- ment le chemin des Ambassades des vrais pays d’immigration ! Autre exem- ple : la commission qui devait préparer la nouvelle loi sur l’immigration s’était beaucoup intéressée au systé€me cana- dien de points qui permet d’évaluer et de choisir ses immigrants. Cette idée pourtant n’a pas été retenue dans la loi parce qu’on était mal aÌ€ l’aise avec cette façon de trier les gens en leur accordant une valeur x ou y. En Allemagne, les ombres du passé resurgissent facile- ment, parfois sans raison.

Un survol aussi rapide de la situa- tion en France et en Allemagne ne permet pas de dégager de conclu- sions définitives sur quoi que ce soit, mais il permet de constater aÌ€ quel point l’histoire pé€se lourd et déter- mine la façon dont une société parvient au non aÌ€ « gérer la dif- férence ». Il apparaiÌ‚t aussi tré€s claire- ment que certains étrangers sont plus étrangers que d’autres et donc plus difficiles aÌ€ intégrer. Il semble enfin évident que c’est en s’appuyant sur une identité nationale et culturelle forte qu’on s’estime en droit d’exiger des « autres » qu’ils s’adaptent et qu’on pose le principe que ce n’est pas aÌ€ la société de s’adapter aÌ€ eux.

Ce qui vaut pour la France et l’Allemagne vaut aussi pour la plupart des pays d’Europe. Les esprits ouverts et progressistes sont ceux qui souhaitent l’intégration (en vérité l’assimilation) des étrangers. Le Turc idéal ou le Marocain idéal c’est celui qu’on ne peut plus reconnaiÌ‚tre, qui a épousé les us et coutumes de son pays d’accueil et qui parle couramment et sans accent la langue du pays. Ceux qui ne partagent pas cette vision sont souvent hostiles aÌ€ l’immigration, voire franchement xénophobes. Le multiculturalisme a plutoÌ‚t mauvaise presse. Il existe bien suÌ‚r des Européens qui s’intéressent au modé€le canadien et, au fil des années, des réseaux d’échange se sont mis en place entre sociologues et autres spé- cialistes de la vie en société des deux coÌ‚tés de l’Atlantique mais dans l’ensemble les opinions publiques sont réfractaires au multiculturalisme.

On juge dangereux d’encourager la préservation des identités d’origine. On trouve mé‚me injuste de vouloir ainsi condamner des individus et des groupes aÌ€ une sorte de marginalité en les empé‚chant de se fondre dans la société ouÌ€ ils se trouvent. Il y a dans ces propos une certaine dose d’hypocrisie dans la mesure ouÌ€, si en théorie on souhaite intégrer beaucoup, dans les faits on exclut aussi beaucoup.

Qu’en est-il au juste du « modé€le canadien »? D’abord, n’hésitons pas aÌ€ tirer une grande fierté du fait que 76 p. 100 des Canadiens ont une opi- nion positive de l’immigration. N’hésitons pas non plus aÌ€ affirmer qu’il vaut mieux é‚tre un étranger ici qu’en Europe, ne serait-ce parce qu’on cesse rapidement d’é‚tre un étranger pour devenir un citoyen.

Mais cela dit, tout n’est pas idyllique. Notre passé comme terre d’immigration a ses zones d’ombre et mé‚me ses points noirs que beaucoup de Canadiens découvrent, des décennies plus tard, aÌ€ l’occasion des excuses présentées plus ou moins discré€tement par leurs gouvernements. De plus, le temps nécessaire aux immigrés pour se retrouver dans une situation compara- ble aÌ€ celle des autres Canadiens s’allonge d’année en année et on accepte désor- mais le fait que certains d’entre eux ne rattraperont jamais leur retard. La sous- utilisation des compétences profession- nelles des immigrants leur porte un vrai préjudice et la forte concentration de l’immigration dans les grandes villes apporte, elle aussi, son lot de problé€mes. Pour maintenir le consensus social autour de l’immigration, il faudra é‚tre attentif aux moindres dérapages. L’exemple des Pays-Bas est laÌ€ pour nous rappeler que la tolérance est une vertu bien volatile. Sur le chemin difficile de l’acceptation de la différence, aucun progré€s, hélas ! n’est irréversible.

Par rapport aux Européens, nous avons des avantages énormes. Nous avons l’espace, nous n’avons de con- tentieux historique avec personne et nous sommes tous immigrants ou descendants d’immigrants, sauf évidemment les membres des Premié€res Nations. Nous avons donc hérité de conditions plus propices mais nous avons aussi fait des choix différents des leurs, dont celui du multiculturalisme. Le choix du biculturalisme nous aurait peut-é‚tre amenés aujourd’hui aÌ€ une si- tuation plus proche de celle des Européens, avec deux cultures dans lesquelles on souhaiterait (avec quel succé€s?) l’intégration des nouveaux venus. On ne saura jamais si le choix du biculturalisme aurait été viable dans un pays en voie de diversification rapide, comme on ne saura jamais s’il aurait attisé ou apaisé le nationalisme cana- dien-français (pour utiliser le vocabu- laire de l’époque).

Le multiculturalisme, faut-il le rap- peler, n’a pas été mis en place pour faciliter l’intégration des immigrants mais plutoÌ‚t pour nous permettre de mieux vivre ensemble entre citoyens venus d’horizons tré€s divers. En Europe, le débat reste tré€s focalisé sur la question de l’intégration des immigrants alors que la vraie question aujourd’hui est de savoir comment gérer une société de plus en plus diversifiée. Les jeunes Beurs sont souvent des Français de troisié€me génération. Ce qu’ils revendiquent, c’est une vraie place dans leur société.

La gestion de la diversité est un défi dont l’ampleur ne peut que croiÌ‚tre avec l’augmentation des migrations en tous sens. Quelles sociétés seront dans l’avenir les plus aptes aÌ€ le relever? Mais quelle est d’abord la nature des enjeux? On peut déjaÌ€ en identifier au moins trois. Premié€rement, dans quelle mesure une société doit-elle se laisser transformer? Doit-elle accepter cette évolution comme étant inévitable, voire souhaitable, ou plutoÌ‚t résister aÌ€ cette transformation et protéger son identité en demandant aÌ€ chacun de la partager et de la défendre? Le senti- ment d’appartenance aÌ€ une société implique-t-il le renoncement aÌ€ une autre identité? Doit-on considérer que les cultures, sans é‚tre immuables, doivent é‚tre plutoÌ‚t protégées qu’en- couragées aÌ€ se croiser?

Deuxié€mement, le maintien de la cohésion sociale implique-t-il qu’on limite le droit aÌ€ la différence? L’affirmation d’une différence n’est jamais sans motifs ultérieurs. Faut-il pour cela craindre l’affirmation d’iden- tités culturelles propres au sein d’une mé‚me société? Cette question est d’autant plus difficile qu’on assiste actuellement aÌ€ deux mouvements allant en sens opposés. La montée de l’individualisme fait que de plus en plus de personnes refusent d’é‚tre définies par leur appartenance aÌ€ un groupe culturel mais en mé‚me temps, ces groupes revendiquent de plus en plus une forme de reconnaissance.

Troisié€mement, dans quelle mesure une société peut-elle et doit- elle traiter ses membres de façon dif- férenciée? Un traitement juste et équitable implique parfois un traite- ment inégal. C’est l’essence des pro- grammes de discrimination positive.

Si on compare les réponses qu’on apporte aÌ€ ces questions en Europe et au Canada, les différences ressortent tré€s clairement. Le Canada accepte plus facilement de voir son identité transformée, il n’exige pas de ses citoyens qu’ils renoncent aÌ€ une autre identité ; il accepte, voire encourage, les groupes aÌ€ affirmer leur identité culturelle propre et il a introduit depuis longtemps déjaÌ€ des stratégies de discrimination positive. En Europe, on estime que c’est aÌ€ l’indi- vidu plutoÌ‚t qu’aÌ€ la société de s’adapter ; on redoute le développe- ment des communautarismes et on commence timidement aÌ€ introduire des systé€mes de traitement différen- cié en rejetant toutefois toute notion de discrimination positive.

Qui parviendra aÌ€ terme aÌ€ mieux gérer la diversité? La réponse est moins évidente qu’il n’y paraiÌ‚t. L’avenir est peut-é‚tre au métissage et l’approche européenne y conduit peut- é‚tre plus suÌ‚rement que le multicultu- ralisme canadien. Pour avoir rejeter l’idée qu’il puisse y avoir en leur sein des minorités, les sociétés européennes seront peut-é‚tre aÌ€ terme transformées plus profondément que la société canadienne ouÌ€ il y a plus de coexis- tence que d’interpénétration. Le Canada, de toute façon, ne pourra pas prétendre aÌ€ l’excellence dans la gestion de la diversité tant qu’il n’aura pas trouvé une solution équitable et durable aux problé€mes des autochtones. Quant aux Européens, ils ne feront pas l’économie d’une vraie remise en cause d’attitudes qui con- duisent aÌ€ l’infériorisation et aÌ€ la mar- ginalisation de segments entiers de leurs sociétés. Nous avons tous, pour l’heure, des raisons d’é‚tre modestes.

Comme toujours, les vraies solu- tions ne sont pas dans les positions extré‚mes et ne sont pas identiques pour tout le monde. Chaque société doit trouver pour elle-mé‚me le point d’équilibre entre ce qu’elle estime é‚tre le degré de cohésion nécessaire aÌ€ sa survie et le degré de tolérance néces- saire aÌ€ l’expression de sa diversité. Une fable de Schopenhauer illustre par- faitement ce propos : deux hérissons menacés de mourir de froid décidé€rent de se rapprocher pour se réchauffer ; la douleur provoquée par leurs piquants les contraignit aÌ€ s’éloigner mais ils se rapproché€rent de nouveau et c’est ainsi que, dans un mouvement de va- et-vient, ils finirent par trouver le point précis ouÌ€ et le froid et la douleur étaient devenus supportables. 

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