Les technologies nous semblent globalement béné-fiques. Et il est vrai qu’elles nous ont plutôt bien servi, de la découverte du feu aux progrès de l’agriculture, de l’essor industriel à la société des loisirs. À l’heure où le pouvoir politique paraît impuissant à régler nos problèmes les plus épineux, nous sommes naturellement portés à chercher des réponses du côté des technologies actuelles ou émergentes. Nos bien-aimés téléphones intelligents continueront-ils de se perfectionner pour notre seul plaisir ou recèlent-ils la capacité numérique de sauver le monde ?

Le temps dira si notre obsession des gadgets et disposi-tifs en tout genre nous a leurrés ou si les solutions technologiques qui nourrissent nos espoirs engendreront un autre chapitre palpitant de l’aventure humaine. Il est tentant d’y croire. La lutte contre les changements climatiques piétine ? Et si une astuce technologique nous sortait de l’impasse ? La pauvreté et la maladie atteignent des proportions endémiques dans les pays en développement ? L’eau se raréfie ? Le personnel soignant manque pour s’occuper de nos retraités en surnombre ? Cap sur les technologies ! Quelque génie inventera peut-être même une application susceptible de réparer nos démocraties défaillantes.

Il n’y a rien de foncièrement mauvais à miser sur l’innovation pour nous tirer d’embarras. Bien appliquée, la géoingénierie pourrait sans doute amoindrir les dangers du réchauffement planétaire. Et la robotique devrait effectivement améliorer les soins dont nous aurons besoin au crépuscule de nos vies. Les technologies nous ont habitués aux petits miracles.

Mais évitons de leur faire aveuglément confiance parce qu’il est plus aisé de croire à leur pouvoir que de modifier nos façons de faire. Les technologies pouvant s’appliquer sans foi ni loi (pensons seulement à Hiroshima), leur incidence politique et sociale dépend de notre manière de les exploiter. C’est la leçon à tirer des révélations d’Edward Snowden sur la surveillance exercée par l’État. Leur capacité de sauver ou d’anéantir la classe moyenne, de creuser ou de réduire les inégalités n’est pas prédéterminée. Si nous souhaitons voir des drones livrer des couches, des voitures circuler sans chauffeur et le climat remodelé par l’homme dans un proche avenir, c’est à nous qu’il revient d’utiliser les technologies au service du bien.

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Bruce Wallace
Bruce Wallace a été nommé rédacteur en chef d'Options politiques, la revue phare de l'IRPP, en août 2012. Il travaillait auparavant au Los Angeles Times, de 2004 à 2008 comme chef de bureau à Tokyo, par la suite comme responsable du service étranger du quotidien. Au cours de sa longue carrière de journaliste, il a couvert au Canada et à l'étranger aussi bien des guerres que des élections ou l'actualité économique, sans parler de trois Jeux olympiques. Originaire de Montréal, Bruce a séjourné à l'extérieur du pays pendant 16 des 19 dernières années ; il possède une excellente compréhension des courants mondiaux en matière économique, politique et de sécurité, et de leur incidence sur les politiques publiques canadiennes.

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