Le clivage entre sciences exactes et sciences humaines a été formulé il y plus de 50 ans par le chimiste et romancier anglais C. P. Snow dans son célèbre exposé sur les « deux cultures », mais les deux camps s’entredéchiraient depuis plusieurs siècles déjà. Et cet antagonisme continue de s’accentuer au gré des nouvelles questions soulevées par la science actuelle, par exemple sur le génome humain, l’avalanche des données ou l’utilisation des drones. Les progrès scientifiques ont une forte incidence sur la façon dont nous vivons et nous nous percevons, suscitant souvent inquiétude et polarisation.

C’est ce qu’illustrent dans ce numéro les œuvres d’art qui accompagnent notre série d’articles sur le rôle de la science dans la sphère publique. La plupart proviennent de l’exposition Perceptions of Promise : Biotechnology, Society and Art, qui a rassemblé un groupe international d’artistes, de philosophes, de juristes et de scientifiques au Musée Glenbow de Calgary en vue de réfléchir aux nouvelles biotechnologies et surtout à la recherche sur les cellules souches. Ces sculptures et ces dessins témoignent de la remarquable originalité de leur réflexion.

Pour Sean Caulfield, du Département d’art et de design de l’Université de l’Alberta — et dont on peut admirer en page couverture l’œuvre à l’encre et à l’acrylique intitulée Body #4 —, il s’agissait « de placer les visiteurs dans le contexte actuel où les avancées technologiques modifient rapidement notre rapport au monde naturel et à notre propre corps ». Ses œuvres à lui, ajoute-t-il, évoquent « ce mélange d’espoir et d’angoisse qui caractérise une société incertaine des conséquences des nouvelles technologies ».

Pour dépasser cette tension historique entre sciences exactes et sciences humaines, il nous faut trouver un terrain favorable au dialogue. Comme le disait le biologiste et militant américain Barry Commoner, disparu cet automne, dans une saine démocratie, il est nécessaire que les scientifiques échangent avec la population et exposent les faits lui permettant de faire des choix politiques éclairés. La science doit ainsi donner lieu à une riche conversation, menée dans une langue comprise par tous.

Photo: Shutterstock by ESB Professional 

Bruce Wallace
Bruce Wallace a été nommé rédacteur en chef d'Options politiques, la revue phare de l'IRPP, en août 2012. Il travaillait auparavant au Los Angeles Times, de 2004 à 2008 comme chef de bureau à Tokyo, par la suite comme responsable du service étranger du quotidien. Au cours de sa longue carrière de journaliste, il a couvert au Canada et à l'étranger aussi bien des guerres que des élections ou l'actualité économique, sans parler de trois Jeux olympiques. Originaire de Montréal, Bruce a séjourné à l'extérieur du pays pendant 16 des 19 dernières années ; il possède une excellente compréhension des courants mondiaux en matière économique, politique et de sécurité, et de leur incidence sur les politiques publiques canadiennes.

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