Ottawa est en voie d’assainir les finances du pays, au point de devancer d’un an le retour à l’équilibre budgétaire, fixé maintenant à 2014. Mais certaines provinces clés — l’Alberta, l’Ontario et le Québec — accusent elles un déficit qui semble structurel plutôt que cyclique. Sans l’ombre d’un doute, leur situation devrait nous inquiéter.
On imagine difficilement qu’avec tout son pétrole, l’Alberta puisse afficher un déficit et faire gonfler sa dette. C’est pourtant ce qui est arrivé à plus d’une occasion depuis le milieu des années 1980. Herb Emery et Ron Kneebone analysent sa dépendance envers les redevances énergétiques.
Selon Doug Porter, c’est en Ontario que l’environnement économique a été le plus défavorable ces derniers temps en raison d’un dollar fort qui nuit à son secteur manufacturier, de la concurrence chinoise, des maigres dépenses américaines et de la restructuration de l’industrie automobile. Une conjoncture qui « a mis les finances de la province dans un sale pétrin, écrit-il, dont elle commence à peine à émerger ».
Au Québec au contraire, ce n’est pas l’impact de la récession, ni d’ailleurs une performance économique à long terme qui aurait été défaillante, qui explique la situation budgétaire, dit Pierre Fortin, mais plutôt la progression des dépenses de programmes et l’expansion du service de la dette. Et le vieillissement démographique ne va pas arranger les choses : « Si le rendement de l’économie du Québec inquiète, c’est pour l’avenir plutôt que pour le passé. » Dans cette perspective, Luc Godbout et Stéphane Paquin recommandent au gouvernement d’augmenter la part des ses revenus qu’il tire des taxes à la consommation.
Vous pourrez par ailleurs lire ce mois-ci plusieurs contributions libres. Tye Burt analyse nos atouts concurrentiels dans l’économie mondiale, qui reposent sur une abondance de ressources dont le reste du monde a besoin mais relèvent aussi de notre « capacité inégalée de trouver, de financer et d’extraire de façon responsable d’autres ressources à l’échelle du globe ». Le secteur minier, dont Toronto est la capitale mondiale, en est un exemple éloquent. Mais il nous faut prendre garde au protectionnisme, prévient celui qui ne voit aucune menace dans une éventuelle fusion des Bourses de Toronto et de Londres.
Colin Robertson propose pour le Canada un programme d’engagement à l’échelle des Amériques, à commencer par le Mexique où s’est tenu en 2009 le dernier sommet trilatéral. La rencontre 2010 des « trois amigos » avait été reportée à cette année, mais aucune date n’est encore fixée. « Le Mexique, avance-t-il, doit être notre principale cible de soutien et d’aide au développement. »
Yuen Pau Woo propose quant à lui d’engager notre pays dans un vaste dialogue sur l’Asie. Il analyse aussi les résultats d’un sondage sur nos perceptions face à la montée de l’Inde et de la Chine, selon lequel une majorité de nos compatriotes estiment que « l’influence de la Chine dans le monde dépassera dans 10 ans celle des États-Unis ». Mais en dépit d’une frontière donnant sur le Pacifique, « les Canadiens ne semblent pas s’identifier à cette région du globe ».
Carolyn Tuohy observe que si le « conservatisme social » semble à l’agonie dans les milieux conservateurs canadiens, il revit en Grande-Bretagne et amène son premier ministre David Cameron « à ‘réinventer’ le rôle de l’État en tant que facilitateur et catalyseur d’action sociale ».
Jeffrey Church s’intéresse à la dimension économique du débat sur la facturation à l’utilisation des services Internet de gros au Canada. Et il lui semble peu justifié d’interdire cette forme de facturation étant donné « la minceur des avantages concurrentiels qu’apporte la présence de fournisseurs d’accès indépendants ».
David Mitchell et Ryan Conway examinent la question du mandat des sous-ministres fédéraux pour découvrir qu’il ne cesse de s’écourter, sa durée moyenne étant actuellement d’à peine 2,7 ans. On a forgé le terme « roulette des sousministres » pour illustrer le phénomène.
Dans notre Dossier, qui traite ce mois-ci d’éducation, Dave Marshall se réjouit que les décideurs s’intéressent enfin à la « revitalisation des études de premier cycle ». Tout débat sur l’enseignement supérieur dans ce pays « doit d’abord tenir compte de la grande différenciation des universités canadiennes ». De son côté, Irvin Studin propose une stratégie linguistique pour le Canada du XXIe siècle. Outre l’anglais et le français, croit-il, l’enseignement de l’espagnol et d’autres langues stimulerait notre compétitivité mondiale.
Ilse Treurnicht, présidente du Canadian Task Force on Social Finance, présente les recommandations de son groupe en vue de développer « un marché financier à caractère social qui investirait dans des projets sociaux, économiques et environnementaux ». Harvey Schwartz examine le mode de gouvernance de nos villes et leurs vecteurs de croissance. Il scrute aussi les finances des trois plus importantes pour découvrir que Montréal est seule à afficher un surplus, Vancouver et Toronto accusant toutes deux un déficit. Et Christopher Leo analyse le financement des communautés autochtones de la capitale manitobaine.
Nous retrouvons sous la rubrique Verbatim l’ancien ministre fédéral Jim Prentice dans ses nouvelles fonctions de vice-président du conseil de la CIBC. Dans ce discours prononcé devant le Canadian Club de Toronto, il soutient que le Canada doit renforcer sa compétitivité mondiale tout en maintenant ses ressources stratégiques comme la Bourse de Toronto.
Nous vous donnons enfin rendez-vous le mois prochain pour un numéro entièrement consacré aux résultats des élections fédérales.