Depuis plus d’une douzaine d’années, le Japon ne cesse de multiplier les déficits pour injecter mil- liards sur milliards dans une économie moribonde.

La part des dépenses publiques dans l’économie a grimpé de 32 p. 100 à 38 p. 100 au cours des 10 dernières années. En vain. L’objectif de stimuler la « demande globale » ne s’est jamais matérialisé à ce jour.

La prétention de pouvoir relancer l’économie à coups de dépenses publiques n’a jamais été aussi forte au Canada et en Europe que durant les années 1970. Les gouverne- ments ont accumulé déficits après déficits; ils ont consacré la généralisation de l’État providence à coups de redistribu- tions de richesses entre les couches sociales; ils ont compté sur les dépenses publiques et des ajustements ciblés de taxes pour stimuler la « demande globale ». Or, loin de promou- voir le retour à la prospérité, ils ont suscité la montée du chômage à des niveaux inégalés auparavant et par la suite. Ils ont présidé à la stagnation de la productivité, à l’avène- ment de la période la moins prospère de l’après-guerre. En Europe comme au Canada, le gonflement du secteur public est devenu un frein permanent à la croissance et à la prospérité.

Dans une étude publiée dans le NBER Macroeconomics Annual en 1990 et portant sur les pays européens pendant les années 1980, les économistes Giavazzi et Pagano mon- trent que les pays dont les gouvernements avaient opté pour une réduction permanente des dépenses gouvernementales ont vu la consommation et le revenu national progresser plutôt que diminuer. Selon eux, une diminution des dépen- ses transmet aux consommateurs le message essentiel que le fardeau des taxes s’allègera dans un proche avenir. Sensibles à cette éventualité, les consommateurs augmentent leurs dépenses.

Dans une étude du C.D. Howe sur l’évolution de l’em- ploi canadien au cours des dernières décennies, Bill Robson démontre que les variations de dépenses publiques n’ont pas d’incidence positive sur l’emploi. Sa conclusion après l’examen de l’histoire conjoncturelle entre 1962 et 1992 : on n’observe pas de relation entre le mouvement de la produc- tion globale et le budget de dépenses (de fonctionnement et d’investissement) publiques en biens et services.

Enfin, s’agissant de l’économie américaine, Ron Utt du Heritage Foundation vient de publier une monographie inti- tulée Lessons on How Not to Stimulate the Economy (Oct. 2001) sur le dossier des 70 dernières années en matière de baisse de taxes ou de gonflement des dépenses comme stimulant à l’économie. Il y démontre que les allègements fiscaux adoptés dans les années 1920 (Coolidge), dans les années 1960 (Kennedy) et les années 1980 (Reagan), ont tous suscité l’avènement de véritable booms économiques, tandis que les injections de dépenses publiques des années 1930 et 1950, de même que celle des années 1970 se sont avérés de purs échecs.

Rappelons pour terminer ce survol des faits historiques que les travaux du National Bureau of Economic Research sont concluants sur cette question : l’abaissement des taux marginaux de taxation constitue un stimulant puissant à l’activité.

Pour interpréter ces résultats historiques, il faut d’abord souligner l’évolution de la pen- sée économique en matière de macro-économie et de stabilisation de l’activité et de l’emploi depuis une génération. La vision moderne resitue l’emploi dans le cadre de la théorie économique classique, dans un cadre « d’offre globale » plutôt que de « demande globale ». Elle relègue en con- séquence le keynésianisme à son juste statut de curiosité historique. On réalise aujourd’hui que l’activité générale est redevable aux conditions de l’offre plutôt que de la demande. Ce cadre analy- tique permet d’insérer les entraves institution- nelles à l’emploi dans une logique vraiment économique.

Entre 1950 et 1980, la profession d’économiste s’est souvent transformée en profession de comptables, capables d’additionner et de sous- traire des revenus dans un monde statique, mais peu enclins à saisir la dynamique de la prospérité économique, de la destruction créatrice, de l’in- novation et de toutes les énergies qui expliquent l’activité économique. Dans le langage keynésien, qui dominait le débat il y a une génération, les dépenses publiques injectaient de l’argent dans l’économie qui se « multipliait » comme par magie lorsque les consommateurs s’avisaient de le dépenser. Même la baisse de taxes passait par ce truchement pour stimuler la « demande globale ». Quand le gouvernement dépense ou abaisse ses taxes, il injecte de l’argent dans l’économie; quand il comprime ses dépen- ses ou alourdit ses taxes, il extrait de l’argent de l’économie. En fait, il n’en est rien puisque le gouvernement fait partie de l’économie.

Le souci keynésien de favoriser les dépenses de consommation via les dépenses publiques ne repose sur aucun fondement économique. Il découle de l’hypothèse intenable que la dépense précède la production et la croissance et qu’elle suscite l’une et l’autre. En d’autres mots, les gens dépensent ou investissent seulement en réaction aux variations de revenu disponible, si bien que la rentabilité de leurs activités n’y est pour rien dans la prospérité. En réalité, la croissance et la prospérité se réalisent lorsque la production et le revenu national augmentent. Or, d’inciter les gens à modifier l’usage de leur revenu en faveur de la dépense plutôt que de l’épargne, n’accroît en rien la production générale. En fait on doit prévoir que la baisse de l’épargne se traduit en baisse d’investissement.

La question qui a fait s’effondrer le château de cartes keynésien, universellement reproduit dans les cours d’économique 101, est donc d’abord qu’on omettait de considérer les deux côtés de l’équation économique : qu’advient-il de l’offre dans ce débat? Quelle garantie a-t-on que la production réagira à l’injection de fonds publics et dans quel sens? Pour répondre à cette question, il faut établir quels sont les détermi- nants de la production, de l’activité, de la crois- sance. En termes simples, ce sont les incitations qui s’exercent sur les agents, les incitations à tra- vailler, à épargner, à investir, à innover, à pro- duire et à prendre des risques. Ce que la théorie et l’histoire enseignent, c’est que la production ou l’offre (d’emplois, de produits ou de services) réagit aux incitations et donc au fardeau régle- mentaire et fiscal, présent et prévu, surtout aux taux marginaux de taxation. Lorsque les taux de taxation sont abaissés les individus et les entre- prises sont motivés à devenir productifs et à créer de la richesse. Et c’est lorsqu’ils peuvent compter gagner plus d’argent qu’ils sont amenés à dépenser plus et à épargner plus.

On en conclut que, contrairement à l’en- seignement keynésien, une injection supplé- mentaire de dépenses publiques signifie ou annonce un alourdissement fiscal supplémen- taire, et donc une compression prévisible de l’emploi, de l’investissement, de la production. Si l’injection de fonds publics peut susciter une activité accrue dans un secteur privilégié par la politique, elle ne fait en réalité que déplacer des ressources provenant de secteurs privés plus productifs (qui porteront le fardeau fiscal sup- plémentaire).

Poussé au-delà d’une certaine limite, le gon- flement artificiel de la « demande globale » par les dépenses publiques, combiné à la compres- sion de la production suscite une autre conséquence : l’inflation. Cette prédiction n’est pas que théorique; elle s’est réalisée pendant plus d’une décennie après 1970, au cours de laquelle l’inflation s’accélérait, pendant que le chômage augmentait jusqu’à dépasser les 12 p. 100 au Québec pendant de nombreuses années. On a même donné un nom à cette combinaison dépri- mante : la stagflation, qui décrit la coexistence, mystérieuse aux yeux des fervents du keynésianisme, d’un chômage élevé et d’une inflation galopante.

Et de toute façon, d’où vient l’argent qu’in- jecte un gouvernement dans l’économie par ses dépenses, s’il s’abstient d’alourdir les taxes proportionnellement? Ne faut-il pas recon- naître que l’État ne peut pas offrir un dollar à un consommateur sous forme de nouvelles dépenses (ou d’abattement fiscal), sans retirer ce dollar à quelqu’un d’autre. Essentiellement, il l’extrait du marché des obligations. Or, en quoi l’économie serait-elle ravivée du fait de retirer de l’argent aux détenteurs d’obligations pour le refiler aux consommateurs? Les sommes que le gouvernement emprunte, il les retire aux emprunteurs privés. Ce qu’un agent épargne est forcément prêté à quelqu’un d’autre qui le con- sommera ou l’investira. Chaque dollar injecté par l’État dans une nouvelle initiative ou offert à un consommateur est un dollar retiré à la com- pression de la dette, c.-à-d. à un détenteur d’obligation. Au total, le pouvoir de dépenser n’est pas modifié; seule la composition de l’out- put en est affectée. C’est donc la production supplémentaire qu’il faut promouvoir, non pas la simple recombinaison du partage des fonds entre consommateurs et détenteurs d’obliga- tions. Par l’appesantissement du fardeau des taxes ou de l’emprunt, le gonflement de dépenses factices déprime l’emploi productif en extrayant de l’économie les ressources que les vrais producteurs de richesses (investisseurs, exportateurs, consommateurs, épargnants, innovateurs) emploieraient pour créer de vrais emplois. De vouloir ressusciter le crédit social de Réal Caouette via le keynésianisme n’est rien moins que loufoque.

À la décharge du ministre fédéral des Finances, il faut constater que, tout en payant le tribut des lèvres au concept à la mode de « stimulant budgétaire », il n’y croit pas vraiment, puisqu’il l’invoque essentiellement pour rationaliser son budget de sécurité, imposé par la conjoncture politique.

La logique qui précède s’applique intégrale- ment par contre aux programmes d’infrastruc- ture privilégiés par tous les politiciens, dont ceux qui ont préparé le dernier budget fédéral et québécois. La recette Marois à ce chapitre consiste à accélérer le budget « d’investisse- ment » de 2,5 milliards sur trois ans. Cette recette keynésienne, toujours à porter de la main, a fait la preuve de son impuissance dans le passé. Doit-on le répéter : de puiser l’argent dans la poche du contribuable ou du prêteur pour le refiler à l’entrepreneur en construction constitue un échange de richesse, non pas une création de richesse ou d’activité. De son côté, le ministre Martin obéit à une consigne domi- nante : dépenser tant que les coffres ne sont pas à sec et donc abandonner l’objectif de réduire la dette. L’exercice s’accompagne même de prélèvements supplémentaires, dont l’imposi- tion de tarifs aux voyageurs aériens et de fardeaux supplémentaires aux fumeurs, sans oublier l’alourdissement des primes du Fonds de pension du Canada. D’allègements fiscaux supplémentaires, il n’en est pas question.

Mais s’agissant du Québec, mal coté par le marché financier, il y a plus grave. Par une manipulation comptable indécente, la ministre des Finances choisit d’amortir cette injection populaire sur une longue période future, si bien qu’une minime dépense de 75 millions apparaît au budget de l’année prochaine. Grâce à ce tour de passe-passe, elle parvient à créer l’illusion, de- venue politiquement correcte, d’un budget à peu près équilibré pour l’an prochain. Aux prises avec la perspective d’un surplus courant et donc pour créer la même illusion d’un budget équili- bré, le ministre fédéral opte plutôt pour repouss- er 2 milliards de recettes à l’année prochaine, sous forme de versements différés de taxes par les petites entreprises. Dans les deux cas, le déficit réapparaît.

L’ensemble de l’opération n’est pas anodine. Le contribuable et le marché financier savent, eux, qu’il s’agit d’un trompe-l’œil. Par son pro- gramme d’infrastructures tiré comme d’un cha- peau les derniers budgets fédérals et québécois ne font pas que ralentir la reprise; ils consacres et perpétuent la perception que le Canada et le Québec en particulier sont des territoires de gaspillage public et de fiscalité écrasante, hostile aux investissements depuis une génération. Le capital humain et financier boude le Canada depuis quelques années, mais c’est au Québec que le recul des investissements et de l’activité est le plus marqué. Le Québec ne reçoit plus que 15 p. 100 des investissements privés au Canada (intérieurs et étrangers). Le sommet en cette matière a été atteint dans les années 1950 jusque vers1965àprèsde25p.100.LeQuébecavusa part des investissements en machinerie et outil- lage plonger de 74 p. 100 du niveau ontarien en 1972 à 43 p. 100 en 1997. Un sondage mené auprès des gestionnaires de portefeuilles cana- diens en 1998 confirmait que le Québec offrait le climat le plus défavorable aux investissements. Seulement cinq pour cent des répondants avaient une opinion favorable du Québec. Le dernier budget québécois neutralise les timides tentatives amorcées il y a quelques années pour restaurer la crédibilité du gouvernement.

Le dernier épisode qui ait donné lieu à un réel pouvoir d’attraction de l’économie cana- dienne pour les investissements remonte à la période 1986-91, au cours de laquelle notre dollar s’est apprécié de façon durable. Ce n’est pas un hasard si cette phase correspondait à l’option du gouvernement canadien en faveur de la concur- rence (libre-échange), et son engagement à favoriser la déréglementation, la privatisation et l’équilibre budgétaire.

Les initiatives d’infrastructure souffrent aussi d’une lacune supplémentaire. Elles ne pro- duisent leurs effets qu’après un long délai, au mieux qu’après leur implantation, souvent une fois que la récession a terminé son cours. Ces considérations s’appliquent particulièrement aux projets introduits dans le budget Martin du 10 décembre. Pour éviter l’embarras d’afficher une déficit l’an prochain, le ministre repousse à une date ultérieure l’engagement de ces dépens- es « politiques » qui n’aura lieu que s’il y a sur- plus budgétaire! Toutes ces initiatives sont mises sur le métier au mieux près de trois trimestres après le début de la récession, plus d’un an après l’amorce du ralentissement, et au moment où certains conjoncturistes annoncent la fin de la récession.

Tous les allègements fiscaux ne sont pas égaux. L’une des pièces les plus populistes du dernier budget québécois (au montant de 250 millions sur un budget total de 52 milliards) prend la forme d’un abattement fixe de $100 par famille de revenu modeste. Pour produire leur effet stimulant, il faut que les allègements fis- caux élèvent la rentabilité des activités produc- tives futures, tels que l’emploi, l’épargne et l’in- vestissement. On peut donc prédire avec assu- rance que les abattements fiscaux de $100 par ménage ne feront rien pour raviver l’économie, parce qu’ils ne contribuent en rien à hausser le rendement de l’activité économique. Ils récom- pensent des actes de production passée, qui ont donné lieu à la fiscalité courante. Combinées aux injections factices de quelques milliards dans les infrastructures, ces sucettes fiscales ne font qu’annoncer un alourdissement fiscal à venir.

Contrastons ce saupoudrage à l’abaissement des taux marginaux qui eux seraient basés sur des actes de production future. Il en irait de même de l’abaissement des taux d’imposition sur le capital (annoncées mais pour plus tard) et sur les profits des entreprises.

Ajoutons que le principe voulant qu’en don- nant temporairement de l’argent aux gens, ils vont le dépenser est absurde et contraire à l’ex- périence universelle. Les bénéficiaires vont en fait le thésauriser ou s’en servir pour payer leur dette. Ce résultat découle de l’hypothèse du « revenu permanent », qui veut que les gens ne haussent leurs dépenses qu’en réaction à des accroisse- ments permanents de leur revenu. Les accroisse- ments temporaires n’affectent pas les budgets de dépenses. Les baisses temporaires de taxes et les congés fiscaux n’exercent aucun effet sur l’économie et doivent être bannis des pro- grammes de stimulants.

L’idéal de supprimer les récessions est une chimère. Si la chose était possible ou facile, il y a longtemps qu’on l’aurait réalisé. Entre- temps, la formule la plus effective pour stimuler l’économie ne change pas à travers les époques : Elle consiste à supprimer les obstacles légaux qui gênent les forces créatrices de l’économie et qui font obstacle à la croissance à long terme. Donc :

  • Tous les taux marginaux de taxation devraient faire l’objet d’un abaissement accéléré et immédiat et, compte tenu du dernier rapport de l’au- diteur général, d’un allègement prononcé des primes d’assurance-emploi (surplus de $16 milliards). Telle est la recette première pour stimuler une économie anémique. Surtout au sommet de l’échelle de revenus, parce que c’est à ce niveau que les désincitations sont le plus fortes sur les investisseurs, les entrepreneurs et les PME, qui n’étant souvent pas incorporées sont soumises à des taux marginaux destructeurs.

  • Il faudrait, par des règles semi-constitu- tionnelles, imposer des limites fermes aux dépens- es publiques, qui ne peuvent que nuire à la per- formance économique. Les dépenses publiques ne font que recanaliser les dépenses des secteurs productifs de l’économie. Il faut surtout se protéger de la voracité des groupes de pression qui cherchent à camoufler leurs intérêts derrière l’urgence nationale. La plus saugrenue de ces alliances louches nous est offerte par le Ministre David Anderson, qui dans une lettre aux journaux à la défense du Protocole de Kyoto, veut nous convaincre que les coëts astronomiques à assumer pour satis- faire à cet épouvantail susciteront toutes sortes de business opportunities aux entreprises cana- diennes, via entre autres la création et l’expor- tation de nouvelles technologies environ- nementales. La tradition keynésienne est tenace : plus ça coëte cher, mieux c’est. L’absurdité économique érigée en système.

  • Dans le remous suscité par le terrorisme, il faut prendre acte que la prime de risque s’est alour- die sur les investissements et les activités produc- tives. L’allègement (l’abolition) des taxes sur les profits (réforme de l’amortissement pour accélérer les dépenses de capital futures et/ou accélération des baisses de taux), sur le capital des entreprises (qui frappent même en période de récession) et sur les gains de capital, se recommande donc particulièrement dans la perspective d’une reprise de la croissance, en ce que la composante investissement s’avère l’élé- ment le plus faible, à la fois du présent ralen- tissement et des trois dernières décennies. L’élimination annoncée de la taxe sur le capital constitue vraisemblablement la seule initiative « stimulante » de toutes les mesures contenues dans le dernier budget québécois. Une étude du ministère des Finances fédéral citée par l’OCDE dans sa revue du Canada en 1997 établit que chaque dollar prélevé par les taxes sur les pro- fits et le capital coëte 1,55 dollar en perte de production. Les règles d’amortissement assignées aux entreprises sont devenues inadap- tées du fait qu’elles prévoient un rythme de dépréciation de loin inférieur à la désuétude réelle de l’équipement dans la nouvelle économie. Et de toute façon, les taxes levées sur les entreprises ne sont qu’un écran pour camoufler un fardeau qui ultimement touche les travailleurs, les consommateurs ou les actionnaires. Notre régime fiscal et budgétaire actuel impose des coëts prohibitifs aux entre- prises. Selon une récente estimation de l’Institut C. D. Howe, le gouvernement fédéral à lui seul aurait disposé dans les prochaines années, avant le budget du 10 décembre, d’une marge de 20 milliards d’abattement fiscal ($13,9 milliards) et de coupes de dépenses aux titres des subventions aux entreprises, des pro- grammes de formation technique et d’assis- tance aux aborigènes, sans compromettre la reprise des surplus budgétaires. J. Clemens et J. Emes, de l’Institut Fraser, fixent à 4,8 milliards l’allègement fiscal possible dès la prochaine année et à 5,5 milliards, celui de 2002-03. Le ministre Martin prétend plutôt savoir mieux que vous et moi comment dépenser notre argent.

La prospérité n’est pas que l’emploi; la hausse du niveau de vie générale par le dynamisme, l’innovation et la productivité sont les finalité première recherchée par les gens. Mais la prospérité est aussi l’emploi. En ce sens, une bonne politique de croissance générale devient une bonne politique d’emploi. Mais au-delà de la conjoncture courante, l’emploi constitue un domaine qui obéit aux règles et aux institutions particulières à ce secteur.

Quelles sont les composantes de ces règles? Normes arbitraires du travail, dont le salaire mi- nimum, allongement forcé des vacances et impo- sition de contraintes au surtemps, préavis de licenciement, partage du temps de travail, dont la retraite anticipée subventionnée, réduction forcée de la semaine de travail, extension au tra- vail temporaire des avantages du plein temps, généralisation des congés parentaux, discrimina- tion active la plus contraignante au Canada et qui repose sur le sexisme et le racisme en ce que l’assignation des personnes se fait, non plus en fonction des talents de l’individu, mais plutôt de la couleur de sa peau ou du sexe, renforcement des monopoles syndicaux (le taux le plus élevé de monopolisation syndicale du continent), fis- calité du travail alourdie de plus de 500 pour cent depuis 1980, politiques de sécurité du revenu (dont l’assurance chômage, redevenue destructrice d’emplois depuis 2000).

On assiste donc depuis une trentaine d’an- nées à la prolifération d’interventions réglemen- taires et fiscales, qui ont pour double effet d’alourdir le coët du travail pour les employeurs et d’en déprimer le rendement pour les employés. Les employeurs offrent moins d’emplois, tandis que la main-d’œuvre se montre moins disposée à accepter les emplois. L’aboutissement est incon- tournable : Le marché du travail est bloqué; le chômage se maintient à des niveaux en perma- nence alarmants.

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