Peu nombreuses sont les discussions sur l’innovation où l’on n’entend pas fuser le mot « rupture ». Pourtant, les organisations au Canada ont l’habitude de récompenser la prédictibilité et le contrôle plutôt que l’innovation dite de rupture. Qu’il s’agisse de messages affichés sur LinkedIn et de séminaires virtuels, les échanges tendent à porter sur la question de savoir comment « gérer » les perturbations.

La pandémie de COVID-19 a provoqué une rupture dans notre vie quotidienne. D’un bout à l’autre du pays, elle a normalisé l’application de nouvelles technologies et solutions au fur et à mesure que les entreprises et les clients s’adaptaient au nouveau contexte. De plus, elle a fait ressortir les importantes faiblesses de nos structures sociales et économiques et exacerbé l’iniquité systémique ainsi que le fossé numérique dans notre société.

S’il est un moment où il faut passer de la réaction aux événements ou de la « gestion » de défis à de nouvelles solutions, c’est bien maintenant.

Dans le bilan établi récemment par le Conference Board du Canada, notre pays ne récolte qu’un maigre « C » pour sa capacité d’innovation. Nos points faibles perdurent d’année en année. Nous avons une aversion pour le risque. Nous n’investissons pas assez dans la recherche-développement. Nous avons de bonnes idées, mais nous échouons souvent à les concrétiser.

Que faire alors pour renforcer notre capacité d’aller de l’avant ?

Les écoles et collèges polytechniques du Canada sont une pièce fondamentale du casse-tête. Réputés pour leur approche pédagogique, qui associe apprentissage pratique, théorie axée sur la carrière et liens avec l’industrie, ils se situent à l’intersection de plusieurs domaines clés : la technologie et l’innovation sociale, le développement des talents et des compétences, et la recherche appliquée et la commercialisation.

Dans leur rôle d’intermédiaires de l’innovation auprès d’organisations de toutes tailles, rattachées à tous les secteurs industriels et sociaux, les écoles et collèges polytechniques travaillent avec de petites et moyennes entreprises (PME) à l’adoption de technologies destinées à améliorer leurs résultats. Ils aident les apprenants à acquérir les compétences nécessaires pour réussir et s’adapter, et mettent leurs étudiants en contact avec des entreprises afin de trouver des solutions créatives à des problèmes sur le terrain et engendrer de nouvelles idées.

Au Barrett Centre for Technology Innovation du Humber College, comme dans d’autres centres de vocation semblables au sein du secteur polytechnique canadien, nous abaissons les barrières qui empêchent les PME d’adopter de nouvelles technologies et d’investir dans la recherche-développement. Nous leur permettons d’accéder à des installations, à des connaissances, à de l’équipement et à des ressources techniques de pointe.

Nous adoptons des méthodes qui favorisent des collaborations étroites avec nos partenaires en tenant compte des besoins de l’industrie, ce qui donne lieu à des projets de recherche appliquée axés sur les résultats. Ce modèle de partenariat avec l’industrie, prenant la mesure des défis qu’elle doit relever pour se développer, aide les entreprises à résoudre des problèmes techniques, mais aussi à étendre leur réservoir de talents ainsi que les compétences de la main-d’œuvre à leur service.

Ce modèle de partenariat avec l’industrie aide les entreprises à résoudre des problèmes techniques, mais aussi à étendre leur réservoir de talents ainsi que les compétences de la main-d’œuvre à leur service.

La recherche appliquée menée dans le secteur polytechnique prend de nombreuses formes : conception de produits, élaboration de procédés, adoption de technologies, démonstration de faisabilité. Nos partenaires éventuels définissent un besoin particulier et nous les orientons vers les professeurs spécialistes et les étudiants susceptibles de pouvoir répondre à leurs exigences.

Nos partenaires conservent la propriété intellectuelle découlant des projets de recherche appliquée ; cela favorise la commercialisation des nouveaux produits et la rapidité de mise en marché. En donnant aux entreprises accès à des installations de pointe, à des technologies avant-gardistes et à une expertise axée sur l’industrie, les écoles et collèges polytechniques leur offrent un moyen de dynamiser leur capacité d’innovation.

Dans le cadre de nos efforts soutenus pour réagir à la COVID‑19 et stimuler la relance économique, le Humber College a tendu la main aux PME canadiennes. À titre d’exemple, nous travaillons avec Mero Technologies, une entreprise de Toronto, à la conception et à la fabrication d’un distributeur universel de savon et de désinfectant, en nous fondant sur la technologie de l’Internet des objets qui assurera un approvisionnement constant de ces deux produits. Nous collaborons à la mise au point d’une solution modulable, répétable et renouvelable qui intègre des capteurs aux distributeurs, peu importe leur provenance.

En s’associant au Humber College, Mero Technologies est capable de lancer un produit trois fois plus vite sur le marché, et de contribuer ainsi plus rapidement à la santé et au bien-être de la population canadienne.

La recherche appliquée invente aujourd’hui les produits, les procédés et les techniques qui répondent aux défis les plus pressants de notre société, qu’il s’agisse de la pandémie, du vieillissement de la population, de l’urgence climatique ou de la production alimentaire durable. Elle met les étudiants en contact avec des entreprises et des organisations, offre des possibilités d’apprentissage uniques et aide les PME à croître et à prospérer.

Peu importe à quoi ressemblera la nouvelle normalité, il nous faudra multiplier, si nous voulons réussir, les partenariats de ce genre entre l’industrie et les universités et collèges.

Photo : Shutterstock / Peshkova

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Chris Whitaker
Chris Whitaker est président et chef de la direction du Humber College, et ancien président de Polytechnics Canada.
Ginger Grant
Ginger Grant est doyenne associée de la recherche appliquée et de l’innovation au Humber College.

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