Le Canada est à la croisée des chemins de l’innovation. La productivité au pays a longtemps tiré de l’arrière par rapport à celle de nos homologues internationaux, car les nombreuses petites entreprises canadiennes manquent souvent de ressources à l’interne pour réaliser leur plein potentiel.

Pour développer de nouveaux prototypes, adopter de nouvelles technologies et concevoir de nouveaux processus, il faut du temps, de l’argent et des ressources humaines. Les petites et moyennes entreprises, comme moteurs de l’économie canadienne, sont les premiers vecteurs de l’innovation et de gains de productivité. Mais où vont-elles chercher de l’aide ?

Elles peuvent la trouver auprès des collèges et instituts, qui sont leurs alliés naturels. Ces établissements soutiennent en effet le développement de nouveaux produits, repèrent les améliorations de processus et élaborent de nouvelles stratégies. Compte tenu des répercussions qu’ont leurs avancées sur l’économie, il importe plus que jamais de renforcer les capacités de ces établissements pour qu’ils puissent aider les entreprises à atteindre leurs objectifs en matière d’innovation. C’est là que le gouvernement a la possibilité de faire des investissements structurants pour l’innovation.

Les deux tiers des Canadiens travaillent dans des entreprises comptant moins de 100 employés. Bien qu’elles soient au cœur de l’économie canadienne, ces PME consacrent souvent tous leurs efforts à se maintenir à flot et relèguent les stratégies de croissance au second plan. Pour que notre économie reste concurrentielle, il nous faut trouver des moyens de stimuler et de soutenir l’innovation des PME canadiennes.

À cette fin, il convient de repérer les plus innovantes pour leur trouver les installations, les équipements et les talents qui leur permettront de développer leurs activités. On a souvent tendance à oublier les collèges et instituts du Canada comme pôles d’innovation, et de recherche et développement. Pourtant, leurs campus contiennent des installations de recherche appliquée parmi les plus évoluées au Canada, desservant des secteurs aussi variés que l’aérospatiale, la construction, le pétrole et le gaz, la haute technologie, la fabrication de pointe, l’agriculture ainsi que le cinéma et la télévision.

Dans les collèges et instituts, les entreprises expérimentent de nouvelles technologies, de nouveaux processus et de nouveaux logiciels, obligeant souvent les étudiants à relever des défis réels. De plus, les employeurs qui travaillent avec des étudiants font plus qu’innover, ils créent leurs propres viviers de talents.

Si le gouvernement canadien veut stimuler l’innovation, il n’y a pas meilleur endroit pour injecter de nouveaux fonds. À l’heure actuelle, les partenariats de recherche avec les collèges et instituts sont presque exclusivement financés par des subventions fédérales dans le cadre du Programme d’innovation dans les collèges et la communauté (ICC). Toutefois, ce programme représente moins de 3 % des dépenses du gouvernement dans la recherche qui est menée dans des établissements d’enseignement postsecondaire.

Le Canada peut faire mieux.

Même avec des investissements relativement limités, l’impact économique de ce programme a été impressionnant. En 2017, les collèges et instituts du Canada ont créé près de 7 000 partenariats de recherche avec des organisations des secteurs privé, public et sans but lucratif. Ces partenariats ont permis d’élaborer plus de 1 400 prototypes, 700 nouveaux produits, 500 processus et 350 améliorations de service. Plus de 27 000 étudiants ont participé à ces projets.

À vrai dire, il ne s’agit que de la partie la plus visible de l’innovation. Pour faire un usage optimal de cette force d’innovation des collèges et instituts, il faut, d’une part, un investissement stable et continu afin de soutenir leur capacité à développer des activités de recherche tout en maintenant les normes d’excellence les plus élevées, et, d’autre part, des ressources additionnelles pour mobiliser des organisations et des entreprises qui ne viennent pas naturellement frapper à leur porte.

Pour faire un usage optimal de la force d’innovation des collèges et instituts, il faut un investissement stable et continu ainsi que des ressources additionnelles pour mobiliser des organisations et des entreprises qui ne font pas appel spontanément à eux.

Bien que le Canada dispose du Fonds de soutien à la recherche pour « entretenir du matériel et des laboratoires modernes » , « donner accès à des ressources sur les connaissances à jour », « fournir du soutien administratif et appuyer la gestion de la recherche », et « transférer les connaissances du milieu universitaire aux secteurs public, privé et sans but lucratif », ce sont les universités qui en sont les principales bénéficiaires. Les collèges et instituts méritent un soutien similaire en reconnaissance du rôle qu’ils jouent dans le secteur de l’innovation.

Avec un soutien à la recherche appliquée, les collèges et instituts pourraient renforcer leurs capacités en matière de développement d’entreprises, d’évaluation des besoins, de soutien aux partenariats et de participation des étudiants. Une aide prévisible permettrait de rationaliser le lancement des projets, de multiplier les collaborations à l’échelle nationale et internationale, et d’assurer un accès permanent à des services dynamiques et centrés sur le client.

Un tel investissement stimulerait l’innovation et la croissance des entreprises, et permettrait aussi à celles situées dans les petites villes du pays de tirer leur épingle du jeu. Les entreprises canadiennes axées sur l’innovation sont des entreprises qui se développent, recrutent de nouveaux talents et prospèrent dans un environnement commercial en constante évolution. Le gouvernement fédéral pourrait en faire plus pour favoriser ce développement.

Photo : Shutterstock / Stokkete


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Sarah Watts-Rynard
Sarah Watts-Rynard est directrice générale de Polytechnics Canada, une association nationale regroupant les principales institutions polytechniques du pays. L’enseignement polytechnique est axé sur le secteur industriel et l’expérience pratique, et il prépare activement les diplômés au monde du travail.
Denise Amyot
Denise Amyot est présidente-directrice générale de Collèges et instituts Canada (CICan), le porte-parole national et international des collèges, instituts, cégeps et polytechniques canadiens.

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