Responses to the article "Nouvelle gouvernance scolaire et démocratie : un rendez-vous manqué ?"

L’opinion de Jean Bernatchez est intéressante et tend à démontrer les carences de la réforme de la gouvernance scolaire (le projet de loi 40) du gouvernement caquiste. Je me permets d’ajouter l’élément suivant : un modèle de gouvernance est en soi porteur d’un message auprès de la population. Chaque modèle de gouvernance véhicule des valeurs sociétales.

Ainsi, le choix de remplacer les conseils des commissaires par des conseils d’administration composés de parents, d’employés et de citoyens non élus n’est pas, à mon humble avis, un choix pertinent, contrairement à l’affirmation de M. Bernatchez. Si le problème de représentativité était au cœur de la réforme, je m’explique mal le choix d’une moins grande représentativité citoyenne comme nouvelle formule de gouvernance.

La démocratie ne se résume pas à un taux de participation aux élections (contrairement à ce que certains pays où le taux de participation frôle les 100 % essaient de prouver), mais celles-ci sont plutôt une occasion offerte à tous de représenter une population en étant choisis, librement, par leurs concitoyens. Devant l’évidente non-participation populaire aux dernières élections scolaires (près de 265 000 personnes y ont néanmoins voté), deux options s’offraient au gouvernement : saisir l’occasion de promouvoir une valeur qui est universellement reconnue comme étant fondamentale pour une société, ou en profiter pour réduire au silence les voix locales et réunir autour d’une cellule administrative des groupes aux intérêts corporatistes.

Une valeur, c’est un idéal à développer, à poursuivre sans relâche. Si la pratique de la démocratie était simple, on la verrait partout, et personne n’aurait besoin de s’en préoccuper. Mais chaque fois qu’elle est menacée, il y a là une occasion de promouvoir cette valeur ou de la laisser pâlir. Cette occasion permet également de porter un jugement sur la réelle place de cette valeur dans la société québécoise et la véritable volonté de ces citoyens de la défendre, sans compromis.

Dans le programme de formation de l’école québécoise, il est question d’éducation à la citoyenneté. Le modèle de gouvernance choisi par le gouvernement de la CAQ est à mes yeux en profonde contradiction avec cet idéal éducatif que l’on s’efforce de promouvoir depuis tant d’années auprès de nos jeunes.

Alain Fortier, ex-président de la défunte Fédération des commissions scolaires du Québec 5 juillet 2021