Dans Performance and Potential 2005-2006, le Conference Board a comparé la performance du Canada aÌ€ celle de 23 autres pays de l’OCDE dans six catégories et conclut que le Canada se maintient parmi les 12 premiers, mais qu’il a perdu du terrain par rapport aux plus performants d’entre eux.

Le Canada a bel et bien le potentiel nécessaire pour dominer dans chaque catégorie, mais il a tardé aÌ€ profiter des nouvelles possibilités et aÌ€ réagir aux nouveaux défis.

Sur le plan politique, trois de ces défis revé‚tent une importance particulié€re. Le premier consiste aÌ€ assurer notre compétitivité aÌ€ long terme dans un monde transformé par la montée du « commerce intégratif » et la puissance croissante des économies émergentes, notamment celles de la Chine et de l’Inde. Le deuxié€me a trait aux conséquences d’une popu- lation vieillissante sur notre main-d’œuvre et notre capacité fiscale. Et, en cette période ouÌ€ nos ressources naturelles sont l’objet d’une forte demande mondiale, le troisié€me consiste aÌ€ élaborer une stratégie de gestion des ressources maximisant retombées économiques et viabilité écologique.

Tous les trois réclament des stratégies nationales. Mais dans une fédération comme la noÌ‚tre, peut-on vraiment escompter arriver aÌ€ développer de telles stratégies? L’esprit de clocher régional est comme un « chien dans un jeu de quilles » aÌ€ chacune des rencontres fédérales-provinciales. Un meilleur fonctionnement de la fédération n’est pas une prio- rité que j’ai retenue, mais il ne fait pas de doute dans mon esprit que cela constitue une condition préalable pour relever les défis que je considé€re prioritaires.

Le premier défi ”” assurer notre compétitivité dans une économie mondiale en mutation accélérée ”” est fonda- mental pour une nation commerçante comme le Canada. Quelques décennies de libéralisation des échanges, le per- fectionnement et le moindre couÌ‚t des systé€mes de transport et de communication, l’intégration de nombreux pays en développement aÌ€ l’économie mondiale et l’avancée des techniques de gestion ont simultanément transformé la nature du commerce international. Au lieu de produire leurs biens en un seul lieu, les firmes les plus compétitives investissent aujourd’hui massivement dans des chaiÌ‚nes d’approvisionnement mondiales, recherchant pour leurs produits les composantes de la meilleure qualité au meilleur prix, ouÌ€ qu’elles se trouvent. Résultat : le contenu importé entrant dans la fabrication des biens exportés ne cesse d’augmenter, récusant du coup la notion traditionnelle de biens « fabriqués » en un seul pays.

Plus encore, les investissements directs aÌ€ l’étranger (IED) constituent désormais un vecteur décisif des échanges com- merciaux et de la compétitivité. Les investissements étrangers au Canada stimulent l’innovation et géné€rent des emplois de meilleure qualité pour les Canadiens. AÌ€ tel point qu’une récente étude de Statistique Canada estimait que les usines sous controÌ‚le étranger sont responsables de l’essentiel de la croissance de la productivité des années 1980 et 1990 dans le secteur manufacturier canadien. Ces IED entrants augmentent les sources de capitaux disponibles pour les investissements et accroissent les revenus gouvernementaux.

Et les IED sortants sont tout aussi indispensables aÌ€ notre compétitivité. Nombre d’entreprises utilisent l’investisse- ment étranger pour construire des chaiÌ‚nes d’approvision- nement internationales, resserrer les liens avec leurs clients et partenaires étrangers et fournir de meilleurs services, autant de choses qui favorisent les exportations canadi- ennes. Selon l’OCDE, chaque dollar d’IED sortant géné€re en moyenne le double en nouvelles exportations du pays de départ vers le pays bénéficiaire ”” et, dans le cas d’in- vestissements dans les pays en développement, trois aÌ€ six fois plus.

Les occasions d’investir aÌ€ l’étranger explosent actuelle- ment avec la croissance accélérée des grandes économies émergentes que sont le Brésil, la Russie, l’Inde et surtout la Chine (les pays du «BRIC »). Le pouvoir économique échappe peu aÌ€ peu aux pays industriels avancés, dont la croissance démographique fléchit ou recule et qui s’inquié€tent du couÌ‚t des pensions et des soins de santé de leurs populations vieillissantes. Par con- traste, la classe moyenne chinoise, for- mée des habitants au revenu annuel supérieur aÌ€ 6 000 $US, pourrait doubler au cours des cinq prochaines années. Et tout indique que l’Inde, dont la popu- lation plus jeune augmente encore plus rapidement, maintiendra aÌ€ quelque 6 p. 100 la croissance de son PIB aÌ€ l’horizon 2025.

Le Canada arrive mal aÌ€ s’adapter aÌ€ ces réalités. Comme l’indique le rapport Performance and Potential 2005-2006, il a glissé entre 2003 et 2005 du troisié€me au douzié€me dans la caté- gorie Économie. Et dans la course aux investissements étrangers, il cé€de le pas aux pays du BRIC sur les deux fronts des IED sortants et entrants. Pire, nous sommes recalés au dix-septié€me rang en matié€re de productivité, tandis que l’écart entre la productivité canadienne et américaine continue de se creuser. Des données pour le moins préoccu- pantes. D’autant que notre prospérité aÌ€ long terme et notre capacité de financer les programmes sociaux et les biens publics qui nous tiennent aÌ€ cœur dépendent de notre compétitivité aÌ€ l’échelle mondiale.

Pour renverser la vapeur, le Canada doit se doter d’un programme axé sur le commerce international et la compétitivité nationale pour établir les fondations de sa réussite économique aÌ€ long terme et redresser une situation qui risque autrement de s’aggraver. Ce programme devrait :

  • Stimuler l’innovation et la productivité en investissant notamment dans la formation et le perfectionnement des compétences de mé‚me que dans l’éducation permanente, en améliorant la commercialisation des technologies novatrices, en comblant nos lacunes en matié€re d’infrastructure, en réduisant les impoÌ‚ts des sociétés qui découragent l’investissement, en rationalisant et en allégeant les réglementations, y compris les barrié€res interprovin- ciales, et en assurant une meilleure intégration des immigrants aÌ€ la main-d’œuvre du pays.

  • Favoriser les IED entrants et sortants graÌ‚ce aÌ€ une stratégie globale de facilitation et de promotion des investissements, de mé‚me qu’en concluant des accords de protection des investissements pour améliorer l’accé€s des investisseurs canadiens aux marchés étrangers et en con- sentant des efforts ciblés aÌ€ l’expan- sion des exportations de services.

  • Favoriser la compétitivité de l’économie nord-américaine (puisque les États- Unis restent notre premier parte- naire commercial) en modernisant l’infrastructure frontalié€re, en facili- tant la circulation des biens aÌ€ l’aide de programmes élargis de prédé- douanement ainsi qu’en éliminant entre nos deux pays les écarts et les barrié€res réglementaires liés aux échanges et aÌ€ l’investissement.

  • Promouvoir le développement des grandes villes ”” vecteurs de la prospérité économique et commer- ciale du pays ”” en leur accordant des ressources fiscales correspondant aÌ€ leur importance économique, de mé‚me que les prérogatives de gouvernance néces- saires aÌ€ leur planification intégrée. Stratégiquement, cet investisse- ment dans les grandes villes favori- serait aussi le développement des petites municipalités et localités rurales, comme le montre une récente étude du Conference Board indiquant que la crois- sance de nos grandes villes est le premier facteur de développement des régions rurales avoisinantes. On devrait en outre se pencher sur la cohésion sociale et la viabilité écologique de nos villes de plus en plus hétérogé€nes et surpeuplées, dans le cadre d’une stratégie de réaménagement urbain.

Ce programme pour améliorer notre compétitivité recoupe en partie notre deuxié€me grand défi, qui consiste aÌ€ nous préparer aux con- séquences de la révolution démographique.

En 2025, plus de 20 p. 100 de la population canadienne aura plus de 65 ans, soit deux fois plus qu’en 1980. Et le ratio de dépendance des personnes aÌ‚gées (soit la proportion de citoyens de plus de 65 ans par rapport aÌ€ la popula- tion active) bondira de 19 p. 100 en 2005 aÌ€ 33 p. 100 en 2025. Des change- ments qui accentueront la pression sur notre régime fiscal et ce qui restera de notre main-d’œuvre. Des changements auxquels il faudra s’adapter en un temps record, puisque nous com- mencerons aÌ€ en subir les premiers effets dans dix ans aÌ€ peine.

L’escalade des couÌ‚ts liés aux soins de santé constituera dans les années aÌ€ venir un enjeu financier majeur. Les gouvernements fédéral et provinciaux devront poursuivre leurs efforts pour améliorer la prestation des soins tout en freinant la croissance des couÌ‚ts. En juin 2005, l’arré‚t Chaoulli de la Cour supré‚me a frayé la voie aÌ€ de nouvelles méthodes de prestation des soins tout en maintenant public le systé€me. Et les provinces pourraient tirer d’importantes leçons les unes des autres : comme l’indique une récente étude du Conference Board, certaines d’entre elles ont obtenu de meilleurs résultats que d’autres tout en engageant des dépenses moindres dans leur systé€me de santé.

Le vieillissement de la population accentuera également la pression sur le régime de pensions canadien (RCP). L’augmentation des primes versées au RCP suffira aÌ€ en maintenir la viabilité actuarielle, aÌ€ tout le moins jusqu’en 2021. Mais deux nouvelles sources de fonds pour les personnes aÌ‚gées aÌ€ faible revenu, le supplément de revenu garanti et la pension de la sécurité de la vieillesse, sont financées aÌ€ mé‚me les revenus généraux du gouvernement. Or, aucune réserve n’est présentement prévue pour en couvrir les couÌ‚ts futurs, ce qui pourrait réserver aux prochaines générations d’importants défis fiscaux. Une récente enqué‚te du Conference Board révélait de surcroiÌ‚t l’inquiétude de nombreux directeurs financiers ayant constaté que les entreprises canadiennes financent insuffisam- ment les régimes de retraite privés.

D’autres pays et gouvernements aux prises avec des problé€mes analogues ont tenté de stimuler le taux de natalité par des mesures politiques, qui se sont toutefois révélées ineffi- caces. Accueillir des immigrants en plus grand nombre contribuerait aÌ€ résoudre la question, mais le Canada a déjaÌ€ du mal aÌ€ intégrer ses nouveaux arrivants au niveau d’immigration actuel.

La stratégie la plus prometteuse consiste aÌ€ repousser légé€rement l’aÌ‚ge de retraite moyen, ce qui entraiÌ‚nerait une augmentation sensible de la popu- lation active. Dans l’ensemble des pays développés sont en effet adoptés des programmes visant aÌ€ augmenter l’offre de travail des travailleurs aÌ‚gés ou sti- mulant la demande pour ceux-ci en réduisant les couÌ‚ts salariaux qu’ils entraiÌ‚nent. Le Canada aurait tout intéré‚t aÌ€ mettre en œuvre une stratégie globale du mé‚me type prévoyant de :

  • Réformer le régime de pensions de l’É- tat pour favoriser les retraites différées. L’admissibilité au Régime de pensions du Canada débutant aÌ€ 60 ans, nous sommes aÌ€ ce chapitre plus généreux que la plupart des pays de l’OCDE (d’autant que plus de 40 p. 100 des Canadiens se pré- valent dé€s 60 ans de la rente du RCP). Le systé€me actuel pénalise en outre les salariés qui conti- nuent de travailler apré€s 65 ans.

  • Mettre en œuvre des politiques de ressources humaines favorables aux travailleurs aÌ‚gés. Les gouverne- ments canadiens pourraient envi- sager d’éliminer en tout ou en partie l’impoÌ‚t sur le revenu des tra- vailleurs de 65 ans et plus (apré€s fixation d’un plafond du revenu exempté). Ils devraient aussi sub- ventionner la formation nécessaire au maintien et au perfection- nement de leurs compétences.

  • Modifier la culture et les politiques d’en- treprise en vue d’attirer et de conserver les travailleurs aÌ‚gés. Apré€s plusieurs décennies d’incitation aux retraites anticipées, les entreprises canadien- nes de toutes dimensions doivent adapter leurs stratégies de ressources humaines aÌ€ l’évolution démo- graphique en accueillant et en con- servant des travailleurs aÌ‚gés en plus grand nombre. Parmi les mesures envisageables, citons la flexibilité des horaires de travail, l’apprentissage permanent et les programmes de transition graduelle vers la retraite.

  • Élaborer un cadre général de politique. Les gouvernements devraient col- laborer avec les entreprises petites et grandes aÌ€ l’élaboration d’un cadre de politique générale en matié€re d’offre et de demande de la main-d’œuvre aÌ‚gée.

Notre troisié€me grand défi consiste aÌ€ gérer nos ressources naturelles en fonction de notre réussite économique et de nos responsabilités environnementales. Le Canada est directement touché par l’accroisse- ment de la demande mondiale en ressources naturelles. Et cette période de forte demande nous offre l’occasion de définir une stratégie de maximisa- tion des retombées économiques et de viabilité aÌ€ long terme de nos ressources et de notre environnement. Une stratégie qui devrait prendre en compte les répercussions de cette explosion de la demande sur les rela- tions fédérales-provinciales (et interré- gionales) ainsi que l’importance des milieux urbains. Mais contrairement aÌ€ l’aberrant Programme énergétique national des années 1970, elle devra éviter aÌ€ la fois de pénaliser injustement les régions productrices et d’interdire la voie des marchés étrangers.

Les changements climatiques doivent é‚tre au cœur de cette stratégie. Le Canada s’est engagé aÌ€ réduire ses émissions de gaz aÌ€ effet de serre, mais il tarde sérieusement aÌ€ joindre le geste aÌ€ la parole. Peu d’observateurs croient aÌ€ l’application du plan de réduction de 270 millions de tonnes par année d’ici aÌ€ 2012, un plan dont plusieurs éléments restent d’ailleurs aÌ€ éclaircir ou aÌ€ mettre en œuvre. Notamment les suivants :

  • Le Canada tarde aÌ€ créer un systé€me d’échange de droits d’émis- sions permettant aux grands émetteurs d’acheter des « crédits de pollution » applicables aÌ€ des sources plus propres.

  • Notre pays n’a toujours établi aucune obligation de réduction pour les grands émetteurs, et les émetteurs canadiens n’ont saisi aucune occasion d’échange de droits d’émission.

  • La création d’un fonds pour le climat canadien visant l’achat de crédits de réduction d’émissions aupré€s de sources nationales et internationales reste aÌ€ l’état de projet.

  • Le projet de Fonds de technologie et de partenariat est intéressant mais il reste imprécis et peu sus- ceptible de produire de vrais résul- tats avant 2012.

Ces engagements nous permet- tront certes d’accroiÌ‚tre l’efficacité de notre action en ce qui a trait aux changements climatiques, mais ce ne sera pas suffisant. Il nous faudra égale- ment définir une stratégie globale pour l’apré€s-2012 et rétablir sur la question un dialogue national hon- né‚te et créatif.

AÌ€ l’exemple de l’industrie gazié€re et pétrolié€re, le secteur forestier est aussi confronté aÌ€ des défis dont la nature est toutefois plus économique qu’environnementale. Ses usines sont plus petites et plus vieilles que celles de ses concurrents et n’ont pas été rénovées au mé‚me rythme. Le pro- blé€me s’explique en partie par l’ab- sence d’une super-industrie forestié€re au Canada, qui compte plutoÌ‚t dif- férents petits secteurs forestiers provinciaux dont les emplois sont concentrés au Québec, en Colombie- Britannique et en Ontario. Les tenta- tives de rentabiliser l’ensemble de l’industrie en fermant les usines déficitaires et en regroupant la pro- duction sont donc souvent entravées par l’interférence des provinces. Le caracté€re provincial de la gestion des foré‚ts se traduit en outre par l’exi- gence de traiter le bois dans les provinces ouÌ€ on l’a coupé, ce qui empé‚che les entreprises interprovin- ciales de rationaliser leur production dans des installations plus grandes et plus rentables. Enfin, cette industrie canadienne est fortement réglemen- tée par le dédoublement des régle- mentations fédérales-provinciales et plus lourdement imposée que dans tous les autres pays de l’OCDE, sauf l’Allemagne.

Environ 20 p. 100 de l’eau douce du globe se trouve au Canada, en grande partie sous forme de glaciers, de neige et de nappe glaciaire, et l’essen- tiel de notre eau liquide s’écoule vers le Nord, soit aÌ€ grande distance des régions peuplées. Or les régions ouÌ€ la demande d’eau augmentera le plus fortement sont aussi les plus sensibles aÌ€ la variabilité de l’eau et aux change- ments climatiques. Trois bassins hydrologiques ”” ceux de la Colombie- Britannique intérieure, du sud de la

Saskatchewan et des Grands Lacs ”” sont déjaÌ€ utilisés aÌ€ leur capacité maxi- male et ne pourraient é‚tre exploités davantage sans dommages irrépara- bles. Aussi devons-nous mieux gérer nos ressources hydriques afin de répondre aÌ€ nos besoins actuels et futurs. De mé‚me, nous devons conti- nuer de résister aux demandes de notre voisin du Sud, qui réclame le prélé€ve- ment massif ou la dispersion vers les États-Unis des eaux canadiennes.

Finalement, étant donné que les villes regroupent la majorité des Canadiens, la qualité de nos milieux urbains soulé€ve de sérieux pro- blé€mes. Tout en poursuivant la réduction des polluants de l’air, de l’eau et du sol, il est temps d’envi- sager de nouvelles approches comme l’écologie industrielle, qui prévoit de réaménager les centres urbains et industriels en vue de réduire, réutili- ser et recycler les déchets. La santé des milieux urbains est de plus en plus considérée comme un préalable indispensable aÌ€ la capacité des cités- régions d’attirer les citoyens ta- lentueux et créatifs qui présideront aÌ€ l’innovation et aÌ€ la croissance économique du pays.

C’est aÌ€ ces trois grands défis que le Canada se trouve aujourd’hui confronté. Les Canadiens se prélassent aujourd’hui sous le soleil de taux de choÌ‚mage relativement faibles, de budgets équilibrés et d’une croissance satisfaisante, mais de sombres nuages se profilent aÌ€ l’horizon. D’ouÌ€ l’impor- tance de stratégies globales aÌ€ long terme capables de dynamiser notre compétitivité, de nous préparer aÌ€ la révolution démographique et d’assu- rer la gestion de nos ressources naturelles en fonction d’une crois- sance durable. Dix stratégies « ma province d’abord » ne suffiront toute- fois pas aÌ€ la taÌ‚che. Ces enjeux pan- canadiens nécessitent un leadership national et une authentique collabora- tion intergouvernementale.

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