Canadiens et Américains ont les mêmes préoccupations quant à l’établissement d’une frontière suîre et intelligente et à la sécurité énergétique nord-américaine. Et une majorité d’entre eux ne voient aucune contradiction entre ces préoccupations et la défense des intérêts nationaux de leur pays respectif.

Telles sont les conclusions du sixième sondage annuel Nanos Research réalisé en août 2010 auprès de 1 002 Canadiens et 1 002 Américains en collaboration avec la State University of New York à Buffalo.

Un autre sondage Nanos, réalisé en exclusivité pour Options politiques du 11 au 14 février 2011 auprès de 1 006 Canadiens, ne laisse pour sa part aucun doute sur l’importance que ceux-ci accordent aux relations canado-américaines.

Tout aussi clairement, les Canadiens jugent que l’importance de ces liens se manifeste d’abord au sommet : pas moins de 72 p. 100 estiment ainsi que des liens positifs entre les deux chefs d’État sont plutôt importants ou très importants, une majorité (51,8 p. 100) les jugeant très importants (question 1).

Nos concitoyens l’ont bien compris : c’est au sommet que commencent des relations bilatérales harmonieuses.

Dans une proportion de 60,7 p. 100, ils estiment aussi plutôt important ou très important que les citoyens des deux pays entretiennent des liens positifs (question 2).

Quand nous leur avons demandé quel pays est le partenaire le plus important du Canada en termes de prospérité économique, près des deux tiers (64,2 p. 100) des Canadiens ont nommé les États-Unis, contre un sur cinq seulement (20,3 p. 100) qui ont désigné la Chine. Tous les autres pays cités l’ont été par une infime proportion de répondants : le Royaume-Uni (2,8 p. 100), le Mexique (2,8 p. 100), le Japon (2,3 p. 100) et l’Allemagne (1,2 p. 100) (question 3).

Nous leur avons aussi demandé de nommer le plus important partenaire du Canada en recherche et développement, et près de 6 sur 10 (59,2 p. 100) ont également désigné les États-Unis, loin devant la Chine (12,7 p. 100), le Japon (6 p. 100), le Royaume-Uni (5,3 p. 100), l’Allemagne (3,6 p. 100) et le Mexique (2,3 p. 100) (question 4).

Pour ce qui est des relations entre les élus des deux pays, près de la moitié des Canadiens (47,0 p. 100) les ont jugées plutôt importantes ou très importantes (question 5). De façon analogue, 44,4 p. 100 estiment plutôt important ou très important que le premier ministre de leur province entretienne de bons rapports avec les gouverneurs des États américains (question 6). Pour ce qui est enfin de notre partenaire le plus important en termes d’autosuffisance énergétique, 63,9 p. 100 ont de nouveau désigné les États-Unis (question 7).

Revenons à notre sondage de la State University of New York des deux côtés de la frontière pour souligner la priorité accordée à la sécurité énergétique. C’est en effet une écrasante majorité de 88 p. 100 d’Américains et de 81 p. 100 de Canadiens qui se disent d’accord ou plutôt d’accord avec l’élaboration d’une « politique énergétique intégrée » pour leurs deux pays (graphique 1).

Et dans la foulée de l’initiative de dialogue « Par-delà la frontière » lancée le mois dernier par le premier ministre Stephen Harper et le président Barack Obama, on note un solide appui à une collaboration plus étroite en matière de sécurité nationale. Ce sont ainsi 66 p. 100 des Américains et 57 p. 100 des Canadiens qui préfèrent une telle coopération au maintien de deux politiques de sécurité distinctes (graphique 2).

À propos de sécurité frontalière, 73 p. 100 des Américains et 65 p. 100 des Canadiens se disent aussi en faveur d’une collaboration plus étroite (graphique 3). Quant aux mesures antiterroristes, 79 p. 100 des Américains et 65 p. 100 des Canadiens préfèrent également une meilleure coopération à des politiques distinctes (graphique 4).

On observe donc sur les enjeux frontaliers une divergence frappante entre la population américaine et ses législateurs, qui préfèrent gérer les frontières canadienne et mexicaine selon une approche uniformisée, indépendamment des particularités de chacune. Contrairement à leurs élus, les Américains comprennent que les enjeux ici sont très différents. L’immigration clandestine, le trafic de stupéfiants et autres formes d’activités criminelles ne se présentent tout simplement pas le long de la frontière canadienne. En revanche, 300 000 personnes et des marchandises d’une valeur de 1,5 milliard de dollars passent chaque jour la frontière, les États-Unis et le Canada ayant la plus étroite relation commerciale bilatérale du monde.

Le sondage révèle en outre beaucoup de similitudes entre Canadiens et Américains en ce qui concerne leurs valeurs. Par exemple, 50 p. 100 des premiers et 53 p. 100 des seconds notent des ressemblances en matière d’application des droits de la personne dans les deux pays (graphiques 5a et 5b).

Du côté canadien, ce résultat marque une forte augmentation par rapport à 2005, quand seulement 26 p. 100 des Canadiens notaient des ressemblances sur cette question. Ce qui témoignait des controverses suscitées à l’époque par la présidence de Georges W. Bush au chapitre des droits de la personne, à propos notamment de la prison de Guantánamo et de la torture des détenus en Irak.

Nul doute que les Canadiens consacrent plus de temps que les Américains à réfléchir aux relations bilatérales. Mais quand on sollicite leur avis, les Américains reconnaissent que le Canada est non seulement leur voisin, leur partenaire commercial et leur meilleur ami, mais que les deux pays partagent aussi les mêmes valeurs démocratiques (question 8).

Autrement dit, il y a réciprocité notable des perceptions.

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Nik Nanos
Chercheur et conseiller stratégique, Nik Nanos est régulièrement appelé à conseiller des dirigeants sur un large éventail de sujets, notamment les fusions d'entreprises, les campagnes de sensibilisation du public, la gestion de la réputation et les questions réglementaires. Il dirige l'équipe de Nanos, qui conduit des recherches au Canada et aux États-Unis, est fellow au Woodrow Wilson International Center for Scholars de Washington, D.C., et chercheur et professeur agrégé à  la State University of New York de Buffalo. Il est aussi analyste principal pour l'indice Bloomberg-Nanos de la confiance des consommateurs canadiens, dont les résultats sont transmis hebdomadairement aux clients de Bloomberg. Chaque semaine, il présente The Nanos Number à  l'émission Power & Politics de la CBC, qui suit l'évoution politique, économique et sociale. Il siège au comité de rédaction du Journal of Professional Communication de l'Université McMaster.

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