Plus du tiers des Canadiens estiment que la région de l’Asie-Pacifique offre la meilleure opportunité pour le Canada, alors que moins d’un sur quatre croient que ces débouchés se trouvent surtout aux États-Unis.

Même s’ils comprennent que les États-Unis restent leur premier partenaire commercial, les Canadiens jugent donc que l’Asie-Pacifique est plus riche de possibilités.

Telle est la conclusion clé du dernier sondage réalisé par Nanos Research pour Options politiques. Cette enquête représentative de la population a été menée en ligne les 11 et 12 juin auprès de 1 000 Canadiens de 18 ans et plus.

Pas moins de 35,2 p. 100 ont ainsi affirmé que l’Asie-Pacifique offrait au Canada les meilleures opportunités, contre 23 p. 100 qui ont nommé les États-Unis (question 1). Seulement 9 p. 100 ont désigné l’Europe, 5,7 p. 100 l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud, et 1,7 p. 100 l’Afrique (25,4 p. 100 se disant incertains).

Sans surprise, la Colombie-Britannique, porte d’entrée du Pacifique, marque l’écart le plus important entre les régions avec 53 p. 100 des répondants indiquant l’Asie-Pacifique, contre 15 p. 100 seulement optant pour les États-Unis.

Dans les provinces des Prairies, ce soutien à l’Asie-Pacifique reste aussi supérieur à la moyenne nationale, 40,7 p. 100 jugeant les opportunités plus nombreuses dans cette région du monde, contre 22,4 p. 100 qui citent les États-Unis.

En Ontario, l’Asie-Pacifique a été désignée par 34,9 p. 100 des répondants, les États-Unis par 26,1 p. 100 d’entre eux. Au Québec, l’option asiatique devance légèrement l’option américaine, à 25,3 p. 100 contre 22,4 p. 100. Seules les provinces atlantiques, étroitement liées à la Nouvelle-Angleterre, voient les meilleures opportunités aux États-Unis (28,5 p. 100) par rapport à l’Asie-Pacifique (22,9 p. 100).

Il est intéressant de comparer les perceptions entre la province la plus proche de l’Asie-Pacifique (la Colombie-Britannique) et la région la plus éloignée (les provinces atlantiques) : d’ouest en est, l’appui à l’Asie-Pacifique baisse de moitié, passant de 53 à 23 p. 100.

Quand on leur a demandé de désigner le pays le plus proche du Canada en termes de valeurs d’entreprise, les Canadiens ont toutefois clairement exprimé leur préférence pour les États-Unis (question 2).

Plus de 6 Canadiens sur 10, soit 61,7 p. 100, ont affirmé que les valeurs adoptées par les entreprises de leur pays les rapprochent surtout des États-Unis, 1 sur 7 (14,5 p. 100) de la Grande-Bretagne et un peu plus de 1 sur 10 (11,4 p. 100) de la Chine.

Les autres pays cités pour leurs valeurs d’entreprise semblables sont l’Allemagne (4,8 p. 100 des répondants), le Japon (3,6 p. 100), la France (2,9 p. 100) et le Mexique (1,1 p. 100).

Ces données sur les mentalités ne varient guère selon les régions, sauf au Québec, où 8,6 p. 100 des répondants ont estimé que les valeurs mises de l’avant en France sont très proches de celles du Canada.

Si elle n’étonne pas, cette mention de la France reste inférieure à 10 p. 100. En revanche, pas moins de 64 p. 100 des Québécois estiment que nos valeurs d’entreprise nous rapprochent surtout des États-Unis, un pourcentage plus élevé que partout ailleurs au pays.

Quand nous leur avons demandé de citer le second pays avec lequel le Canada partage le plus de valeurs d’entreprise,29,1p.100ontdésignéla Grande-Bretagne, 19,1 p. 100 la Chine et 17,9 p. 100 les États-Unis (question 3).

En somme, tout indique que les Canadiens sont de plus en plus conscients de la nécessité de renforcer leurs liens commerciaux avec la Chine.

Le sondage comportait d’ailleurs une question à volets leur demandant si les échanges commerciaux du Canada avec la Chine représentent une opportunité ou une menace dans quatre domaines clés : création d’emplois canadiens (question 4), développement des ressources (question 5), investissements au Canada (question 6) et exportation des produits et services canadiens (question 7).

Partout positives, les réponses sont particulièrement favorables dans trois de ces quatre domaines.

Pour ce qui est de créer des emplois au Canada, 44,5 p. 100 des répondants voient nos liens économiques avec la Chine comme une opportunité, contre 32 p. 100 qui les voient comme une menace.

Dans les trois autres domaines, les réponses favorables sont toutes majoritaires. Pour le développement des ressources, 51,6 p. 100 des répondants considèrent que les échanges avec la Chine sont une chance, seulement 22,1 p. 100 les jugeant négativement. Et selon une répartition régionale prévisible, cet appui à la Chine atteint 62,8 p. 100 dans les Prairies, où seulement 17 p. 100 des répondants y voient une menace.

Pour ce qui est d’attirer des investissements au Canada, 57,8 p. 100 des Canadiens jugent que les liens de leur pays avec la Chine sont une occasion à saisir plutôt qu’une menace (17,3 p. 100).

C’est dans les Prairies encore que l’écart de la moyenne nationale est plus élevé : 64,6 p. 100 des répondants estiment que les investissements chinois au Canada sont une bonne chose, contre seulement 13,3 p. 100 qui les jugent menaçants.

Enfin, l’idée de se rapprocher de la Chine pour stimuler les exportations des biens et services canadiens est favorablement accueillie par 63,1 p. 100 des Canadiens, contre seulement 15,8 p. 100 qui s’y opposent. C’est ici à quatre contre un qu’on approuve le rapprochement du Canada avec la Chine.

Bref, ce sondage Nanos pour Options politiques montre que les Canadiens voient la région de l’Asie-Pacifique, et surtout la Chine, comme une occasion de croissance et de prospérité pour leur pays. Mais comme pour toutes les occasions, encore faut-il que ces liens se développent harmonieusement. Quoi qu’il en soit, cette enquête indique que pour l’instant, les Canadiens sont ouverts à un engagement économique plus marqué de leur pays sur le front de l’Asie-Pacifique.

Photo: Shutterstock /Maridav

Nik Nanos
Chercheur et conseiller stratégique, Nik Nanos est régulièrement appelé à conseiller des dirigeants sur un large éventail de sujets, notamment les fusions d'entreprises, les campagnes de sensibilisation du public, la gestion de la réputation et les questions réglementaires. Il dirige l'équipe de Nanos, qui conduit des recherches au Canada et aux États-Unis, est fellow au Woodrow Wilson International Center for Scholars de Washington, D.C., et chercheur et professeur agrégé à  la State University of New York de Buffalo. Il est aussi analyste principal pour l'indice Bloomberg-Nanos de la confiance des consommateurs canadiens, dont les résultats sont transmis hebdomadairement aux clients de Bloomberg. Chaque semaine, il présente The Nanos Number à  l'émission Power & Politics de la CBC, qui suit l'évoution politique, économique et sociale. Il siège au comité de rédaction du Journal of Professional Communication de l'Université McMaster.

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