Une intense activité règne dans l’Arctique. Tandis que les mesures par satellite confirment la fonte record de la calotte glaciaire, le Canada et quatre autres États
Côtiers ont notamment convenu de négocier un accord réglementant la pêche commerciale dans la zone internationale de l’océan. Après les protocoles de recherche et sauvetage et d’intervention en cas de déversement de pétrole, on saluera cette prise de conscience de la nécessité de réguler le développement économique.
Cette agitation diplomatique ne fait que mettre en évidence les forces de développement en œuvre dans tout l’Arctique. Or les répercussions d’un accroissement de l’exploration énergétique, de la pêche industrielle et du transport maritime inquiètent beaucoup d’habitants de la région circumpolaire et d’ailleurs, de plus en plus alarmés par l’impact mondial des modifications à l’écosystème arctique.
Nous examinons dans ce numéro comment d’autres pays perçoivent l’Arctique, livrant les points de vue de Moscou et de Beijing, de l’Europe continentale comme de l’Asie de l’Est. La question se pose avec acuité depuis que nombre d’États n’ayant pas d’intérêts historiques dans la région cherchent à y affirmer leur présence et à se joindre à des forums internationaux comme le Conseil de l’Arctique.
Ces pays multiplient les professions de foi en faveur du devenir écologique de la région, mais le vrai test réside dans leur comportement réel. On évaluera ainsi le discours de coopération internationale de la Chine à la lumière des accords de développement recherchés ou conclus avec la Russie, l’Islande et le Groenland. De même pour le Japon, qui s’intéresse aux sciences arctiques, mais dépend tout autant que la Corée du Sud des importations d’énergie, et dont les flottes de pêche continuent de parcourir des milliers de kilomètres pour rassasier ses habitants de poisson.
L’avenir de l’Arctique suscite des craintes parfaitement fondées. Le recul des glaces a une incidence environnementale sur toutes les régions du monde, et les pays côtiers comme le Canada doivent assumer — et partager — cette responsabilité. En avril, des militants de Greenpeace sont allés enfouir un « drapeau pour l’avenir » sous la banquise du pôle Nord. Plus que la réplique symbolique de l’expédition russe de 2007, où la Russie avait cherché à provoquer en déposant son drapeau sur le fond marin, ce geste veut signifier que le reste du monde doit avoir son mot à dire sur le sort de l’Arctique.