La plupart des observateurs politiques se souviennent du 2 mai 2011 : un séisme politique, mieux connu sous le nom de « vague orange », a alors frappé le Canada. Je garde sans doute un souvenir plus marqué encore de ce moment, car c’est à cette occasion que j’ai été élu pour la première fois à la Chambre des communes. À 19 ans et 11 mois, j’étais devenu le plus jeune député fédéral de l’histoire canadienne. Je ressentais beaucoup de fierté, bien sûr, mais aussi une pression supplémentaire au lendemain de l’élection. Je savais qu’en tant que plus jeune élu à la Chambre des communes, j’allais susciter une attention particulière.

Généralement, un jeune élu attire davantage de regards et de jugements. Il doit alors faire ses preuves et établir sa crédibilité, ce qui n’est pas facile. L’électorat s’attend à ce qu’un jeune politicien se présente différemment de ses aînés ; mais sans expérience politique, il est souvent ardu, voire périlleux, d’affronter le monde politique. Ce sont certainement des défis auxquels font face tous les jeunes qui se lancent en politique aujourd’hui.

Par ailleurs, je dirais qu’il y a beaucoup d’avantages à être en politique active à un jeune âge. Entre autres, nous les jeunes avons une vision différente, une vision à long terme des choix politiques et des débats auxquels nous participons. De façon générale, nous avons tendance à voir au-delà de la prochaine élection. Pensant davantage aux répercussions qu’auront ces choix sur les générations futures, nous avons une conscience plus aiguisée des décisions que nous prenons.

Et en tant que jeunes élus, nous sommes moins frileux d’engager des débats sur des enjeux complexes, de proposer de grandes réformes et d’entreprendre des projets d’envergure pour notre société. Comme nous sommes plus idéalistes et que nous envisageons de demeurer en politique pour un certain temps, nous n’avons pas peur de parler de projets politiques ambitieux et de tenter de les faire progresser.

Outre cet idéalisme qui caractérise ma génération, une jeunesse plus active politiquement apporte plusieurs bénéfices à la société. Avant tout, elle lui permet d’avoir une assemblée plus représentative de la population. On parle souvent de faire davantage de place aux femmes en politique pour qu’elles aient une voix équivalente aux hommes dans nos assemblées d’élus. Je crois, dans le même sens, qu’on devrait intensifier nos efforts pour voir les jeunes de ma génération occuper les banquettes de nos assemblées législatives. Qui est mieux placé pour porter la voix des jeunes qu’un élu qui appartient lui-même à cette génération ? Voilà un des rôles que je me donne à la Chambre des communes et la contribution que je tente d’apporter à nos discussions. Il va de soi que je souhaite être le porte-voix des jeunes au Parlement, car les idées que nous avons doivent absolument être entendues.

À la suite de l’annonce récente du premier ministre et ministre canadien de la Jeunesse, je me réjouis qu’une plus grande place sera faite aux jeunes dans la prise de décision politique. La mise sur pied du Conseil jeunesse, qui se rapporte directement au premier ministre, est un pas dans la bonne direction, pourvu que les recommandations du Conseil soient entendues et prises au sérieux. Je m’attends à ce que les parlementaires comme la population aient l’occasion de faire un suivi des idées qui seront formulées dans ces rencontres et que cette nouvelle tentative d’impliquer la jeunesse soit la plus transparente possible. Il s’agit là d’une belle opportunité pour les jeunes de se faire entendre en dehors des débats qui ont lieu actuellement à la Chambre des communes. En effet, je crois que ce type de forum devrait se concentrer sur des enjeux qui ne sont pas discutés en ce moment au Parlement. S’il peut être un vecteur de nouveaux débats, ce sera mission accomplie. Les jeunes du Conseil auront la chance de faire avancer certaines idées qui feront peut-être leur chemin jusque dans nos débats parlementaires.

Le gouvernement fait également bonne route en voulant élaborer une stratégie jeunesse qui pourrait proposer des solutions à plusieurs grandes questions. Celle qu’on me mentionne le plus souvent concerne la situation du marché de l’emploi. C’est pourquoi le Nouveau Parti démocratique (NPD) se penche actuellement sur cette réalité du 21e siècle et sur ses enjeux, notamment la précarité de l’emploi et le travail autonome. L’ère technologique a changé notre monde, et le marché de l’emploi est appelé à s’ajuster aussi. Il faut engager davantage de ressources pour assurer une meilleure sécurité d’emploi, accorder des avantages sociaux à tous les jeunes Canadiens qui intègrent le marché du travail et bonifier les pensions. Nous devons investir dans l’éducation et la formation pour donner à la nouvelle génération les outils et les moyens de sortir du travail précaire. Enfin, le positionnement du Canada dans la production d’énergie renouvelable et de technologies nouvelles est crucial. Cet enjeu préoccupe hautement ma génération. Ce sont là mes recommandations au gouvernement alors qu’il tente de mettre en place sa stratégie jeunesse.

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Nous les jeunes sommes l’avenir de notre pays et méritons d’être entendus, que ce soit par les voies officielles comme les assemblées législatives ou par de nouveaux moyens de consultation, à l’instar de cette politique jeunesse que le gouvernement souhaite bientôt mettre en place. En tant que jeune élu à la Chambre des communes, je souhaite que ma génération prenne davantage sa place et ose changer les choses.

Photo : mise gracieusement à notre disposition par Pierre-Luc Dusseault

Cet article fait partie du dossier La jeunesse du pays face aux politiques publiques.

 


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Pierre-Luc Dusseault
Pierre-Luc Dusseault est député du Nouveau Parti démocratique à la Chambre des communes ; il y représente la circonscription de Sherbrooke.

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