Le décès de Jack Layton a eu l’effet d’un coup de tonnerre au Québec. Dès que la nouvelle a été connue, les médias ont consacré leur temps et leurs pages à honorer sa mémoire, relater son parcours et souligner à quel point son approche de la politique était différente, marquée par un optimisme tenace. Sa dernière lettre a été diffusée in extenso ; on a même choisi un comédien pour l’interpréter et la passer en boucle sur le réseau public. La couverture intensive des médias québécois a duré toute la semaine, jusqu’aux funérailles de Toronto. Sur les lignes ouvertes, plusieurs n’ont pas hésité à dire qu’ils s’estimaient désormais « orphelins ». Les témoignages furent si nombreux et si riches en émotion qu’un étranger parachuté au cœur du Québec aurait pu croire que Jack Layton avait été un personnage central de l’histoire québécoise des dernières décennies et qu’on lui devait des réformes majeures ou des institutions de premier plan.

La relation entre Jack Layton et les Québécois s’inscrivait dans le registre des sentiments et des affections. Une chimie s’était créée entre l’homme et le Québec où il était né, à un point que plusieurs estiment que les résultats spectaculaires du 2 mai dernier s’expliquent essentiellement par le charisme de Jack Layton : 58 des 59 députés lui devraient littéralement leur siège.

Notre objectif ici n’est pas de nier la part symbolique et subjective de cette perception, mais plutôt de l’intégrer dans un contexte plus vaste. La personnification des choix politiques dissimule généralement des dynamiques plus ou moins visibles qu’il faut tenter de reconstituer tant bien que mal par le recoupement d’indices.

On oublie d’abord que Jack Layton avait cherché à séduire les Québécois lors des trois élections précédentes, soit celles de 2004, de 2006 et de 2008. En 2004, les néodémocrates n’avaient recueilli que 4,6 p. 100 du vote, puis 7,5 p. 100 en 2006 et 12,2 p. 100 en 2008. Pendant toutes ces années, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD) n’avait réussi qu’à faire élire un seul député, Thomas Mulcair, dans la circonscription montréalaise d’Outremont. En d’autres termes, pendant sept des huit années où il dirigea les destinées du NPD, son sourire et sa personnalité ont provoqué un attachement limité, qui ne s’était que fort peu matérialisé en votes au Québec.

Un constat s’impose d’emblée : l’option néodémocrate ne s’est jamais enracinée au Québec. Contrairement au reste du Canada où le NPD dispose au plan provincial d’un équivalent, parfois de premier plan, organiquement lié au NPD fédéral, le pendant provincial au Québec n’a eu droit qu’à des appuis marginaux, carrément insignifiants. La branche provinciale s’est d’ailleurs sabordée en 2002 pour rejoindre ce qui deviendra Québec solidaire en 2006. Au niveau fédéral, le support du NPD au Québec est resté famélique pendant un demi-siècle, soit depuis la création du parti. Même lors de ses meilleures années, il ne parvenait pas à obtenir 15 p. 100 du vote.

La relation entre Jack Layton et les Québécois s’inscrivait dans le registre des sentiments et des affections. Une chimie s’était créée entre l’homme et le Québec où il était né, à un point que plusieurs estiment que les résultats spectaculaires du 2 mai dernier s’expliquent essentiellement par le charisme de Jack Layton: 58 des 59 députés lui devraient littéralement leur siège.

Pendant longtemps, le vote pour le NPD était cantonné dans l’Ouest du pays et en Ontario. Au Québec, ses appuis étaient analogues à ceux obtenus dans les provinces maritimes. Cependant, depuis le milieu des années 1990, le NPD était parvenu à s’enraciner au Nouveau-Brunswick et surtout en Nouvelle-Écosse. En 1997, il y récoltait 30 p. 100 du vote, alors qu’au Québec, le NPD n’enregistrait toujours qu’un maigre 2 p. 100. En fait, ce n’est qu’en 2011 que le NPD a bénéficié d’au moins 15 p. 100 du vote dans chacune des provinces canadiennes.

Si l’appui au NPD a bondi à 42,9 p. 100 au Québec le 2 mai dernier, c’est parce qu’un environnement plus large favorisait cette éclosion : en simplifiant, nous pourrions dire qu’une lassitude à l’endroit de la cause souverainiste avait gagné une large portion de la population. Le NPD a en fait profité d’une transformation de la culture politique québécoise qui s’est manifestée par les difficultés du PQ et l’effondrement de ses intentions de vote depuis quelques mois. L’élection québécoise de 2007 et la montée fulgurante de l’hypothèse Legault dans les intentions de vote à l’automne 2010 témoignaient déjà, bien avant la montée du NPD en avril 2011, d’une fatigue profonde à l’endroit du discours souverainiste.

Dit autrement, la chute des deux géants souverainistes a rendu les Québécois réceptifs à autre chose. Et c’est dans ce contexte nouveau que la personnalité de Jack Layton a joué un rôle. En quelques semaines, le sourire de Jack est devenu un aimant ouvrant la voie à une dynamique rarement vue dans l’histoire électorale canadienne. Son sourire n’était plus interprété comme du jovialisme, mais considéré comme de l’optimisme. Cet emballement autour d’une personnalité était la face visible et positive d’un tournant structurel, essentiellement extérieur au NPD et à son programme.

Pour mieux s’en convaincre, il convient de retourner un peu plus loin dans le temps. Quand on examine le vote pour le NPD au Québec depuis 1962 et qu’on le juxtapose tant bien que mal au niveau d’appui à la souveraineté, on peut mieux comprendre le lien qui existe entre la souveraineté et le NPD. Concrètement, les données attestent que l’appui à la souveraineté et l’appui au NPD sont souvent inversement proportionnels.

Jusqu’en 1967, l’indépendance revêt les allures d’une option radicale, incarnée principalement par le Front de libération du Québec et le Rassemblement pour l’indépendance nationale de Pierre Bourgault. L’idée, selon les rares enquêtes menées alors par des pionniers du sondage, ne récolte pas 10 p. 100 d’appuis. Pendant toute la période qui s’étend de la création du Parti québécois en 1968 jusqu’au référendum de 1980, la souveraineté progresse. Incarnée par René Lévesque, elle quitte la marginalité pour devenir une option recueillant entre 20 et 40 p. 100 des intentions de vote. Pendant ces années, le NPD n’est jamais parvenu à retrouver le niveau d’appui de 1965. Au Québec, le mouvement souverainiste mobilise toute la militance progressiste, laissant à ses électeurs le soin de décider eux-mêmes ce qu’ils comptent faire de leur vote au niveau fédéral.

L’échec des souverainistes en 1980 vient mettre un terme à une phase de développement quasi continu pour le nationalisme québécois. Les bons scores enregistrés par le NPD en 1984 et 1988 ne sont pas étrangers au fait que l’appui à la souveraineté est en pleine contraction. Toute la période de 1981 à 1988 est qualifiée de « plateau creux » par le politologue québécois Édouard Cloutier, qui va jusqu’à dire que l’idée « n’est plus prise au sérieuse ». On dispose d’ailleurs de très peu de données, et souvent le calcul doit se faire par interpolation.

Avec l’échec de Meech, en 1990, la souveraineté rebondit. Le débat se polarise entre fédéralistes et souverainistes, et le NPD en subit durement les contrecoups, perdant rapidement toute la progression qu’il avait pu enregistrer pendant les années 1980. Son vote s’effondre littéralement. Et c’est uniquement lorsque le Bloc québécois amorcera sa chute 15 ans plus tard, lors des scrutins de 2006 et de 2008, que le NPD se retrouve en situation confortable, avant de finalement s’imposer le soir du 2 mai.

Cette évolution paradoxale des deux options s’explique.

Alors que le nationalisme traditionnel des années  1950 — et d’avant — est la combinaison d’un catholicisme triomphant et d’un conservatisme politique, le nationalisme qui s’impose pendant la Révolution tranquille met de l’avant une attitude morale et culturelle résolument moderne (presque postmoderne) et un interventionnisme étatique musclé. Les « révolutionnaires tranquilles » au sein du Parti libéral, puis dans le Parti québécois, prônent un nationalisme en rupture avec celui du passé ; et les choix politiques keynésiens de l’époque, se situant sur le terrain de la social-démocratie, permettent un rattrapage massif et un saut dans la modernité.

Non seulement le nationalisme québécois absorbe-t-il alors tous les efforts des sociaux-démocrates, mais en plus s’affrontent dès lors deux interventionnismes étatiques, celui de Québec et celui d’Ottawa incarné par Trudeau. Pour plusieurs, le NPD est essentiellement centralisateur. Son soutien au gouvernement libéral de 1972 à 1974 en est une preuve. Paradoxalement, son caractère social-démocrate ne provoque donc aucun attrait puisqu’il se combine avec le « nation building » canadien. Il suscite au contraire réserve, méfiance et parfois même de l’hostilité.

De là s’explique le corollaire : aussitôt que le mouvement souverainiste s’essouffle, les Québécois sont à nouveau disponibles. En 1984, ils le furent pour l’équipe de Brian Mulroney qui promettait une réconciliation constitutionnelle. En 2011, heurtés par le conservatisme de Stephen Harper et le souvenir du scandale des commandites des libéraux, ils ont sauté dans le train du NPD.

De là s’explique le corollaire : aussitôt que le mouvement souverainiste s’essouffle, les Québécois sont à nouveau disponibles. En 1984, ils le furent pour l’équipe de Brian Mulroney qui promettait une réconciliation constitutionnelle. En 2011, heurtés par le conservatisme de Stephen Harper et le souvenir du scandale des commandites des libéraux, ils ont sauté dans le train du NPD. Le potentiel d’enracinement du NPD au Québec semble donc avoir pour condition la continuation de l’éclipse souverainiste.

Le vote du 2 mai cache-t-il un vote nationaliste ou nationalitaire ? Toutes les grandes séductions qui ont historiquement balayé l’électorat québécois avaient chaque fois fait fortement vibrer la corde nationalitaire. Pierre Trudeau incarnait le « French power » à Ottawa. Brian Mulroney avait tablé sur l’honneur, l’enthousiasme et la promesse solennelle de réparer le « gâchis » constitutionnel pour séduire les Québécois. Même Stephen Harper, en 2006, avait joué la carte du « fédéralisme d’ouverture » pour son « French kiss », selon l’expression de Chantal Hébert.

Cette fois, rien de semblable. Le NPD et Jack Layton n’ont rien promis : ils n’ont pas eu à utiliser cet ingrédient. Le NPD a même appuyé le projet du Bas-Churchill, une entente décriée d’une seule voix par l’Assemblée nationale. L’électorat québécois a été séduit sans que le séducteur n’ait à se draper de bleu.

Quasi inconnue du grand public, la déclaration de Sherbrooke, adoptée en 2005 par les instances du NPD, montre une certaine ouverture, mais guère plus. Et quand Gilles Duceppe a talonné Jack Layton sur ce qu’il entendait par « conditions gagnantes », le chef néodémocrate est resté évasif, répétant qu’il n’y avait pas d’urgence. Même attitude quant à l’application de la loi 101.

En n’associant au vote néodémocrate aucun engagement décentralisateur, aucune compensation, aucune réparation constitutionnelle, les Québécois ont également témoigné que la thématique Québec-Canada passait au second plan. La part nationaliste dans le vote du 2 mai semble donc marginale.

Les Québécois ont-ils par ailleurs viré à gauche le 2 mai 2011 ? À première vue, l’affirmative s’impose, puisque le NPD est de gauche, et reconnu comme tel. Un examen des votes à la Chambre des communes indique cependant que les choix parlementaires du Bloc québécois et du NPD se rejoignaient. Sauf exceptions, les deux partis appuyaient ou rejetaient les mêmes projets de loi. Les Québécois n’auraient donc pas pris un virage à gauche dans la mesure où ils ont transféré leurs appuis à un parti souverainiste de centre gauche à un parti fédéraliste de centre gauche. L’autre élément qu’il faut prendre en compte, c’est l’irruption au même moment, sur la scène provinciale, d’une formation hypothétique de centre ou de centre droit dirigée par François Legault. Si les Québécois avaient amorcé un virage à gauche, c’est Québec solidaire qui aurait vu ses appuis grimper en flèche au cours des derniers sondages. Or ce n’est pas le cas. À gauche, l’aiguille des sondages n’a pas oscillé !

Une analyse du vote pour le NPD lors du scrutin du 2 mai 2011 permet d’aller plus loin encore. Au Canada anglais, le profil sociodémographique des circonscriptions détermine dans une bonne part le niveau d’appui au NPD. Analysées selon une approche multivariée, cinq variables ressortent du lot. Plus une circonscription combine une population ayant des faibles revenus ou des revenus moyens et comptant un fort pourcentage de célibataires ainsi qu’une faible proportion d’immigrants, plus l’appui au NPD est élevé. S’ajoute la religion : plus une circonscription présente un faible pourcentage de protestants, plus ses électeurs seraient enclins à appuyer le NPD. À eux seuls, ces cinq déterminants sociodémographiques permettent d’expliquer 28 p. 100 du vote. Le résultat n’est pas étonnant : par son approche plus sociale-démocrate (logements sociaux, politiques favorables aux aînés, etc.), visant continuellement les citoyens « ordinaires », le NPD recueille des appuis dans les classes moins bien nanties. L’analyse montre que le vote protestant est souvent accaparé par les conservateurs, tandis que les circonscriptions qui présentent une forte population d’immigrants sont plus souvent gagnées par les libéraux.

Au Québec, il en va tout autrement. En fait, les cinq variables citées n’expliquent pratiquement rien, à peine 5 p. 100 du résultat. Le vote pour le NPD ne relève pas de déterminants sociodémographiques, comme si la connexion ne s’était pas faite entre les caractéristiques objectives des segments de l’électorat susceptible d’appuyer le NPD et la rhétorique néodémocrate. C’est l’effet des revenus qui est le plus étonnant : au Canada anglais, tel qu’attendu, quand une forte proportion des habitants d’une circonscription se trouve dans la catégorie de faible revenu selon Statistique Canada, l’appui au NPD est nettement plus élevé. Au Québec, c’est l’inverse : dans les circonscriptions les plus pauvres, le niveau d’appui au NPD reste inférieur à la moyenne québécoise !

Bien que le vote au Canada ne soit généralement pas un vote de classes comme ce fut souvent le cas au Royaume-Uni et en France, l’appui au NPD au Canada anglais est néanmoins marqué par des déterminants qui collent à son programme et sa plateforme. Les appuis du mouvement syndical, l’historique des positions néodémocrates ou encore des mesures très spécifiques mises en place par les néodémocrates provinciaux ont forgé, au fil du temps, ces repères pour les électeurs. Au Québec, ce processus n’a pas eu lieu. La soudaineté du virage permet de comprendre pourquoi le vote pour le NPD n’a pas encore trouvé ses repères. Cela confirme d’une autre manière que les Québécois ont plutôt délaissé le Bloc québécois qu’appuyé directement les mesures néodémocrates.

En somme, l’appui donné au NPD le 2 mai 2011 relève plus du dépit ou de la fatigue à l’endroit de la souveraineté que du soutien à des politiques précises. Le NPD se retrouve avec plus de la moitié de sa députation au Québec, mais celle-ci est sans passé, sans ses habituelles racines sociodémographiques et sans ses relais provinciaux. Comment construire les fondations tout en occupant généreusement les étages supérieurs de l’édifice ? Tel semble être le défi du NPD au Québec.

Un examen de l’adhésion des Québécois au NPD vient boucler la boucle. Selon les chiffres rendus disponibles au début de septembre 2011, le Québec compterait 1 695 membres sur un total canadien de quelque 86 000 membres. L’asymétrie est frappante : le Québec fournit 57 p. 100 des députés du NPD, mais il regroupe moins de 2 p. 100 des membres !

Qu’en est-il de l’avenir du NPD au Québec ? Quels seront les effets de la course à la direction sur l’électorat québécois ? Habituellement, le remplacement d’un chef par un autre se fait après une débâcle électorale, à tout le moins un déclin. Ce n’est évidemment pas le cas.

D’une manière générale, une course à la direction présente de multiples avantages. Inévitablement, le parti jouit d’une couverture médiatique bien supérieure à celle qu’il obtient généralement. Si la course est une compétition entre plusieurs candidats et candidates, c’est aussi une occasion d’élargir le spectre de la rhétorique habituelle et du même coup de tester de nouvelles idées. Le parti peut aussi se faire connaître comme équipe, bien au-delà du chef qui occupe souvent toute l’avant-scène. Enfin, une course est une occasion d’augmenter les effectifs, de provoquer un effet de ralliement. Plusieurs enquêtes démontrent que souvent les électeurs sont devenus membres, ou que des membres ont accru leur militance, dans un contexte de course à la direction.

Une course peut aussi avoir des effets contre-productifs. Le niveau de compétition entre les candidats peut accroiÌ‚tre les tensions internes et les rivalités déjà existantes entre les factions. Publiquement, l’image du parti peut en pâtir. Une course est également coûteuse pour les candidats ; elle provoque évidemment un déplacement des ressources humaines et financières. Certaines courses ont ainsi été des gouffres financiers pour des candidats défaits. On préfère alors un couronnement à une course.

Dans le cas qui nous préoccupe, les effets de la course sont incertains : l’asymétrie entre le Québec et le reste du Canada peut provoquer des tensions entre les plus jeunes et les plus expérimentés, entre les Québécois et les autres, entre les pragmatiques et les plus orthodoxes. On comprendra que la députation québécoise souhaite un chef québécois et pose comme condition incontournable le bilinguisme. Le 2 mai peut aussi laisser croire que le pari québécois en vaut la peine. Un chef québécois viendrait consolider les nouveaux gains et préparer la route pour une victoire décisive dans quatre ans.

À l’inverse, d’autres peuvent croire que le Québec exerce par sa députation une pression indue, qui n’a pas d’équivalent dans la base militante et dans les traditions du parti. Ils peuvent aussi craindre le scénario du feu de paille ; le 2 mai n’aurait été qu’une exception,  une anomalie dans l’histoire du NPD. La base militante pourrait ainsi craindre qu’on vende d’une manière quasi faustienne la chefferie pour un mirage. La volatilité des Québécois pourrait tourner à l’avantage d’autres partis.

Enfin, l’échéancier est important. Une longue course est évidemment plus coûteuse, mais peut être propice à la construction de la militance néodémocrate au Québec. Si cela devait être le cas, l’asymétrie entre le Québec et le reste du pays pourrait s’en trouver réduite. Il serait possible alors que l’enracinement s’amorce et que les Québécois témoignent d’une certaine fidélité. Inversement, une longue course risquerait de mettre à jour les tensions et les rivalités, ce que craignait probablement Jack Layton en souhaitant rapidement un échéancier.

Il y a suffisamment d’arguments d’un côté ou de l’autre pour conclure que le NPD est devant un choix cornélien qui pourrait avoir des conséquences cruciales pour son avenir. Un fait demeure : dans le contexte décrit, et sur la base des opportunités de cet environnement, Jack Layton, de par sa prestance et sa personnalité, a contribué au résultat du 2 mai. Un nouveau chef, dans lequel les Québécois pourraient se reconnaître d’une manière ou d’une autre, serait une carte gagnante pour l’enracinement du NPD.

Quelle que soit la personne choisie au terme du processus, la comparaison avec le disparu risque cependant d’être lourde à porter, voire impossible à soutenir. Les attentes devront nécessairement être réduites pour éviter une déception massive. À moyen terme, le succès renvoie probablement à l’émergence d’un chef qui n’hésitera pas à donner un caractère collégial à sa direction. Doté de plusieurs porte-étendards, le parti pourra mieux profiter du legs laissé par Jack Layton à ses partisans.

Photo: meunierd / Shutterstock

Jean-Herman Guay
Jean-Herman Guay est professeur titulaire à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke. Commentateur reconnu de l’actualité politique, il est également auteur de livres grand public et de manuels de formation.

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