Le pays est engagé sur la bonne voie, estiment près de deux Canadiens sur trois (64,3p.100), soit bien davantage que la moitié de nos compatriotes (53,6 p. 100) qui pensaient la même chose il y a un an, après que l’effondrement des marchés boursiers eut enlisé le pays dans la pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale.

Telle est la principale conclusion du troisième sondage annuel Nanos-Options politiques sur l’humeur du Canada.

Après avoir dégringolé de 12 points l’an dernier, cette perception d’un pays engagé dans « la bonne direction » remonte presque au niveau des 65,8 p. 100 de 2007, année de notre premier sondage pour connaître l’état d’esprit des Canadiens (question 1). À pareille date l’an dernier, la crise financière mondiale était une source de grande anxiété pour les Canadiens. Tout les inquiétait : leurs investissements, leurs économies, leur gagne-pain et leur avenir.

Depuis maintenant trois ans, Nanos Research interroge nos compatriotes sur leur humeur en leur posant au début novembre exactement les mêmes questions. Cette année, ce sondage téléphonique a été réalisé du 7 au 10 novembre auprès de 1005 Canadiens sélectionnés au hasard. Un échantillonnage d’une précision de plus ou moins 3,1 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

L’indicateur de « bonne direction » qu’emprunterait le pays a donc pratiquement retrouvé son niveau de 2007. À 33,2 p. 100, l’indicateur de « mauvaise direction » a cependant peu baissé par rapport à 2008, où il était de 32,1 p. 100, et reste beaucoup plus élevé qu’en 2007 (20,2 p. 100). L’explication de cet écart réside dans la proportion des indécis, qui a chuté à 2,5 p. 100 par rapport aux 14,2 p. 100 de l’an dernier et aux 14 p. 100 de 2007.

Autrement dit, presque tous les Canadiens ont un avis clair sur la direction — bonne ou mauvaise — qu’emprunte leur pays, la proportion des indécis étant pour ainsi dire inexistante compte tenu de la marge d’erreur.

En ce qui concerne la répartition régionale, c’est dans les Prairies que l’indicateur de « bonne direction » est le plus élevé, à 77,5 p. 100, et au Québec qu’il est le plus faible, à 48,8 p. 100. Inversement, l’indicateur de « mauvaise direction » culmine au Québec à 41,1 p. 100 et atteint son plus bas niveau dans les Prairies à 22,5 p. 100. Par rapport aux Canadiens des Prairies, deux fois plus de Québécois estiment donc que le pays est engagé sur la mauvaise voie.

Dans une certaine mesure, cette perception négative observée au Québec pourrait traduire le sentiment défavorable de l’électorat souverainiste. Cette interprétation semble confirmée par les réponses à la question suivante : « Sur une échelle de 1 à 5 selon laquelle 1 n’indique aucune amélioration et 5 indique une réelle amélioration, comment classeriez-vous les relations entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux au cours de la dernière année? » (question 2).

De nouveau, c’est au Québec que le taux d’approbation est le plus faible, 39,6 p. 100 des Québécois ayant répondu 1 (15,3 p. 100) ou 2 (24,3 p. 100) sur l’échelle de cinq points. Seulement 3 p. 100 ont noté une amélioration des relations fédérales-provinciales et 7,4 p. 100 une amélioration relative.

Un seul Québécois sur dix estime donc que les relations entre les deux ordres de gouvernement ont connu en 12 mois une certaine amélioration, même si ces gouvernements ont en fait étroitement collaboré cette année à l’adoption de programmes d’infrastructure et de relance économique ainsi qu’à la gestion de la demande et de l’approvisionnement en vaccins contre la grippe A(H1N1), une question d’une actualité pourtant brûlante au moment du sondage.

Mais le Québec est loin d’être la seule région du pays affichant un faible taux de réponses favorables à cette question.

Ainsi, en Colombie-Britannique, les réponses « aucune amélioration » ont été proportionnellement les plus nombreuses, à 18,1 p. 100, avec 17,5 p. 100 au deuxième rang de l’échelle et 33,2 p. 100 au milieu. De sorte que 68,8 p. 100 des résidants de cette province jugent que les relations intergouvernementales n’ont pas connu d’amélioration ou se montrent indifférents à la question.

Pour leur part, 13,2 p. 100 des Ontariens estiment qu’elles ne se sont aucunement améliorées, 18,4 p. 100 d’entre eux les classant au deuxième rang de l’échelle et 43,8 p. 100 au milieu, ce qui exprime une relative indifférence.

Ce n’est que dans les provinces de l’Atlantique et des Prairies que le classement « aucune amélioration » est sensiblement inférieur, ce qui témoigne sans doute du rôle traditionnel des programmes gouvernementaux dans la région de l’Atlantique et de la prospérité soutenue des provinces des Prairies.

Quand on leur a demandé de classer « la réputation du Canada dans le monde au cours de la dernière année» (question 3), les Canadiens ont répondu de façon plus ou moins semblable qu’il y a 12 mois, mais pas aussi favorablement qu’en 2007.

Globalement, 8,5 p. 100 d’entre eux estiment que notre réputation internationale s’est améliorée, et 31,2 p. 100 qu’elle s’est plus ou moins améliorée, 31,5p.100 la classant au milieu de l’échelle de cinq points.

Seuls 9,6 p. 100 des Canadiens sont d’avis que notre réputation ne s’est aucunement améliorée, et 13p.100 d’entre eux l’ont classée à l’avant-dernier rang de l’échelle.

Et c’est encore au Québec que le pointage « aucune amélioration » est le plus élevé, ce qui témoigne à nouveau du sentiment sous-jacent de l’électorat souverainiste. C’est ainsi que 16 p. 100 des Québécois jugent que notre réputation ne s’est aucunement améliorée et que 15,5p.100 l’ont classée à l’avant-dernier rang. Comparativement, seuls 7,8p.100 et 12,4 p.100 des Ontariens ont respectivement choisi ces deux derniers rangs de l’échelle.

Enfin, on a demandé aux Canadiens d’évaluer la performance du gouvernement de Stephen Harper sur une échelle de cinq points, de « très bonne » à « très faible » (question 4).

Il s’agissait ici d’évaluer la gestion élémentaire du premier ministre. Or son classement est resté stable depuis deux ans. Seulement 6,8 p. 100 des Canadiens ont noté « très bonne » la performance de son gouvernement, 26,3 p. 100 l’ayant notée « bonne » et 35,8 p. 100 « moyenne ». Bref, deux Canadiens sur trois (68,9 p. 100) accordent la note de passage au gouvernement Harper. Un résultat presque identique à celui de l’an dernier.

Vu le nombre de Canadiens pour qui le pays est engagé sur la bonne voie et la cote de confiance du gouvernement fédéral, on peut conclure que l’humeur des Canadiens est généralement stable en cette fin d’année 2009, tant en ce qui concerne le premier ministre Stephen Harper que son gouvernement.

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Nik Nanos
Chercheur et conseiller stratégique, Nik Nanos est régulièrement appelé à conseiller des dirigeants sur un large éventail de sujets, notamment les fusions d'entreprises, les campagnes de sensibilisation du public, la gestion de la réputation et les questions réglementaires. Il dirige l'équipe de Nanos, qui conduit des recherches au Canada et aux États-Unis, est fellow au Woodrow Wilson International Center for Scholars de Washington, D.C., et chercheur et professeur agrégé à  la State University of New York de Buffalo. Il est aussi analyste principal pour l'indice Bloomberg-Nanos de la confiance des consommateurs canadiens, dont les résultats sont transmis hebdomadairement aux clients de Bloomberg. Chaque semaine, il présente The Nanos Number à  l'émission Power & Politics de la CBC, qui suit l'évoution politique, économique et sociale. Il siège au comité de rédaction du Journal of Professional Communication de l'Université McMaster.

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