Le dernier sondage Nanos-Options politiques révèle que les Canadiens sont globalement insatisfaits de l’efficacité de la Chambre des communes. Pourtant, certains clamaient il y a cinq ans que les gouvernements minoritaires étaient l’occasion d’atténuer les divisions entre partis, à l’exemple de ceux de l’ère Pearson. Mais avec ce troisième gouvernement minoritaire consécutif et aucune majorité en vue, l’intérêt pour une Chambre minoritaire semble en voie de faiblir.

Le sondage indique que les Canadiens aimeraient que des changements soient apportés au fonctionnement de la Chambre des communes. Selon une écrasante majorité d’entre eux, la Chambre serait plus efficace si elle accordait plus de votes libres aux députés et si les députés se montraient plus courtois pendant la période de questions.

Telles sont les principales conclusions du sondage de Nanos Research, réalisé en appui au thème central du numéro de septembre d’Options politiques consacré à l’efficacité du Parlement, et publié en exclusivité sur le site Web de l’IRPP.

Quand on interroge les Canadiens sur leur satisfaction à l’égard de l’efficacité de la Chambre des communes, seulement 10,1 p. 100 disent en être satisfaits, et 23,8 p. 100 sont insatisfaits. Les autres étaient plutôt satisfaits, plutôt insatisfaits ou incertains de l’efficacité de la Chambre. Les répondants âgés de plus de 50 ans et ceux habitant la Colombie-Britannique, le Québec et l’Alberta étaient plus susceptibles d’être insatisfaits (question 1).

Pour aider à remédier à la situation, deux Canadiens sur trois aimeraient que les votes libres soient plus nombreux ; seulement deux sur 10 jugeant que cette mesure aurait un impact neutre ou négatif (question 2). De même, près de deux Canadiens sur trois (64,6 p. 100) estiment qu’une conduite plus civilisée des députés pendant la période de questions aurait un impact positif sur le Parlement (question 3) ; moins d’un répondant sur 20 (4,7 p. 100) jugeant que cela aurait un impact négatif. Par ailleurs, 20 p. 100 croient que cela n’aurait aucun impact, et 10,6 p. 100 se disent incertains.

Il ne fait donc aucun doute que les Canadiens ont une impression négative des écarts de conduite à la Chambre des communes, ce qui nuit à la perception qu’ils ont de l’efficacité de la Chambre.

Toutefois, quand on leur demande quel est le chef de parti le plus efficace au Parlement, c’est sans équivoque que les Canadiens désignent Stephen Harper (question 4).

C’est ainsi que 27,9 p. 100 citent le premier ministre, alors que le chef de l’opposition Michael Ignatieff ne recueille que 10,7 p. 100 d’opinions favorables, derrière le chef du NDP Jack Layton qui en reçoit 12,5 p. 100. Un tiers des répondants se disaient incertains quant à savoir lequel des leaders était le plus efficace.

Le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe se hisse au deuxième rang à 13,2 p. 100, aidé par l’opinion favorable de 37,4 p. 100 des répondants du Québec, province où seulement 20,1 p. 100 des répondants jugent que Stephen Harper est le chef de parti le plus efficace, suivi de Jack Layton (12,5 p. 100) et de Michael Ignatieff (10,7 p. 100).

Même chez les électeurs prévoyant de voter pour le Parti libéral, Michael Ignatieff est préféré à Stephen Harper par un seul point à l’échelle nationale. À l’opposé, 57,1 p. 100 des électeurs conservateurs estiment que Stephen Harper est le chef de parti le plus efficace, et seulement 7,7 p. 100 d’entre eux choisissent Michael Ignatieff.

Quand on les interroge sur les moyens qu’ils privilégient pour se tenir informés des débats en Chambre, une nette majorité (50,6 p. 100) cite en effet la télévision, contre 21,9 p. 100 qui préfèrent les journaux et 9,7 p. 100 la radio. De son côté, Internet est la première source d’information de 15,5 p. 100 des Canadiens (question 6).

Mais quand on leur demande s’ils suivent les débats, seulement 9 p. 100 d’entre eux affirment suivre les débats avec beaucoup d’attention, contre 49,7 p. 100 qui affirment n’y accorder aucune attention (question 5).

Bien qu’en 2004, l’élection d’un gouvernement minoritaire et les appels de la classe politique visant à civiliser le discours politique aient semblé marquer une rupture avec le passé, l’efficacité de la Chambre des communes suscite aujourd’hui indifférence, lassitude et scepticisme chez les Canadiens. Malgré tout, vu sous un angle plus positif, ils restent intéressés et souhaitent que le ton des débats change et que l’on donne plus de souplesse aux députés par l’entremise de votes libres.

Quoi qu’il en soit, ce sondage devrait donner à réfléchir à nos parlementaires et dirigeants politiques.

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Nik Nanos
Chercheur et conseiller stratégique, Nik Nanos est régulièrement appelé à conseiller des dirigeants sur un large éventail de sujets, notamment les fusions d'entreprises, les campagnes de sensibilisation du public, la gestion de la réputation et les questions réglementaires. Il dirige l'équipe de Nanos, qui conduit des recherches au Canada et aux États-Unis, est fellow au Woodrow Wilson International Center for Scholars de Washington, D.C., et chercheur et professeur agrégé à  la State University of New York de Buffalo. Il est aussi analyste principal pour l'indice Bloomberg-Nanos de la confiance des consommateurs canadiens, dont les résultats sont transmis hebdomadairement aux clients de Bloomberg. Chaque semaine, il présente The Nanos Number à  l'émission Power & Politics de la CBC, qui suit l'évoution politique, économique et sociale. Il siège au comité de rédaction du Journal of Professional Communication de l'Université McMaster.

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