Neuf Canadiens sur dix maintiennent leur appui à l’universalité des soins de santé et 71 p. 100 d’entre eux estiment que Barack Obama est engagé sur la bonne voie pour réformer le système de santé américain. Telles sont les principales conclusions du dernier sondage Nanos Research réalisé en exclusivité pour Options politiques. Ce sondage téléphonique mené auprès de 1 005 Canadiens comporte une marge d’erreur de 3,1 p. 100, 19 fois sur 20.

Mais aucune marge d’erreur ne pourrait amoindrir l’ampleur de pareils résultats. Il n’y a guère d’autre pilier des politiques publiques canadiennes qui reçoive un appui aussi massif que le principe d’universalité des soins de santé, adopté dès les années 1960 par le gouvernement Pearson.

Un principe simple et compris de presque tous les Canadiens, selon lequel les soins de santé sont universels et fournis par un seul assureur : l’État.

C’est ainsi que 89,9 p. 100 des Canadiens se disent entièrement favorables ou plutôt favorables à l’universalité des soins de santé et parmi eux, 79,9 p. 100 (ou quatre Canadiens sur cinq) donnent à ce principe un appui absolu, les 10 p. 100 restants nuançant leur soutien.

Et l’on n’observe aucune variation régionale significative sur la question. C’est en Ontario que l’appui absolu à l’universalité est le plus élevé (83 p. 100) et dans les Prairies qu’il est le plus faible (76,8 p. 100), même si c’est dans la Saskatchewan de Tommy Douglas que l’idée d’un système de santé public a pris naissance.

Une répartition par tranches d’âge montre que l’appui absolu est le plus fort chez le groupe le plus jeune des 18 à 29 ans (82,3 p. 100), suivi de près du groupe le plus âgé des 60 ans et plus (81,4 p. 100). C’est donc dire que le premier groupe, qui est le moins susceptible d’avoir besoin du système de santé public ou même de songer à y recourir, lui apporte un appui tout aussi important que ses aînés, nettement plus susceptibles d’en avoir besoin.

En ce qui concerne nos voisins du Sud, engagés dans un vif débat sur la réforme de leur système de santé, 71,3 p. 100 des Canadiens estiment que Barack Obama « est sur la bonne voie en ce qui concerne les changements qu’il veut apporter au système de soins de santé des États-Unis ».

Seulement 7,3 p. 100 des Canadiens le croient sur la mauvaise voie, tandis que 21,4 p. 100 se disent incertains.

Sur cette question, on observe d’intéressantes variations régionales. Au Québec, pas moins de 82,4 p. 100 des répondants estiment que le président Obama est sur la bonne voie, ce qui pourrait indiquer qu’ils soutiennent l’homme autant que ses propositions. Ailleurs au pays, cet appui est de 65 p. 100 dans les provinces atlantiques, de 73,8 p. 100 en Ontario, de 59,6 p. 100 dans les Prairies et de 67,6 p. 100 en Colombie-Britannique. L’universalité du système de santé a obtenu un appui massif qui a supplanté tous les autres aspects positifs qui figuraient à cette question : « Quelle est la principale force du système de soins de santé canadien? »

En tout, 61,4 p.100 des répondants ont choisi le fait qu’il soit accessible à tous. Aucun autre élément n’a obtenu un appui à deux chiffres.

Ainsi, seulement 4 p. 100 des Canadiens considèrent que les médecins, le personnel infirmier et autre personnel sont la principale force de leur système de soins. Seulement 1,6 p. 100 ont cité la qualité des services, et 1,5 p. 100 le financement du système par l’État et les investissements publics dont il fait l’objet.

Mais la faiblesse de ces chiffres pourrait dénoter un taux d’approbation inversé plutôt préoccupant. Par exemple, seul 1,2 p. 100 des répondants a mentionné la recherche, les ressources médicales et la sensibilisation médicale, et à peine 0,7 p. 100 les services d’urgence et d’ambulance. Cela n’est guère rassurant pour ce qui est de la composante recherche du système de soins ou de la qualité des services dans des salles d’urgence souvent chaotiques.

Et quand nous leur avons demandé quelle était la principale faiblesse de notre système, les Canadiens ont aussi répondu sans équivoque.

Ainsi, un répondant sur trois (32,7 p. 100) a cité les temps d’attente en vue d’un traitement. Par une marge de 2,5 contre 1, ce problème semble le plus urgent par rapport au suivant, à savoir la pénurie de médecins, de personnel infirmier et autre personnel de soins de santé, nommé par 13,8 p. 100 des répondants. Le manque de ressources ou de financement public arrive au troisième rang (9,7 p. 100) et la gestion des hôpitaux, l’organisation et la qualité des services au quatrième (9,6 p. 100).

Or tous ces facteurs secondaires sont évidemment des catalyseurs du problème plus important des temps d’attente.

En résumé, les Canadiens adorent leur système universel tout en estimant qu’on doit améliorer la prestation des soins de santé. Et ils croient clairement que Barack Obama est sur la bonne voie aux États-Unis.

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Nik Nanos
Chercheur et conseiller stratégique, Nik Nanos est régulièrement appelé à conseiller des dirigeants sur un large éventail de sujets, notamment les fusions d'entreprises, les campagnes de sensibilisation du public, la gestion de la réputation et les questions réglementaires. Il dirige l'équipe de Nanos, qui conduit des recherches au Canada et aux États-Unis, est fellow au Woodrow Wilson International Center for Scholars de Washington, D.C., et chercheur et professeur agrégé à  la State University of New York de Buffalo. Il est aussi analyste principal pour l'indice Bloomberg-Nanos de la confiance des consommateurs canadiens, dont les résultats sont transmis hebdomadairement aux clients de Bloomberg. Chaque semaine, il présente The Nanos Number à  l'émission Power & Politics de la CBC, qui suit l'évoution politique, économique et sociale. Il siège au comité de rédaction du Journal of Professional Communication de l'Université McMaster.

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