Le réchauffement climatique devrait figurer en tête de l’ordre du jour des chefs d’État des sommets du G8 et du G20, estiment les Canadiens, et la reprise économique au deuxième rang seulement. Les autres enjeux, notamment l’initiative sur la santé des mères et des jeunes enfants que le gouvernement Harper mettra de l’avant au G8, se classent tous loin derrière. Or le réchauffement climatique ne figure à l’ordre du jour d’aucun des deux sommets.

Telle est la principale conclusion du dernier sondage Nanos Research, réalisé en exclusivité pour Options politiques du 30 avril au 3 mai auprès d’un échantillon aléatoire de 1 003 Canadiens.

Une conclusion pour le moins surprenante étant donné que les médias parlent nettement moins des changements climatiques depuis l’échec du sommet de Copenhague de décembre dernier, que cet échec a fait l’objet d’analyses particulièrement négatives et que de nombreux reportages font état d’un scepticisme grandissant face aux dangers du réchauffement planétaire. Sans compter que le Canada et le monde se remettent à peine du pire ralentissement économique des dernières décennies et que les répercussions de la crise financière restent très fortes, comme en témoigne notamment la crise de la dette publique en Grèce et ailleurs en Europe.

Et pourtant, le réchauffement planétaire éclipse tous les autres enjeux, y compris la reprise économique.

Nous avons demandé aux Canadiens quelles devraient être les priorités des sommets parmi les six enjeux suivants : ouverture des marchés et libre-échange ; réchauffement climatique ; liberté, démocratie et droits de la personne ; sécurité nucléaire ; santé des mères et des jeunes enfants dans les pays en développement ; reprise économique.

Au tout premier rang de ces enjeux, pas moins de 33,7 p. 100 des répondants ont opté pour le réchauffement climatique, alors que 27,2 p. 100 d’entre eux ont choisi la reprise économique, 14,3 p. 100 la liberté et la démocratie, 10,9 p. 100 l’amélioration de la santé des mères et des enfants dans les pays en développement, 6,1 p. 100 l’ouverture des marchés et le libre-échange, et 4,6 p. 100 la sécurité nucléaire.

Au deuxième rang, le réchauffement climatique arrive aussi en tête pour 21,6 p. 100 des répondants, 20,2 p. 100 d’entre eux choisissant la liberté et la démocratie, 17,4 p. 100 la reprise économique, 17,1 p. 100 la santé des mères et des enfants, 9,8 p. 100 l’ouverture des marchés et le libre-échange, et 8,6 p. 100 la sécurité nucléaire.

L’importance accordée au réchauffement climatique est fortement soutenue par les résultats du Québec, où 46,2 p. 100 des répondants l’ont classé au premier rang, contre seulement 18,6 p. 100 qui ont choisi la reprise économique.

Quand on leur a demandé de classer le rôle du Canada dans le monde par rapport aux mêmes enjeux (sur une échelle de 1 à 5, selon laquelle 1 correspond à un rôle très faible et 5 à un rôle très important), les répondants ont jugé ce rôle particulièrement important dans le domaine de l’ouverture des marchés et du libre-échange. Près de quatre Canadiens sur cinq estiment en effet que leur pays joue dans ce domaine un rôle moyen à considérable, et 40,8 p. 100, un rôle important ou très important. Mais dans le domaine du réchauffement climatique, seuls six Canadiens sur dix jugent que leur pays a un rôle moyen à considérable, et seulement 25,8 p. 100, un rôle important ou très important.

En matière de démocratie et de droits de la personne, les Canadiens ont aussi une perception favorable, plus de 80 p. 100 jugeant que le Canada possède dans ce domaine une réputation moyenne à bonne, et 63,5 p. 100 une image forte ou très forte. En ce qui concerne la sécurité nucléaire, six Canadiens sur dix ont une perception moyenne à bonne du rôle de leur pays, mais seulement 30,2 p. 100 jugent que le Canada possède un rôle important ou très important.

Quant à l’initiative du premier ministre Stephen Harper sur la santé des femmes et des jeunes enfants dans les pays en développement, elle est jugée d’intérêt moyen à considérable par deux Canadiens sur trois, mais seulement 29,6 p. 100 estiment que le rôle du Canada est important ou très important.

Pour ce qui est enfin de la reprise économique, domaine où le Canada a fait meilleure figure que tous les autres pays du G8, quatre Canadiens sur cinq croient que leur pays a joué un rôle moyen à considérable dans le monde, et une solide majorité d’entre eux, soit 53,2 p. 100, jugent que ce rôle a été important ou très important. Et bien que la reprise suscite une confiance modérée, les Canadiens estiment généralement que leur pays s’est mieux tiré de la crise que les États-Unis et ses autres partenaires du G8. Mais en dépit des turbulences économiques qui subsistent, il est clair que les Canadiens considèrent le rassemblement des dirigeants mondiaux comme une occasion de poursuivre les pourparlers sur le réchauffement climatique.

Photo: Shutterstock

Nik Nanos
Chercheur et conseiller stratégique, Nik Nanos est régulièrement appelé à conseiller des dirigeants sur un large éventail de sujets, notamment les fusions d'entreprises, les campagnes de sensibilisation du public, la gestion de la réputation et les questions réglementaires. Il dirige l'équipe de Nanos, qui conduit des recherches au Canada et aux États-Unis, est fellow au Woodrow Wilson International Center for Scholars de Washington, D.C., et chercheur et professeur agrégé à  la State University of New York de Buffalo. Il est aussi analyste principal pour l'indice Bloomberg-Nanos de la confiance des consommateurs canadiens, dont les résultats sont transmis hebdomadairement aux clients de Bloomberg. Chaque semaine, il présente The Nanos Number à  l'émission Power & Politics de la CBC, qui suit l'évoution politique, économique et sociale. Il siège au comité de rédaction du Journal of Professional Communication de l'Université McMaster.

Vous pouvez reproduire cet article d’Options politiques en ligne ou dans un périodique imprimé, sous licence Creative Commons Attribution.

Creative Commons License